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22 novembre 2025

Régis de Castelnau
21/11/2025

Rubrique : colonel Soja

Fabien Mandon qui répond au sobriquet de « général Soja » à cause de sa dégaine et de sa risible « tête de vainqueur » est donc colonel. C’est-à-dire qu’il a le grade qui était le sien en 2018, date à laquelle Emmanuel Macron dans la guerre qu’il mène contre notre pays, a décidé, en lui refilant une étoile par an, d’en faire d’abord son chef d’état-major particulier (!), puis de le nommer chef d’état-major des armées françaises. Dès lors que le peuple français aura enfin réussi à se débarrasser du psychopathe installé par la haute fonction publique socialiste à l’Élysée, et mettra ainsi fin à cette guerre que nous subissons, à l’évidence il faudra procéder immédiatement, comme on le fait à la fin de chaque conflit, à ce que l’on appelle « la révision des grades ». C’est-à-dire de rétablir le « général Soja » dans son grade de colonel. Avant bien sûr de le traduire en justice pour haute trahison.
Après sa scandaleuse intervention au congrès des maires, le « général Soja » se fait détruire dans la sphère médiatico-politique et sur les réseaux, et de façon parfois hilarante. Mais l’on sait depuis longtemps que le ridicule n’est pas létal.
En attendant on va redevenir un peu sérieux et écouter Jean-Luc Mélenchon qui dit ce qu’il y a à dire au plan des principes, en démontrant au passage qu’il a le sens de l’État.

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MANDON UNE CHANCE POUR LA FRANCE

Gabriel Nerciat

-22/11/2025- Le scandale et l'émoi immenses, encore perceptibles quatre jours après, qu'ont provoqués dans l'opinion les propos irresponsables du général Mandon tenus devant les maires sont peut-être bien une chance à saisir.
Au moment où Donald Trump met (enfin) Zelensky et les Européens au pied du mur, il est finalement bienvenu que tous les Français sachent désormais à quoi s'en tenir.
Non seulement pour la présente guerre en Ukraine, mais plus largement sur les risques que fait courir à la France et aux jeunes Français l'appartenance du pays à l'OTAN (c'est d'abord pour avoir réintégré cette organisation prédatrice quoique désuète, au nom de laquelle il a envoyé 90 soldats français mourir pour rien en Afghanistan, que Sarkozy aurait dû être condamné à des années de prison ferme et de yaourts sans sucre).
Pour la première fois depuis 1965, en effet, il n'est pas exclu que les questions de défense et de politique étrangère deviennent déterminantes quant à l'issue de la prochaine élection présidentielle.
Chaque candidat devra clairement énoncer ce qu'il entend décider dans ce domaine pour l'avenir (ce que Sarkozy, en 2007, n'avait justement pas fait). Et répondre à une question simple : est-il légitime et envisageable d'envoyer à l'avenir des militaires français, professionnels ou conscrits, mourir pour la défense de Kiev, Varsovie, Vilnius ou Riga ?
Force est de constater que pour l'instant, seul Jean-Luc Mélenchon s'est montré à la hauteur de l'enjeu, le plus grave depuis la fin de la guerre froide.
J'espère vivement qu'il ne restera pas le seul.

Jean Mizrahi

Ce que le rejet « tsunamique » du budget révèle de la faillite politique française

-22/11/2025- La scène aurait presque quelque chose de burlesque si elle ne révélait pas, crûment, la ruine de notre système politique : en laissant les députés voter librement, point par point, le budget de l’État – sans recourir au 49.3 – le Premier ministre leur offrait l’occasion de montrer leur sens des responsabilités. Ils ont préféré donner naissance à un budget « Frankenstein », fruit d’une surenchère de démagogie, un mélange incohérent de taxes, de dépenses et d’idéologies étriquées… pour finalement rejeter, tous ensemble ou presque, la créature dont ils sont les auteurs.

Première leçon : la politique politicienne a remplacé l’intérêt national.
Depuis des semaines, tout a été bon pour flatter une clientèle électorale ou se draper dans des postures idéologiques. Ce qui frappe – et accable – c’est l’abîme qui sépare ces élus du réel. Ils ne représentent plus leurs mandants : ils jouent avec la chose publique, se donnent en spectacle, et transforment l’Assemblée en théâtre d’ombres narcissiques.

Deuxième leçon : une immaturité collective confondante.
L’hémicycle reflétait pourtant, pour une fois, la fragmentation du pays : presque un système proportionnel en miniature. Mais au lieu de saisir l’occasion pour travailler, sérieusement, aux mesures indispensables au redressement national – alors que les déficits explosent, que le modèle social s’effondre et que l’industrie décline – ils ont préféré les gesticulations, les invectives et le bruit. Le semblant de pluralisme n’a produit qu’un carnaval stérile.

Troisième leçon : l’effacement du sentiment national.
D’autres nations vivent très bien avec la proportionnelle, parce qu’elles placent au-dessus de tout l’intérêt supérieur de la nation et la recherche du compromis. En France, la dispute est devenue un réflexe pavlovien. Personne ne veut regarder en face les évidences – système de retraites en faillite, État-providence à bout de souffle – par peur de la sanction électorale. Le seul consensus véritable : dépenser plus et ne jamais rendre de comptes.
Nous assistons, médusés, au retour de ce que de Gaulle détestait le plus : le régime des partis. Et Macron, en renonçant à la verticalité de la Ve République et en livrant les clés aux appareils partisans, n’a fait qu’aggraver la déconstruction progressives des institutions depuis l’instauration du quinquennat aligné sur les législatives. Les partis règnent – mais sans la proportionnelle authentique qui permettrait au moins d’exprimer fidèlement la diversité du pays.
La France s’effondre sous nos yeux. Pourtant, de ce naufrage peut naître un renouveau – à condition d’avoir enfin le courage de changer de Constitution et de sortir de cette démocratie d’apparence, confisquée par des organisations partisanes obsédées par la chasse aux voix. Une nouvelle Constitution devrait reposer sur quelques principes simples et puissants :
1. La proportionnelle intégrale, pour que toutes les sensibilités du pays, même minoritaires, soient représentées. Il est sain que les 3% du pays qui ont une vision avancée ait le droit de dire tout haut ce qui doit être fait, sans le barrage de médias muselés par leurs propriétaires ou de réseaux sociaux distordus par leurs algorithmes.
2. Le référendum obligatoire et l’initiative populaire, sur le modèle suisse, afin de rendre aux citoyens la maîtrise de leur destin et leur permettre de se sentir concernés par l'avenir du pays.
3. Une vraie décentralisation, non vers les Régions tentées de singer l’État central, mais vers les Départements réorganisés autour de logiques locales cohérentes.
4. Le mandat unique pour les fonctions clés : président, députés, sénateurs. La politique doit redevenir un service, et non plus une carrière.
5. La simplification des lois et règlements comme obligation constitutionnelle, pour mettre fin à l’inflation normative qui étouffe citoyens et entreprises.
6. Un service national d’un à deux ans, afin de restaurer le sens du devoir collectif face aux menaces économiques, militaires et sociétales.
7. La fin du pouvoir démesuré des juges administratifs et politiques, en ramenant Conseil d’État et Conseil constitutionnel à leurs fonctions originelles.
Croire que la France pourra se relever sans changer de régime est une illusion confortable. Le système produit mécaniquement ses propres dérives : démagogie, irresponsabilité, paralysie.
Si nous refusons de renverser la table, rien ne changera. Le pays continuera de s’enfoncer, prisonnier d’une caste politique professionnelle qui dépense sans compter pour acheter des suffrages. La seule issue, c’est de déprofessionnaliser la politique, et de refonder les institutions pour qu’elles servent enfin la nation et non ceux qui en vivent.
Radu Portocala

-22/11/2025- Depuis le commencement de la guerre en Ukraine, les services occidentaux d’espionnage ont été incapables de donner des renseignements fiables sur la politique de la Russie, sa stratégie, ses capacités miliaires. Rappelons-nous cette « information » donnée par les Américains et les Anglais selon laquelle l’attaque russe n’allait pas durer parce que le stock de missiles de la Russie était très faible - une semaine tout au plus. Ou les détails très précis que les mêmes sources donnaient sur les multiples cancers en phase terminale dont souffrait Poutine. Ou encore cette histoire grotesque de machines à laver volées parce que leurs circuits imprimés étaient indispensables au bricolage d’armes primitives. Ou, enfin, ces fantassins russes qui n’avaient pour seules armes que des pelles.
Toutes ces idioties ont été proférées et répandues par des services d’espionnage occidentaux qui coûtent certainement des fortunes. Nous avons du mal à reconnaître notre complète incapacité à espionner la Russie et même à la comprendre. Alors, pour compenser, nous inventons. Ce n’est pas très productif, cela se voit tous les jours, mais cela nous permet de nous croire très forts.
Ce sont sans doute les mêmes services tellement efficaces et tellement fiables qui fournissent les données sur lesquelles s’appuient nos brillants chefs pour annoncer avec précision la date de l’attaque russe contre nous. Nous pouvons être certains que les brillants espions de l’OTAN savent même de quoi sera fait le déjeuner de Poutine ce jour-là.

21 novembre 2025

Philippe de Villiers

-21/11/2025- Cette déclaration du général Mandon est une honte ! Il veut nous entraîner dans la guerre : qu’il démissionne !
La véritable force d’âme consiste à s’occuper de la France, de son indépendance, de la protection de ses frontières, de sa souveraineté.
Nos enfants se font déjà tuer : Philippine, Lola, Elias, Thomas, Mathis… Cette guerre qui frappe chez nous, il n’en dit pas un mot !

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Pierre Duriot
François Asselineau

Le ravi du village

-21/11/2025- En annonçant aux maires – avec un grand sourire aux lèvres ! – qu'ils devaient accoutumer leurs administrés à l'idée d'envoyer leurs enfants se faire tuer pour Zelensky, le Général Mandon a déclenché un incendie national que sa ministre de tutelle – la pauvre Vautrin qui confond Zelensky et Wolinski – a tenté maladroitement d'éteindre aujourd’hui.
Cette déclaration ahurissante accrédite la rumeur selon laquelle ce Général de bureau, qui n'a pas fait la moindre guerre, n'est qu'un rond-de-cuir assez niais et affreusement sous-dimensionné pour le poste suprême de chef d'état-major des armées.
Et il se dit que si Macron l'a catapulté du rang de simple colonel à celui de général d'armée, puis chef d'état-major en seulement 7 ans (juin 2018-septembre 2025), ce serait précisément parce que c'est un ravi du village qu'il peut utiliser au choix comme une marionnette, un souffre-douleur ou un paillasson.
De fait, la vocation de Mandon semble bien d'être un larbin, incapable de faire de l'ombre à Macron, ni même de simplement freiner ses déclarations va-t-en guerre contre la Russie qui relèvent indiscutablement de la psychiatrie.

La croissance revient ! Zut, c’est celle des prix et des taxes !

H16

-21/11/2025- Surprise : l’État français décide, au pied levé, de moderniser l’un de ses calculs. Pas de bol : c’est celui de la taxe foncière. Encore moins de pot : cela va se traduire par une augmentation poivrée.


On apprend en effet que le ministère de ce qui reste d’Économie va mettre à jour les fichiers de logements qui ne l’ont plus été depuis 50 ans afin de tenir compte des éléments de confort, que dis-je, d’opulence luxueuse comme l’eau courante ou l’électricité, en faisant donc croître la « superficie théorique du logement » dans le calcul de la taxe foncière.

Patatras, c’était bien tenté, mais cela s’est vu, malgré la discrétion de Bercy : ce petit changement revient à augmenter d’office la taxe foncière pour 7,4 millions de logements en 2026.

La méthode est simple : à chaque « élément de confort », une superficie supplémentaire est attribuée.

Pour l’eau courante – un de ces luxes que la France ne propose qu’aux plus riches – la Direction générale des finances publiques ajoute 4 m². Vous avez le portefeuille suffisamment dodu pour disposer de l’électricité dans toutes vos pièces ? Paf, 2 m² supplémentaires.


Vous osez vous tenir propre autrement qu’avec une bassine d’eau chaude et avez poussé l’opulence jusqu’à une baignoire ? Bing, 5 m² (avec seulement 4 m² supplémentaires si vous vous contentez d’une cabine de douche, plus prolétaire). Le lavabo représente un bon 3 m² et un WC, comble du luxe, 3 m². Voilà qui vous apprendra à faire le riche au lieu d’aller faire vos besoin dans la cabane au fond du jardin, comme tout le monde.

Pour un chauffage ou un climatiseur, ce sera 2 m²… Par pièce équipée, bien sûr ! Eh oui : le confort, c’est normalement réservé aux gros bourgeois, et vous voilà gros bourgeois. Surpris ? Il ne faut pas, la France de Macron est en pleine croissance (des prix et des taxes), et vous bénéficiez donc de cette opulence jetée ostensiblement à la face du monde.

Petits calculs faits, Bercy estime la hausse moyenne de la taxe d’habitation à 63€, en dehors de toute revalorisation des taux ou des bases locatives (qui ne manqueront pas d’arriver aussi, ne vous inquiétez pas).


Mais rassurez-vous : ce n’est pas tout !

Alors que vos taxes augmentent pour les biens dont vous êtes propriétaires (lisez : que l’État vous loue généreusement), vos factures d’eau vont aussi augmenter. Et pas qu’un peu.

Le petit reportage de BFMTV nous présente la prochaine augmentation : environ 300€ pour une famille moyenne de 4 personnes, soit une robuste croissance du prix du mètre cube de 50% (oui, 50% !) en 5 ans.

Eh oui, entre deux prêts à l’Ukraine et une augmentation des dépenses pour l’accueil localisé et généreux de tout le tiers-monde environnant, il faut trouver … 500 milliards d’euros pour refaire toute la distribution d’eau dans le pays.

En effet, ce coût est expliqué de façon plus ou moins vaseuse par différentes raisons parmi lesquelles on placera – bien vite – une petite antienne religieuse sur le Réchauffement Climatique, ce dernier étant responsable des terribles sécheresses et des inondations catastrophiques (« en même temps ») qui s’abattent sur une France dans laquelle il est, on le rappelle, interdit de faire des bassines de rétention pour réguler crues et aridité, parce que c’est contraire à Gaïa.

Hormis ces âneries climatiques, la principale raison est bien sûr la réfection des canalisations d’un réseau vieillissant (c’est là que se situe le gros des 500 milliards évoqués avec décontraction).

Subitement, la France se rend donc compte qu’elle n’a pas tenu à jour ses tuyaux et ses buses depuis des lustres et entend donc remettre ça d’équerre.


On imagine sans mal la quantité phénoménale d’argent public qui aurait dû être consacré à ça et qui a été consacré à des idioties républicaines sans rapport. On imagine de même les quantités encore plus considérables d’argent public qui seront attribuées à ces réfections et qui termineront dans la poche de contractants copains/coquins avec les autorités locales, petit capitalisme de connivence débridé oblige.

Autrement dit, on sait déjà que ce qui aurait dû être fait les 30 dernières années n’a pas été fait, et que ce qui doit être fait dans les 5 prochaines ne le sera pas. Oh, il y aura bien quelques canalisations qui seront remplacées, c’est certain : mais pour 100€ de canalisations remplacées, on aura 500€ de factures, voire 1000€. Et les canalisations ne seront pourtant pas plaquées or.

En outre, on en profitera pour alourdir la note de dépollution.

Évidemment, l’eau n’est pas plus polluée. En fait, elle l’est certainement moins qu’il y a 50 ans, l’usage des pesticides et herbicides n’ayant pas cessé de diminuer en France. En revanche, les normes étant de plus en plus strictes, il faut filtrer de plus en plus finement, ce qui coûte de plus en plus cher, pour un bénéfice réel de moins en moins évident que, dans tous les cas, le consommateur final, captif, doit payer.

Au passage, il sera difficile de passer à côté des graphiques colorés propulsés par BFMTV sur le sujet : pour eux, pas de doute, la dépollution coûte si cher qu’elle justifie des prix de l’eau jusqu’à 4 fois supérieur dans le Nord français (pourtant baigné de pluies, de lacs, de nappes et de fleuves) que dans le Sud, plus aride mais moins cher. Ben oui.


Bon, on le comprend : il s’agit une nouvelle fois de camoufler le pillage étatique de la population par des explications fumeuses, que ce soit pour la taxe foncière ou pour la distribution d’eau. L’État et les collectivités locales n’ont plus un rond, et raclent tous les fonds de tiroir, de façon de plus en plus véhémente et grossière.

En 2020, Macron nous expliquait théâtreusement que « Nous sommes en guerre ».


À l’époque, on croyait naïvement que le « nous » désignait le peuple français et que la guerre se jouait contre un virus. L’histoire a depuis montré que le « nous » désignait la caste jacassante (les politiciens et les médias) et que la guerre était dirigée contre le peuple français, ces gueux qui pensent de travers, votent de travers et épargnent de travers.

Et cette guerre contre le peuple, il faut la financer. Qui de mieux que le peuple pour financer son propre appauvrissement ?


https://h16free.com/2025/11/21/82636-la-croissance-revient-zut-cest-celle-des-prix-et-des-taxes

20 novembre 2025

Georges Kuzmanovic

L’Ukraine sacrifiée sur l’autel du réalisme américain

-20/11/2025- Les États-Unis et la Russie discutent en secret du futur de l’Ukraine. Entre avancée militaire russe, scandales à Kiev et désengagement américain, un nouvel ordre stratégique se dessine, révélant le basculement stratégique des États-Unis et l’impuissance croissante de l’Union européenne.

Photo by Jørgen Håland / Unsplash

Alors que Kiev vacille et que Moscou impose son tempo, Washington négocie directement avec le Kremlin, laissant les Européens sans prise sur la fin possible du conflit.

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, les négociations entre Washington et Moscou au sujet de la guerre en Ukraine n’ont en réalité jamais cessé. Elles ont simplement avancé loin des regards, dans la continuité des premiers échanges menés en Arabie saoudite. Les brusques accès de colère du président américain, régulièrement mis en scène à propos de l’attitude jugée négative de Vladimir Poutine, ou des blocages institutionnels à Washington, relèvent davantage de la communication interne que de divergences réelles. Ils visent avant tout les opinions occidentales, les dirigeants européens et un Congrès largement va-t-en-guerre, afin de préserver la marge de manœuvre de la diplomatie américaine.

Car la réalité est tout autre : ces négociations illustrent le lent mais certain désengagement stratégique des États-Unis d’Ukraine. Washington transmet progressivement à une Union européenne dépassée – dirigée par des responsables sans vision stratégique, prisonniers de postures martiales – l’immense fardeau politique, militaire et financier du conflit. Alors que Macron, Starmer, Merz ou von der Leyen multiplient les déclarations belliqueuses, jusqu’aux propos délirants du chef d’état-major français, le général Fabien Mandon, appelant à se préparer à une guerre contre la Russie dans trois ou quatre ans et à « sacrifier nos enfants », les États-Unis, eux, se repositionnent dans un monde désormais multipolaire.

Un Zelensky fragilisé, un plan imposé

C’est dans ce contexte que s’inscrit la dernière initiative diplomatique américano-russe révélée par Axios. Le 19 novembre au soir, Kiev annonçait avoir reçu une nouvelle offre de négociation venue de Washington, mais élaborée sans même consulter les autorités ukrainiennes – déjà un classique et qui se répétera, on peut ajouter que les Européens non plus n'ont pas été « consultés ». L’émissaire américain Steve Witkoff et son homologue russe Kirill Dmitriev, patron du fonds souverain russe, auraient mis au point ce plan lors d’une visite de ce dernier aux États-Unis en octobre.

Cette démarche survient au pire moment pour Volodymyr Zelensky, affaibli par un vaste scandale de corruption dans le secteur énergétique, qui a entraîné la démission de deux ministres et d’un proche du président, juste avant des perquisitions menées par la justice. En réalité, Witkoff et le Kremlin cherchent à convaincre Donald Trump de faire pression sur Kiev pour qu’il accepte un accord favorable à Moscou, profitant du contexte politique et informationnel très défavorable à l’Ukraine. Dans le même temps, l’armée russe progresse dans l’est du pays et intensifie ses frappes contre les infrastructures énergétiques et les civils à l’approche de l’hiver.

La réalité stratégique pousse Washington à négocier

Les réalistes de Washington n’ont plus réellement le choix : la situation sur le terrain, l’essoufflement militaire ukrainien et la solidité résiliente de l’économie russe rendent toute stratégie d’usure illusoire.
Contrairement aux prédictions répétées en 2022 annonçant l’effondrement économique du Kremlin, la Russie a résisté aux sanctions, tout en développant des secteurs entiers de production souveraine. L'industrie aéronautique civile en est l’exemple le plus frappant : donnée moribonde il y a trois ans, elle signe aujourd’hui des contrats d’exportation avec l’Inde, démontrant l’ampleur des erreurs d’analyse en Europe et l’ineptie de la doctrine visant à « mettre la Russie à genoux ».

Sur le plan géopolitique, Washington mesure également les conséquences de son entêtement : la guerre en Ukraine a accéléré l’essor des BRICS et l’érosion progressive de l’hégémonie du dollar sur l'économie mondiale. Dans le grand affrontement stratégique avec la Chine, les États-Unis ne peuvent pas se permettre de pousser la Russie dans une dépendance totale vis-à-vis de Pékin. Henry Kissinger, George Kennan, John Mearsheimer et d’autres réalistes le martèlent depuis des décennies : une alliance russo-chinoise, à plus forte raison incluant l’Iran, serait rédhibitoire pour les intérêts américains. On peut à ce titre également relire le livre de Zbigniew Brzeziński, Le grand échiquier (1996) : « Pour les États-Unis, le pire des scénarios serait une grande coalition de la Chine, la Russie et peut-être l'Iran (...) unie par une détestation commune des États-Unis. Dans un tel cas, la Chine serait plus probablement le leader, et la Russie un suiveur. » – le « pire des scénarios » s'est en fait réalisé, ironiquement en raison de la volonté américaine d'étendre l'OTAN à l'Ukraine. On comprend la nécessité impérieuse pour Washington, sinon de le briser, au moins de l'atténuer.

Mais la question nucléaire ajoute encore à l’urgence. Depuis la sortie américaine du traité ABM sous Bush fils (2002) puis du traité INF sous Trump (2019), la course aux armements a repris. La Russie domine désormais dans le domaine des missiles hypersoniques, dictant en partie les orientations stratégiques américaines. D’où l’intérêt croissant à Washington pour un nouvel accord de sécurité globale, incluant cette fois la Chine, l’Inde et les puissances nucléaires émergentes, afin d’éviter une spirale ruineuse.

Les points clés du plan russo-américain

Le nouveau projet de Washington et Moscou aborde quatre grands domaines :
1. la paix en Ukraine ;
2. les garanties de sécurité ;
3. la sécurité du continent européen ;
4. le rapprochement entre les États-Unis et la Russie.

Comme les précédents, ce plan reprend largement les exigences du Kremlin. Il prévoirait :
• une reconnaissance internationale de la souveraineté russe sur la Crimée et les régions du Donbass, de Donetsk, de Kherson et de Zaporijia ;
• une réduction de moitié de l’armée ukrainienne, limitée à 400 000 hommes ;
• l’interdiction pour Kiev de détenir des armes de longue portée ;
• une Ukraine neutralisée, exclue de l’OTAN et sans présence militaire occidentale ;
• la levée des sanctions internationales et la restitution des avoirs russes gelés, intérêts compris.

Autant dire une défaite stratégique nette pour l’OTAN et l’Union européenne, conséquence directe de leurs propres erreurs d’analyse et de posture.

L’Europe surprise, impuissante, paralysée

Les Européens ont été pris de court – comme à chaque fois. Merz, Macron et Starmer ont immédiatement tenté de réagir lors d’un dîner improvisé à Berlin le 18 novembre, rappelant leur refus catégorique de tout accord conclu sans l’Ukraine. Mais leur marge de manœuvre est inexistante : ils ne disposent ni du rapport de force militaire, ni du poids diplomatique, ni même du réalisme politique nécessaires pour peser sur le cours des négociations.

L’Europe continue de se payer de mots : elle parle sanctions, fermeté, pression accrue sur Moscou, alors même qu’elle est incapable d’augmenter réellement son soutien militaire à Kiev. Pire encore : ces postures conduisent à un affaiblissement économique massif du continent, aggravant la crise énergétique et la dette publique dans un contexte de récession sur le continent, particulièrement en Allemagne, au Royaume-Uni et en France.

Sur le terrain : l’effondrement ukrainien

Pendant que les chancelleries s’agitent, la Russie poursuit son offensive. Pokrovsk, Mirnograd et Koupiansk tombent ; Slaviansk pourrait suivre rapidement. L’armée russe frappe massivement les infrastructures énergétiques, ferroviaires et industrielles, y compris loin de la ligne de front. Trois ans de discours occidentaux annonçant la fin imminente des stocks de missiles russes se heurtent depuis à la réalité d'une Russie apte à produire trois fois plus de moyens militaires que l'ensemble des pays OTAN réunis, et dont pourtant le PIB est 10 fois supérieur.

Quant à l’Ukraine, les pertes humaines sont colossales – 1,5 million de morts selon certaines estimations, plus de 600 000 déserteurs – et 14 millions de citoyens ont fui vers l’Europe ou la Russie (recensement ukrainien récent). La société ukrainienne est brisée, l’économie exsangue et politiquement Zelensky ne tient que par une autorité martiale qui ne repose plus que sur une légitimité faible.

Un théâtre diplomatique pour masquer l’impuissance

Les réactions européennes sont prévisibles : condamnations verbales, indignation morale, dénonciation des « attaques brutales » de Moscou (elles le sont). Le Quai d’Orsay parle d’agression inacceptable ; le ministre français Jean-Noël Barrot affirme que « la paix ne peut pas être la capitulation de Kiev ».
On se paye de mots.

Mais derrière les grandes phrases se cache une vérité simple : l’Europe ne peut plus agir. La guerre a révélé l’absence de puissance militaire, diplomatique et stratégique du continent. Pour certains dirigeants, cette agitation pourrait même servir à détourner l’attention de leurs difficultés politiques internes – quitte à abandonner l’Ukraine à son sort.

Cette séquence historique tragique pour l'Europe annonce peut-être le nécessaire retour du réalisme en géopolitique. On l'espère au moins pour la France.


Georges Kuzmanovic est directeur de la publication et rédacteur en chef de Fréquence Populaire. Analyste Géopolitique. Ancien officier de l'armée française. Ancien humanitaire.