Gabriel Nerciat
DEUX EXPÉRIENCES PROUSTIENNES
Il y a deux types de découvertes, ou de révélations, concernant le mystère des êtres qui m'ont toujours particulièrement décontenancé.
L'une, quand on découvre qu'une femme qu'on pensait austère et puritaine se livre en secret à la débauche ou à la dissipation érotique la plus extrême.
L'autre, quand un homme qu'on croyait intelligent et raisonnablement anticonformiste se révèle un pur imbécile ligoté par les conventions mondaines et l'emprise morale de la bienpensance.
Tout d'un coup, l'envers des apparences vous donne l'impression plus ou moins vertigineuse que le réel de la vie dramatiquement vous échappe.
C'est peut-être parce que certaines personnes n'ont jamais connu le type d'acuité psychologique qu'approfondissent de telles expériences qu'elles n'ont jamais aimé l'oeuvre de Marcel Proust, aussi bien il y a cent ans qu'aujourd'hui.
Qu'elles l'avouent ou non.
Ceci dit, je me dois d'être honnête : la première révélation est quand même beaucoup plus agréable à vivre que la seconde.