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1 juillet 2025

Radu Portocala

-1/7/2025- Les étés que j’ai connus en Roumanie étaient chauds, très chauds. Tous. Et les jours chauds comme celui d’aujourd’hui se succédaient sans provoquer des crises d’hystérie. Les vieux disaient même que « les étés ne sont plus ce qu’ils étaient autrefois ».
Les chaussures s’enfonçaient dans l’asphalte ramolli (il y a cette image dans Les aventures de Tintin - l’Étoile mystérieuse), mais personne ne parlait de la fin du monde.
Les garçons allaient à l’école vêtus de l’uniforme obligatoire : chemise boutonnée jusqu’au cou, cravate, veste et pantalon en tissu assez épais. Et quand nous demandions aux professeurs la permission de tomber les vestes, ils répondaient qu’eux-mêmes ne le faisaient pas et rejetaient nos demandes. Macron déambulant en bras de chemise, manches retroussées, n’avait pas encore été inventé.
Il y avait des semaines entières où les jours comme celui d’aujourd’hui se succédaient - et nous ne voulions pas vraiment que cela s’arrête. C’était l’été, rien d’autre.
Puis un jour je suis parti en Grèce. Et c’est là que j’ai compris les vrais sens des mots « été chaud ». Et là non plus personne ne parlait encore d’apocalypse climatique. C’était l’été, et c’était comme ça.
Alexis Haupt
Philosophie

Proportionnelle ou scrutin majoritaire par circonscription ?

Jean Mizrahi
30/6/2025

Un vrai et un faux problème.
La volonté de François Bayrou d’imposer la proportionnelle, en s’appuyant sur des groupes qui ne le soutiennent même pas à l’Assemblée, n’a rien d’étonnant. Il est coincé avec le Modem : une formation trop petite pour peser seule, et trop dépendante d’alliances avec plus gros qu’elle pour glâner quelques sièges. Bayrou, c’est le vieux routier de la politique politicienne : son seul vrai objectif, c’est de durer. Il a été premier ministre – c’est déjà, pour lui, une sorte de bâton de maréchal. Mais il veut quand même durer.
Au fond, est-ce que le mode de scrutin est vraiment le sujet prioritaire aujourd’hui ?

Le scrutin majoritaire : le levier de la 5e République

C’est le système actuel. Il a permis de forger des majorités solides, souvent dociles, donnant au Président les mains libres pour gouverner. Chirac, Sarkozy, Macron… Tous ont pu faire passer ce qu’ils voulaient – ou presque. Hollande, lui, a découvert que même une majorité écrasante ne garantissait pas l'efficacité.
Mais ce pouvoir concentré a souvent servi à faire… n’importe quoi. Chirac supprime le service militaire. Sarkozy creuse la dette de centaines de milliards. Macron continue dans la même logique.
Le problème n’est donc pas la mécanique électorale, mais la concentration excessive des pouvoirs dans un État hypercentralisé. C’est ça, l’échec flagrant de notre 5e République.

La proportionnelle : un espoir théorique, un chaos probable

En théorie, elle oblige les élus à dialoguer, à trouver des compromis. Mais nous sommes en France.
Un pays où chacun veut avoir raison contre l’autre, pas avec lui. Le consensus n’existe que quand les médias le réclament à grand bruit – et encore, surtout sur des sujets sociétaux. Quant au vrai consensus, celui qui demande du courage politique ? Il est sacrifié sur l’autel de la prochaine élection. Pourquoi prendre le risque de ne pas être réélu quand on est nourri par la politique.
La proportionnelle risque donc d’instaurer un bazar institutionnalisé, sans amélioration réelle du débat ni de l’action publique.

Le vrai problème est ailleurs

Dans tous les cas, c’est la France qui perd. Et ce sont toujours les partis politiques qui gagnent : ils accaparent la vie publique comme sous la IVe République. Rien ne changera tant qu’on pourra faire carrière en politique.
Ce débat sur le mode de scrutin est un faux problème. Le vrai diagnostic est ailleurs. Voilà ce que j’en pense :

1. Le peuple est écarté

Comme l’écrivait Rousseau (Jean-Jacques, pas la folle furieuse) : « Le peuple anglais pense être libre ; il se trompe fort : il ne l’est que pendant l’élection des membres du Parlement ; sitôt qu’ils sont élus, il est esclave. » Nous en sommes là. Ce qu’il faut, c’est associer les citoyens aux grandes décisions. Pas seulement pour choisir s’ils veulent ou non des trottinettes à Paris. Le référendum d’initiative populaire, à la suisse, est la seule voie vers une vraie démocratie.

2. La politique est minée par la carrière

Quand la survie politique dépend d’une réélection, les décisions courageuses sont toujours repoussées. L’intérêt général passe après l’intérêt électoral. Contre cela, il n’y a qu’une issue : Mandat unique : une seule fois, pas de reconduction possible. Et limitation de durée : pas plus de 10 ans cumulés de divers mandats électifs dans une vie (hors mandats dans des petites communes).
Et fin du statut refuge : un fonctionnaire qui veut se présenter doit démissionner. Il est trop facile de jouer avec l’argent public quand on reste abrité derrière un statut.
Tant qu’on ne s’attaquera pas à ces racines du marasme politique, rien ne changera. On ne fera que modifier l’emballage des mêmes entourloupes.
Régis de Castelnau
29/6/2025

Rubrique : vilain cafard

La prochaine fois, promis, il ira faire ça à Djeddah, Téhéran et Kaboul.
Grotesque petite larve.
La différence avec son père, c'est que ce dernier fut d'abord ultra stalinien, puis maoïste au pire moment de la révolution culturelle, enfin VRP des guerres américaines massacrantes.
Lui il a été agent américain cupide dès le berceau.
À propos, rendez l'argent piqué aux Géorgiens.

Dessin de Ranson

ACHETER LES MÉDIAS, GAGNER L'ÉLECTION, S'ENRICHIR

Jean-Claude Delhez

-1/7/2025- Une idée qui traîne veut que la presse soit au service du pouvoir politique. Ne serait-ce pas plutôt l'inverse ? À savoir que le pouvoir politique est au service des patrons de presse, c'est-à-dire de la haute bourgeoisie, de la minorité la plus riche de la société.
Posons deux faits avérés. Les inégalités de richesse ne cessent de se creuser depuis plusieurs décennies. Une infime minorité de la population détient une part notable des richesses. Une part qui ne cesse de croître. De l'intérêt de se demander quels sont les mécanismes qui conduisent à ces inégalités. Second fait avéré : un média, ce n'est pas forcément rentable. Les tirages de la presse écrite ne cessent de diminuer. Même un média audiovisuel ne gagne pas forcément de l'argent.
Partant de là, ébauchons la logique suivante. Des milliardaires achètent régulièrement des titres de presse, des télévisions, des sociétés d'édition, et constituent de puissants groupes médiatiques. Ces milliardaires entretiennent des relations de proximité avec la classe politique : avec un parti, avec des candidats, avec des élus... Ils utilisent leurs médias pour favoriser la classe politique qui leur est proche. Certains le font ostensiblement, d'autres de façon plus hypocrite, plus sournoise. Une fois cette classe politique au pouvoir, elle adopte des lois qui favorisent les plus riches. La boucle est bouclée. C'est le retour sur investissement des milliardaires, du 1% le plus riche, qui devient encore plus riche.
Faire élire un candidat demande de construire tout un univers mental à implanter parmi la population. Le recours à l'ennemi qui suscite l'angoisse est fréquent : un coup c'est l'étranger (les Russes, les Chinois...), un coup c'est l'ennemi de l'intérieur (l'extrême-droite, l'extrême-gauche, les immigrés, les chômeurs...). Et, face à cette menace, roulement de tambour : voici le nouveau champion vanté par les médias, tout neuf, tout propre, le politicien qu'il vous faut, celui qui, tel le robot ménager, répondra à tous vos besoins.
Les exemples sont légion. Berlusconi fut l'un des précurseurs, à la fin du siècle dernier. Il a poussé la logique à son terme en devenant lui-même le produit de ses télévisions, le politicien soutenu par ses médias. Avec le temps, on en arrive à ce que les médias fassent élire, par une majorité de citoyens modestes, ou de la classe moyenne, des représentants appartenant à la minorité la plus riche. Un Friedrich Merz, un Donald Trump, un Rishi Sunak sont des millionnaires. L'actuel gouvernement français est lui aussi riche en millionnaires. C'est ce qu'on nommait par le passé la ploutocratie, c'est-à-dire le pouvoir politique aux mains des plus riches. Plus besoin de les convaincre de voter des lois favorisant la haute bourgeoisie puisqu'ils en font eux-même partie.
Il faut bien comprendre que si les inégalités augmentent sans cesse depuis plusieurs décennies, c'est qu'il y a une raison à cela. C'est qu'il existe des mécanismes qui le permettent. Et ces mécanismes passent par la loi (favoriser les gros propriétaires fonciers, les héritiers, les actionnaires, l'évasion fiscale, etc.). De l'intérêt, pour qui veut en tirer profit, de contrôler les politiciens. Et donc, au préalable, de les faire élire grâce à l'action des médias. Pendant ce temps, on détourne l'attention du peuple en créant des ennemis qui lui font peur. Ce qui permet de faire disparaître des esprits les clivages de classes sociales, les rapports de domination économique, les causes socioéconomiques des problèmes qui touchent la société. Ainsi, celui qui est la victime de ces inégalités se retrouve à élire celui qui est à l'origine de son problème.

30 juin 2025

Énergies renouvelables : doit-on vraiment continuer à investir ?
 
[Vidéo] Cliquer sur l'image ↴

Avec Alexandre Jardin, écrivain, chef de file des #gueux et François Goulard, vice-président de l'association Patrimoine Nucléaire & Climat.
Dessin de JacPé

COMMENT LE POUVOIR FAIT ACCEPTER LA GUERRE

Jean-Claude Delhez
29/6/2025

Vous rappelez-vous d'un terme fort à la mode par le passé, disparu aujourd'hui : l'enlisement ? Il fait référence à la guerre du Vietnam et aux USA contraints de se désengager au bout d'une dizaine d'années d'une guerre qu'ils ne gagnaient pas et que la population soutenait de moins en moins. À partir de là, l'enlisement était devenu une hantise. Il ne fallait pas risquer de s'embarquer dans un conflit interminable qui ferait descendre la population dans la rue en vue de manifester à son encontre.
Pourtant, aujourd'hui, l'Occident soutient l'un des plus longs conflits de l'histoire. Cela fait 11 ans qu'on se bat en Ukraine, et ce n'est pas fini. Soutien discret jusqu'en 2022, soutien massif depuis l'invasion russe. Mais personne ne descend dans la rue pour s'en plaindre. Certes, ce sont les Ukrainiens et les Russes qui meurent. Malgré tout, l'Occident y est largement engagé, par les livraisons d'armes, par le financement, par l'entrainement des troupes ukrainiennes, par les nombreux déploiements aux frontières, par les menaces d'escalade avec l'épée de Damoclès nucléaire en arrière-plan, etc.
En y réfléchissant, on se rend compte que la propagande occidentale a trouvé un moyen imparable d'acceptation du conflit : l'ennemi ne veut pas la paix. Je m'explique. Depuis Clausewitz, on sait que la guerre est la poursuite de la politique par d'autres moyens. C'est-à-dire que la guerre vise à atteindre un but politique. Et pour l'atteindre, il faut gagner. C'est l'argument que la propagande occidentale a employé pendant un an ou deux afin de faire accepter par la population l'engagement au sein du conflit. L'idée était la suivante : il faut soutenir Kiev parce que ce soutien va déboucher sur une victoire ukrainienne grâce à une contre-offensive qui va repousser l'armée russe (voire faire tomber le régime, comme on a dit aussi pour l'Iran, il y a peu). Pour qui connaissait le sujet, ça ne tenait pas la route. Mais la propagande s'adresse au quidam, aux millions de personnes qui ne maîtrisent pas les nuances de l'affaire et à qui il est facile de faire avaler des couleuvres. Malgré tout, au bout d'un moment, il était difficile de poursuivre dans la même logique, de faire croire que l'armée ukrainienne allait reconquérir les territoires perdus. Dès lors, le conflit n'a plus de but, la guerre n'a plus de sens. Dans ce cas-là, qu'est-ce qu'on fait ? On arrête les frais, pour éviter que la situation ne se dégrade, que l'Ukraine s'enfonce toujours plus dans les destructions, les morts, la défaite et la faillite ? Non, on continue. Et c'est là qu'intervient le recours au déni de paix. Je m'explique à nouveau. Qui connaît le conflit sait très bien que la Russie a toujours été disposée à négocier, qu'elle n'a cessé de le déclarer et qu'elle a participé à de nombreux pourparlers à ce sujet. Sans remonter aux accords de Minsk, on peut citer les négociations avec Kiev en 2022 en Biélorussie, puis à Istanbul où un accord avait été trouvé pour mettre fin au conflit, accord qui a été saboté par les Occidentaux, dont Boris Johnson (si Zelensky l'avait signé, la guerre serait finie depuis 3 ans et l'Ukraine aurait conservé ses frontières de l'est). Ensuite, Kiev a fermé la porte en prenant un décret qui interdit de signer quoi que ce soit avec la Russie tant que Poutine est au pouvoir. Malgré tout, Lavrov et Poutine ont répété à plusieurs reprises qu'ils restaient prêts à négocier afin de mettre fin au conflit (voir, parmi d'autres, l'interview de janvier 2024 avec Carlson). Et c'est encore la Russie qui est à l'origine des nouveaux pourparlers d'Istanbul, qui viennent de se dérouler. Malgré le rejet définitif du mémorandum russe par Zelensky, Poutine vient encore d'annoncer, ce vendredi à Minsk, qu'il était prêt à engager de nouvelles négociations avec Kiev.
Or, la propagande occidentale transforme la réalité pour expliquer que la Russie ne veut pas la paix. Ce qui est tout de même le contraire de la vérité (mais plus c'est gros...). C'est l'inversion accusatoire : prêter à l'autre ses propres intentions. L'avantage de ce mantra, répété à souhait, c'est d'ancrer dans le cerveau du citoyen lambda l'idée qu'il n'y a pas d'autre solution que d'accepter la poursuite de la guerre, avec tout ce qui l'accompagne (financements, sanctions, etc.). Si celui qu'on présente comme l'ennemi ne veut pas s'arrêter de batailler, ainsi qu'on le fait croire, il faut bien que ceux qui sont en face continuent à se défendre. C'est ce que les anglo-saxons appellent T.I.N.A. : There Is No Alternative. Il n'y a pas d'alternative. On construit une réalité artificielle qui place le citoyen devant un non choix, devant une voie unique. La Russie demande à négocier depuis toujours, mais il faut faire croire qu'elle ne veut pas la paix, ce qui permet de poursuivre la guerre éternellement. Et ça fait 11 ans que ça dure.
Les Européens sont retords. La Russie affirme depuis l'origine qu'elle veut une paix définitive et non un cessez-le-feu. Pourquoi ? Parce qu'elle s'était fait rouler lors des accords de Minsk, avant 2022, en acceptant un cessez-le-feu qui était en réalité employé par l'Ukraine pour se réarmer en vue de reprendre l'offensive. Dès lors, elle ne veut plus de cessez-le-feu mais une paix qui résout tous les contentieux afin que le conflit ne puisse plus reprendre. Du coup, que propose Kiev, avec le soutien de l'Europe ? Un cessez-le-feu. Et on utilise ensuite le refus de Moscou pour affirmer : Vous le voyez bien, ce sont les Russes qui ne veulent pas la paix. Et le commun des mortels, qui ne sait même pas ce qu'étaient les accords de Minsk, avale cette propagande à grandes gorgées.
Chacun pourrait se rendre compte de la mystification en abordant le problème par l'autre bout. Laissons les Russes de côté. Voyons les Européens. Il y a quelques jours, juste après qu'Israël avait commencé à bombarder l'Iran, qu'ont-ils fait ? Ils ont reçu, à Genève, le ministre des Affaires étrangères iranien pour tenter de trouver une issue au conflit. En quelques jours à peine, ils étaient engagés sur le front de la diplomatie pour tenter d'arrêter cette guerre. En comparaison, depuis 2022, pendant trois ans et demi, qu'ont-ils proposé pour résoudre le conflit en Ukraine ? Rien. Si, livrer des armes, entraîner des troupes... Et ils prétendent que ce sont ceux d'en face qui ne veulent pas négocier. Ainsi forgent-ils la conscience de l'homme de la rue : il n'y a pas d'alternative, il faut continuer à armer Kiev. Que voulez-vous qu'on fasse d'autre, mon pauvre Monsieur ? On est bien obligés, c'est ce salaud de Poutine qui ne veut pas la paix.

Yann Bizien
30/6/2025

Il fait chaud. C'est évident.
Le discours est donc dominé par l'idéologie écologiste militante, culpabilisante, autoritaire et péremptoire. Ce discours sentencieux, intangible et doctrinaire, cible avant tout les classes populaires et moyennes.
L'écologisme est de retour. Il incarne l'excès d'écologie qui plombe notre compétitivité, notre économie et le pouvoir d'achat.
L'impératif écologiste contribue au "suicide français". C'est un impératif technocratique, irrationnel, brutal, antisocial et bourgeois.
Il ne suffit pas de vouloir protéger, préserver ou restaurer notre environnement. Il faut aussi respecter la condition humaine, ce que l'écologisme a oublié.
L'écologisme est vert en apparence, mais rouge à l'intérieur. C'est le nouveau communisme du XXIème siècle.