Jean Mizrahi
À l'évidence, les Américains commencent à prendre peur de la possible évolution du conflit ukrainien. Rien ne leur permettait en effet d'affirmer comme ils le font désormais que le missile qui a atteint la Pologne était ukrainien. Une réaction tellement rapide (alors qu'on ne sait toujours pas qui a fait sauter NorthStream, curieux non ?) pour désamorcer le problème en dit long sur la nervosité qui commence à se faire jour. Les États-Unis n'ont absolument aucune envie que soit déclenché l'article 5 de la charte de l'OTAN.
Intéressant d'ailleurs d'observer la volte-face des médias occidentaux : le 15 novembre c'est un crime grave des Russes, le 16 novembre c'est devenu un simple "incident". Les médias ne sont désormais plus que des relais de propagande maladroits qui sont obligés de se corriger eux-même après avoir fait trop de zèle. À quand de vrais médias qui font leur travail ?
Les Américains donnaient déjà le sentiment depuis plusieurs jours de mettre l'épée dans les reins de Zelensky pour qu'il négocie avec la Russie. Aucun doute qu'il risquent d'aller un cran plus loin dans cette direction, ce qui va poser un problème de conscience majeure au dirigeant ukrainien : comment négocier sans accepter des pertes de territoire alors que l'armée russe est solidement installée de l'autre côté de fleuves qui sont des barrières difficiles à franchir ? L'extrême droite ukrainienne, qui reste puissante même si elle a perdu des forces dans les combats, ne laissera pas Zelensky négocier autre chose qu'un retour des territoires occupés par la Russie, avec la Crimée également en question. Un choix cornélien pour le joueur de piano.
On va souhaiter beaucoup de patience aux négociateurs s'ils se mettent à la même table, et un gilet pare-balles très efficace à Monsieur Zelensky s'il se met d'accord avec les Russes.