Gabriel Nerciat
Il n'est pas de bonne compagnie qui ne se quitte un jour, dit le proverbe. Comme beaucoup de proverbes, c'est à la fois convenu et vrai.
Je le dis de façon d'autant plus amère que j'ai perdu depuis un an deux amis infiniment chers à mon coeur, que j'avais connus grâce à cette application numérique.
Peut-être bientôt devrons-nous prendre congé les uns des autres ; c'est une hypothèse qui devient assez plausible. Ou bien poursuivre l'aventure ailleurs, si les rigueurs et les aléas des temps présents le permettent.
L'empire de sable de Zuckerberg commence en effet à piquer du nez : probable qu'il s'effondrera plus vite que la tour de Babel. Mais on sait que l'histoire des langues, des royaumes et des nations ne s'interrompt pas pour autant : Dieu n'est pas zadiste ou millénariste, et monnaye savamment ses apocalypses.
A ce propos, je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi aucun capitaine d'industrie ou jeune entrepreneur dynamique n'a encore eu l'idée de créer un réseau social numérique en langue française, qui aurait pu faire concurrence à celui de Zuckerberg - et, puisque français, autoriser la publication des seins des femmes ou de leurs trésors originels, ces merveilles de la Création.
Il serait enfin temps d'y songer.
Même si le grand Nils Thornander n'est plus là, hélas, pour dessiner la vulve mythique des Vénus primordiales, que nous pourrions ainsi diffuser dans tous les circuits nerveux et électroniques de la Toile numérique, en bravant le courroux d'Allah, des néo-féministes woke et de la pudibonderie californienne, afin de préparer une nouvelle insurrection spirituelle et archéo-futuriste digne de Zarathoustra, que nos idéalismes et matérialismes frelatés n'attendaient plus.
Qui dit mieux ?