Yann Bizien
Je croyais jusqu'ici que Reporter sans frontières défendait la cause de tous les journalistes quels qu'ils soient. Je pensais que le travail des journalistes consistait à remuer la plume dans toutes les plaies. J'imaginais naïvement qu'ils entendaient résister à la censure pour être capables d'écouter tout le monde sans distinction de race, d'origine et de religion.
Durant le grand festival annuel des reporters de guerre à Bayeux, dans le Calvados, j'avais personnellement vu le patron de Reporter sans frontières, Robert Ménard, à l'époque, défendre un reportage de Paris Match sur les talibans après le massacre de nos 10 soldats français dans l'embuscade de la vallée d'Uzbin le 18 août 2008 en Afghanistan.
Je me trompé.
Reporter sans frontières vient de saisir le Conseil d'État pour attaquer l'ARCOM et dénoncer la diffusion de médias russes par l'opérateur satellitaire français Eutelsat, feignant d'ignorer que la propagande de guerre ne concerne pas que la Russie et l'Ukraine mais également tous les pays membres de l'OTAN.
Le journalisme est par nature partisan. Il n'est jamais totalement objectif. Sa prétendue indépendance ne fait qu'illusion. Personne ne peut honnêtement croire que la presse ne penche jamais d'un côté.
Pour comprendre la guerre, et pour l'expliquer, il est important de savoir entendre toutes les parties et de protéger ses sources. Et il est nécessaire d'avoir des qualités de discernement.
Les journalistes nous donnent des leçons moralisatrices qu'ils ne s'appliquent, hélas, jamais à eux mêmes.