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14 décembre 2022

Le symptôme du foot…

Jean-Pierre Clément-Jabouina
Secrétaire général du RPF

- 13/12/2022 -

Le dispositif policier laisse rêveur, 10 000 hommes et des interdictions d’accès en pagaille pour canaliser des supporters marocains, dont on nous dit, à la télévision que ce ne sont que des jeunes gens heureux qui fêtent le parcours exceptionnel de l’équipe de leur pays d’origine. On n’a jamais vu un tel dispositif pour gérer les fils de l’immigration espagnole, très nombreux en France et qui ont une équipe qui a un autre palmarès que celle du Maroc. Non, ces « jeunes »-là ont habitué le pays à leur volonté d’en découdre avec l’État français, leur pays, puisqu’ils sont censés être Français. En plus, les fils de l’immigration espagnole, nés en France, pour la plupart, quand la France joue contre l’Espagne, soutiennent la France, donc leur pays. Personne ne s’étonne du fait que ces jeunes issus de l’immigration marocaine, tous nés en France, la plupart même, de la seconde, voire troisième génération, soutiennent un pays d’origine que, pour beaucoup, ils ne connaissent pas.

En réalité, la posture et les paroles des joueurs, de certains joueurs, ne trompent personne. C’est pour eux la victoire des musulmans contre l’occident. Sofiane Boufal a remercié les supporters de son équipe, estimant que « cette victoire appartient à tout le peuple marocain, à tous les peuples arabes, et à tous les peuples musulmans du monde ». Le décor est planté et on a peine à croire que cela se cantonne au simple jeu de foot. Le foot sert de symbole, par delà le sport, à une forme de revanche, sinon de guerre, contre l’Europe et la France, colonisatrices, et, si cela ne va pas jusqu’à cette extrémité pour tout le monde, l’affaire se transforme en affrontement politique, idéologique et culturel, pour une fraction si importante, qu’elle nécessite un dispositif policier hors norme. Surtout, Darmanin a encore bien présent à l’esprit, un fiasco retentissant au stade de France, avec un débordement massif des dispositifs de sécurité ayant débouché sur le détroussage violent et en règle, de nombreux supporters étrangers. Darmanin, jamais à court de mauvaise foi, avait accusé les supporters anglais, qui l’a cru ?

Plus étonnant, le roi du Maroc n’a pas bougé, là où son père, Hassan II, savait calmer le jeu depuis Rabat. On en est réduit à fourbir les armes, sans doute des deux côtés et à faire des prières car on n’est pas avec les Gilets Jaunes, qui pouvaient être matraqués à loisir et quasiment sans conséquence. Là, le moindre bobo sur l’un de ces joyeux drilles, va se transformer en racisme systémique et violences policières récurrentes, le tout soigneusement monté en épingle par les amis de celui qui vient d’être condamné pour violences conjugales. Voilà comment un simple match de foot se présente comme un exercice à haut risque, dans un pays qui se ment à lui-même depuis 40 ans et se voit confronté à une réalité qu’il ne veut pas voir.

Il va falloir se résoudre, un jour, à faire comme l’immense majorité des pays de cette planète : supprimer la double nationalité, le droit du sol, le regroupement familial et l’aide sociale aux étrangers et gérer les problèmes déjà présents, avant de continuer à se piquer de discours devenus hors de la réalité.