Jean Mizrahi
Mais c'est le moindre des problèmes. Il y a bien plus grave, car l'Europe se ruine actuellement pour maintenir son train de vie énergétique. Certains pays ont choisi de laisser filer les prix si bien que les ménages et les entreprises sont contraints d'allouer des sommes plus importantes aux dépenses critiques, ce qui leur retire une capacité à dépenser pour les ménages et à investir pour les entreprises : il s'ensuivra une chute de la consommation (déjà entamée) et une chute de la production, et donc de l'économie, et donc de l'emploi. D'autres pays comme la France subventionnent les prix à tour de bras, se tirant ainsi une balle dans le pied car plus ils subventionnent l'essence, plus ils augmentent les volumes vendus et donc les déficits. Et plus ils endettent leur pays à des niveaux invraisemblables. Comme si la France n'état pas déjà endettée...
In fine, il faut revenir à des raisonnements "paysans" : tout l'argent qui part dans un pétrole et un gaz (et des engrais, et d'autres matières premières...) plus chers, c'est de l'argent qui va ailleurs, qui va enrichir d'autres poches que des poches européennes, c'est un appauvrissement généralisé. L'Europe s'appauvrit, et non seulement elle s'appauvrit, mais elle va voir également sa situation financière et industrielle fragilisée. Je peux vous dire qu'avoir froid cet hiver sera un moindre mal par rapport à ce qui nous attend d'ici quelques semaines, quelques mois : un chômage qui explose, des affamés dans les rues, des révoltes urbaines, une fureur populaire qui ne pourra être canalisée par aucun mouvement politique à peu près raisonnable. Je l'avais attendu d'un krach financier causé par la stupidité des banques centrales, il s'y ajoutera en Europe une crise énergétique sans précédent. L'Europe risque de plonger dans une folie hystérique.
Tout cela n'est que préfiguration de ce qui nous attend à long terme, avec des prix des hydrocarbures qui ne pourront qu'augmenter très fortement, parce que la demande n'est pas élastique, alors que les pics de production ont été atteints et que les recherches et découvertes de nouvelles réserves se sont effondrées. Monsieur Macron fait des macronades en nous disant que l'ère de l'abondance est terminée, mais sa phrase est exacte. Le seul problème est qu'il n'en tire pas les conclusions, et qu'il ne fait rigoureusement rien pour préparer le pays à ce que sera l'économie de demain : une économie qui n'a plus les mêmes intrants. Aucune capacité de projection à long terme, aucune vision, Fessenheim n'en est qu'un exemple d'autant plus criant actuellement, mais tout ce que fait - ou plutôt ne fait pas - ce gouvernement le démontre quotidiennement. 10/9/2022