Marc Amblard
Je m’explique. L’exclusion d’une partie de la corporation médicale était fondée sur le postulat que ceux qui n’ont pas été injectés sont des vecteurs de propagation et ceux qui l’ont été ne le sont pas.
C’est du moins ce que certains croyaient ou se plaisaient à croire. A présent, nous savons (de l’aveu même d’un haut cadre de Pfizer et corroboré par nombre d'études scientifiques) que la mixture n’empêche pas la transmission.
C’est d’ailleurs pourquoi le Cour suprême de l’État de New York a récemment ordonné la réintégration avec des arriérés de salaire de tous les employés de la ville de New York qui avaient été licenciés.
Dès lors, il n’y aucune justification à l’exclusion. La raison devrait inviter les responsables à reconnaitre qu’ils se sont trompés et à présenter leurs plus plates excuses aux victimes d’un bannissement aussi stupide qu’immoral.
Que nenni, les agents du gouvernement (et bien d’autres) y sont globalement opposés. Ils s’accrochent à leur position contre toutes formes de sagesse et d’intelligence. C’est effarant.
J’émets alors l’hypothèse qu’au fond, ce qui est reproché aux personnes non injectées ce n’est pas la possibilité de transmettre mais leur refus de se conformer à des normes sociales majoritairement acceptées.
La sociologie a depuis longtemps révélé que nos conduites sont bien moins déterminées par un calcul rationnel isolé que par la conformité à des conventions comportementales que nous adoptons souvent de façon inconsciente. Nous nous plions à une forme de rationalité mimétique : je me comporte non pas (uniquement) en fonction de ce que me dicte ma raison profonde mais selon ce que les autres attendent de moi. A défaut, je prends le risque d’être exclus de mes groupes d’appartenance (famille, amis, collègues…).
En effet, au sein d’une population, la déviance (entendons par là, la non acceptation de recommandations comportementales) est très mal perçue. Notamment parce qu’un agissement non conforme remet en cause un ordre établi. Pour la foule disciplinée, il instille un doute de nature à ébranler une pseudo vérité que nous tenons pour acquise. Dit plus simplement, l’originalité dérange, bouscule, irrite. Plus insidieusement, elle me place, moi le soumis, face à un miroir qui me renvoie à ma propre condition de docilité acceptée. Et, au fond, ça heurte mon ego.
Dès lors, il est peu surprenant que la déviance déclenche la réprobation de la foule et engendre des sanctions pouvant aller jusqu’au bannissement.
Autrement dit, je te condamne, non pas en raison de l’absence d’une substance dans ton corps (ce qui n’a, on le sait, aucune légitimité scientifique) mais parce que tu refuses de te soumettre à des normes sociales qui fondent l’identité et la cohésion d’un groupe. Finalement, tu t’en exclus par ta conduite déviante.
Aussi, il n’y a aucune raison de te réintégrer dans une communauté dont tu refuses les règles.
Heureusement, les conventions évoluent lorsque les déviances se multiplient au point de faire voler en éclats la résistance collective. La dynamique des normes sociales est toujours le fruit d’un rapport de force. Comme l’a écrit le philosophe Gilles Deleuze, « toute vérité est vérité d’un élément, d’une heure et d’un lieu... ».