René Chiche
Professeur de philosophie
☐ Dans une lettre de quatre pages en date du 16 septembre qui m'a été adressée en recommandé avec accusé de réception par le recteur de l'académie d'Aix-Marseille, Bernard Beignier, et signée par le nouveau secrétaire général de ladite académie, j'apprends que j'aurais "commis des faits" (sic) d'une particulière "gravité" en exprimant certaines opinions sur le réseau social Twitter nécessitant l'engagement d'une procédure disciplinaire lourde à mon encontre, avec tout le tralala, à savoir convocation devant une commission administrative paritaire académique des agrégés siégeant en formation disciplinaire, invitée à apprécier et sanctionner mes prétendus manquement à mes obligations professionnelles, "notamment en termes de loyauté, de correction, de dignité, de réserve, de neutralité, d'exemplarité ainsi que d'atteinte à l'image et à la réputation du service public d'enseignement".
Cette lettre que je ne peux pas rendre publique pour l'instant consiste à citer avec moult inexactitudes une vingtaine de mes propos tenus sur le réseau social Twitter parmi les dix-sept-mille-six-cents que j'y ai publiés depuis que j'y suis inscrit. J'ai mis deux jours à la lire jusqu'au bout tant elle me tombait des mains à chaque ligne. En la lisant me sont revenues les paroles que Platon met dans la bouche de Socrate au moment de son procès : en écoutant mes accusateurs, j'ai presqu'oublié qui j'étais, tant leur discours étaient persuasifs. Mais passons. Ce procédé rhétorique est en l'espèce si mal employé qu'il ne mérite pas que je vienne mêler Socrate à cette farce. Je n'ai pas coutume de faire état des mots de remerciements que je reçois parfois de la part d'anciens élèves : je me contente d'en glisser quelques-uns dans mon petit cartable, cartable que je n'ouvre d'ailleurs jamais mais que je ne quitte jamais non plus pour cette raison, et cela me suffit pour me rappeler qui je suis.
L'engagement de cette procédure disciplinaire m'a été annoncé alors que je suis fort impliqué dans les élections professionnelles, conduisant notamment la liste d'Action & Démocratie/CFE-CGC au scrutin du Comité social d'administration ministériel et figurant également en position éligible sur la liste que nous présentons au Comité social d'administration de l'académie d'Aix-Marseille. Inutile de souligner que les membres de ladite commission paritaire siégeant en formation disciplinaire, s'agissant de ceux qui y représentent les personnels, sont également candidats à ces élections en sorte que l'on me convoque à une commission composée de représentants d'organisations syndicales concurrentes, et dont certains sont, qui plus est, des adversaires, voire des ennemis personnels de longue date comme peuvent en témoigner quelques-uns ici même.
J'ai été contraint, samedi 5 novembre, à rendre public le fait qu'une procédure disciplinaire était engagée contre moi car cette nouvelle avait commencé à circuler au sein de l'académie alors que, depuis plus d'un mois, je m'astreignais à ne pas en dire un mot, étant par ailleurs entièrement occupé à la préparation d'élections professionnelles dont l'enjeu pour l'avenir de l'éducation nationale est décisif.
Depuis fin décembre 2021, je suis harcelé et régulièrement diffamé sur Twitter et d'autres hauts lieux de l'intelligence et de l'élégance après que Madame Aurore Bergé ait annoncé qu'elle portait plainte contre moi en réaction à un propos qu'elle n'a évidemment pas lu attentivement, libérant à mon endroit une parole haineuse et parfois pire. Plusieurs députés, responsables d'associations anti-racistes, gardiens auto-proclamés de la bonne pensance en France ainsi que plusieurs personnalités publiques, encouragés par la sortie d'Aurore Bergé, ont réclamé ma tête, qui auprès de l'éducation nationale, qui auprès de la CFE-CGC et qui auprès de Twitter. Un fou furieux qui faisait partie de mes relations amicales ici jadis m'a même accusé, suite à mes propos en faveur de la paix, d'être une canaille poutinienne. Je ne parle même pas de Sophia Aram, de Raphaël Enthoven et de toute la clique. Encore avant-hier, un chef d'établissement sous anonymat sur Twitter me traitait avec autosatisfaction de connard et je ne sais plus quoi, jusqu'à ce que je cite son chef d'œuvre en le commentant d'un sobre "il suffit !" et qu'il le supprime en ne ratant pas une nouvelle occasion de faire le malin. Un chef de cabinet, ancien conjoint d'Aurore Bergé et actuellement compagnon d'Agnès Pannier-Runacher, s'est également permis de m'insulter à deux reprises sur Twitter dont la dernière fois en se vantant publiquement de "bloquer ce cinglé de R Chiche". Un chef de cabinet du ministre de l'éducation de l'époque, Jean-Michel Blanquer, dont l'effectivité du travail au cabinet reste à établir, soit dit en passant !
Quelle infâmie en vérité, je vous le dis !
Cette procédure est scandaleuse. Ceux qui se servent de l'institution pour me poursuivre et satisfaire un désir de vengeance personnelle vont le payer cher. Ceux qui, au sein de l'institution, se servent de leurs fonctions pour y prêter leur concours vont aussi le payer cher. La turpitude ne triomphera pas. Pas cette fois.
☐ Je suis allé consulter mon dossier au rectorat pour prendre connaissance des éléments sur la base desquels l'administration engageait une procédure disciplinaire contre moi.
Comme j'ai trouvé qu'il était vide, j'y ai déposé mon livre sur la désinstruction nationale.
Ainsi, tous les membres de la commission paritaire siégeant en formation disciplinaire auront matière à penser.
Le jour J, je ferai un contrôle de lecture.
À suivre.
☐ L'Éducation nationale, en la personne du recteur d'Aix-Marseille a décidé d'engager une procédure disciplinaire à mon encontre. La lettre de quatre pages qui m'en informe commence ainsi : "Il apparait que vous avez tenu des propos inappropriés vis-à-vis de personnalités publiques, de la politique sanitaire française et du conflit opposant la Russie à l'Ukraine sur le réseau social Tweeter (sic)".
Le délit d'opinion est-il rétabli ?
René Chiche |