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3 novembre 2022

Darmanin prêt à détruire le droit du travail

Gilles La Carbona

Darmanin avait déjà réussi le tour de force de dire tout et son contraire dans la même phrase, ce qui en soi révèle déjà le degré de perversité, ou de confusion du personnage, en affirmant, je cite : « Je ne fais pas le lien entre immigration et délinquance, mais une partie des étrangers dans les grandes métropoles, commettent l’essentiel des actes de délinquance. »

Mais il ne pouvait s’arrêter en si bon chemin, voilà qu’avec son éminent collègue Dussopt, ils s’apprêtent à nous concocter une nouvelle loi sur l’immigration. Il est d’usage en France, quand on est incapable de faire appliquer une loi existante, d’en faire une nouvelle, qui ne sera pas plus appliquée que l’ancienne. Elle sert à occuper l’espace de discussion sur le nouveau texte, censé corriger toutes les erreurs, ou défauts, du précédent. Alors que c’est bien l’absence de volonté et de fermeté qu’il eut fallu rétablir, en lieu et place d’un nouveau texte.

Donc ce brillant texte reposerait sur la notion de la création d’un titre de séjour concernant les « métiers en tension », pour les travailleurs sans papiers. Le législateur va donc créer une nouvelle catégorie avec ces métiers, dits « en tension », qui désignera les secteurs où le recrutement est difficile, comme la restauration par exemple. Régulariser des sans papiers n’est pas une nouveauté, les socialistes avaient ouvert le bal, sous Mitterrand, mais la singularité réside dans la régularisation de personnes officiellement embauchées. Cela va permettre, « en même temps » d’absoudre les employeurs d’avoir recruté des personnes en toute illégalité, plus d’ailleurs pour le coût de revient, que pour le prétexte de pénurie de main-d’œuvre.

Darmanin va donc passer l’éponge pour des patrons qui, ouvertement, auront fait travailler des clandestins : merveilleux non ? Et par ce tour de magie, il imagine répondre à l’attente des Français en matière d’immigration, un sujet intégralement piloté par Bruxelles. Ce n’est pas parce qu’une infraction se banalise qu’elle n’en demeure pas moins un délit, car répétons-le, c’est un délit de recruter sciemment des personnes étrangères sans papiers. La macronie résout ainsi les problèmes, ce qu’elle ne maîtrise plus : elle donne l’absolution aux contrevenants qui préfèrent embaucher des clandestins à bas coût, plutôt que de payer décemment des employés nationaux.

C’est une façon de détruire toute l’assise du droit du travail et de remplacer les salariés trop « grassement payés », par une main-d’œuvre bon marché, qu’il suffira de faire venir pour qu’elle soit régularisée au motif que le secteur est tendu. Le pire c’est que cette loi, qui ne réglera absolument pas les problèmes de l’immigration et de la sécurité, va passer, puisque les LR ont majoritairement rejoint la macronie. Ne comptons pas non plus sur la NUPES, qui sera la première à voter un tel texte, arguant d’humanisme et d’apport « culturel », selon ses bonnes formules, pour ensuite s’occuper des « droits » des nouveaux arrivants, tout en délaissant ceux de ses adhérents historiques, comme à son habitude.

Ce genre de textes toxiques auraient pu être évité, si les traîtres LR avaient eu le courage de renverser ce gouvernement, mais ils ont préféré le pantouflage. Dans cette veine, on assistera peut-être, prochainement, à une forme de « légalisation » de l’ensemble de la délinquance, au prétexte qu’on n’arrive plus à la juguler.