Gabriel Nerciat
Les Britanniques en 2019 avaient voté assez clairement en faveur du programme souverainiste, paléo-conservateur et national-populiste de Boris Johnson, afin qu'il mène à terme le Brexit, maîtrise enfin l'immigration, mate le nationalisme écossais et initie une politique économique de rupture, modérée certes mais assumée, à la fois avec l'ordo-libéralisme de Bruxelles et avec le néo-thatchérisme dogmatique prôné par les leaders les plus anachroniques de son parti.
Résultat des courses : après l'intermède Liz Truss et le décès de la reine, les Sujets de Charles III depuis hier se retrouvent avec à la tête de leur gouvernement un jeune milliardaire d'origine indienne et de confession hindoue, favorable au multiculturalisme, partisan d'une stricte politique d'austérité accompagnée d'une réduction drastique des pensions de retraites, et adepte, en pleine crise inflationniste, d'une soumission inconditionnelle aux diktats des marchés financiers.
Libé l'a déjà surnommé le "Macron anglais". Cela se passe de commentaires.
"Les Anglais se croient libres, écrivait Jean-Jacques Rousseau dans Le Contrat social, mais ils se trompent fort : ils ne le sont qu'au moment où ils votent pour leurs représentants."
C'est le cas de le dire (Jean-Jacques beaucoup plus réaliste que Voltaire et Montesquieu, contrairement à ce que prétendent depuis deux siècles les imbéciles du juste milieu).
Mais bon, la démocratie libérale parlementaire, le meilleur des régimes à l'exception de tous les autres, n'est-ce pas, comme l'affirme le célèbre poncif du dépressif vieux duc de Malborough, qu'aiment tant à citer en toutes saisons les lamentables crevards de la droite atlantiste.
Je parie deux shillings qu'on va nous le ressortir encore d'ici ce soir.