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13 septembre 2022

Prospective politique : sortir de l’Europe

Pierre Duriot

L’Europe commence à se craqueler avec les dissensions entraînées par les effets économiques désastreux des mesures d’embargo contre la Russie. Même la taille imposante de certaines entreprises ne les empêche pas de penser à mettre la clé sous la porte, tant le prix de l’énergie plombe les factures. Ainsi, les gros sidérurgistes allemands, ou les champions de la chimie, sont au bord de la rupture, avec le risque d’entraîner vers le chômage des dizaines de milliers de travailleurs. La question se pose encore avec plus d’acuité, de savoir s’il faut rester dans cette Europe folle, désormais en guerre contre les États qui la composent, ou s’en sauver le plus vite possible ?
On l’a vu avec le Royaume-Uni, entamer des négociations de sortie est difficile et le sombre Attali expliquait lui-même, que tout avait été fait, à dessein, pour qu’on ne puisse jamais sortir de ce piège. Un chef d’État français pourrait alors tenter de nous en faire virer, selon le scénario suivant. On ne paye plus notre cotisation à l’Europe. En conséquence, elle ne nous reverse plus la moindre subvention. On s’en fiche un peu, on donne plus que ce qu’on reçoit. Elle empêche logiquement nos députés européens de siéger. Nous répondons en n’appliquant plus les règlements européens et leur substituons nos règlements nationaux. L’Europe nous inflige amende sur amende. On ne les paye pas. Nous remettons en service une monnaie nationale. Elle n’a pas d’armée pour nous envahir, mais pourrait éventuellement décréter des mesures de rétorsion économique, est-ce bien possible, tant les économies européennes sont intriquées ? Et encore, si la France se lançait dans ce genre de fronde, elle ne serait sans doute pas la seule, ce qui augmenterait le poids de sa démarche.
La Hongrie montre la voie. Pas tout à fait entrée complètement dans l’Europe, elle refuse ostensiblement de se suicider, c’est à dire de sacrifier, comme nous, son économie qui dépend entièrement du gaz russe, elle attise la colère de Mikulas Beck, le ministre tchèque des affaires européennes, qui évoque la non finalisation du processus d’adhésion de la Hongrie. Rappelons que la République Tchèque préside actuellement l’Europe. Certes, il n’est pas prévu dans les textes que l’Europe puisse virer l’un de ses membres, mais cela pourrait bien arriver à Orban, qui persiste à être un président au service de son pays. Et si d’aventure la Hongrie était virée, rien ne s’opposerait à ce que nous tentions le coup nous aussi. Il faudrait juste destituer Macron avant.