Je comprends l'émotion de Delon : c'est dans notre nature, dans notre conscience, c'est dans notre sang d'avoir spontanément de l'empathie pour celui qu'on attaque. Voir des gens quitter leurs foyers avec quelque bagage réduit au strict minimum sous le bras, avec des enfants débraillés et des larmes plein les yeux, c'est absolument insupportable.
Sa réaction est logique de la part d'un profane qui ne regarde que l'écume des choses. Mais lorsqu'on veut comprendre au-delà des apparences spectaculaires mises en scène par le discours des chancelleries partisanes et de leurs affidés journalistes, on ne peut pas se contenter de regarder l'incendie sans se demander comment il a été allumé.
Pour y arriver, il faut se soustraire au travail des émotions et du pathos, et surtout se barricader contre la tentation du positionnement facile, confortable et unanime. Moins de 1% des hommes en sont capables.
BFM titrait hier : « Alain Delon va interviewer Volodymyr Zelensky ». J'attends avec impatience l'interview de Biden par Jean-Paul Rouve et celle de Macron par MacFly et Carlito... ah pardon, celle-ci a déjà eu lieu.
Bref, Delon, acteur de 86 ans sans connaissance aucune du dossier, va interviewer le président d'un pays en guerre. Grand moment de pathos en vue, mais aussi grande confusion des genres qui n'aide pas à prendre la mesure des événements.
Pour l'anecdote, Delon a voté Pécresse, ce qui renseigne aussi sur sa puissante science politique.