Translate

3 décembre 2022

Restrictions : le peuple responsable et coupable

Gilles La Carbona

Borne vient d’adresser une note aux préfets leur indiquant les mesures à prendre en cas de coupures de courant et surtout, les conséquences de ces « délestages ». À la lecture de sa prose, on constate une fois de plus le manque de vision, mais surtout d’empathie. Sans sourciller, elle annonce une impossibilité de joindre les urgences, l’absence de liaisons téléphoniques mobiles et fixes et d’internet, le tout avec un cynisme hallucinant. Elle ne se pose pas la question du sort qui sera réservé aux personnes accidentées à ce moment-là, ni de celles qui sont chez elles, en assistance respiratoire, ou avec des appareils nécessitant une alimentation électrique continue. Ils peuvent toujours mourir ?

Ce régime œuvre toujours de la même manière et dans tous les domaines. Pour la santé, il commence par fermer les lits, laisser des services en sous-effectif, quitte à ne pas réintégrer les suspendus, arguant que ça ne changerait rien, pour ensuite rejeter la faute d’une incapacité à accueillir les patients sur les patients eux-mêmes. En matière énergétique c’est pareil, si nous devons couper c’est parce que vous consommez trop. Non, les coupures résultent uniquement des décisions de fermeture des centrales. Les responsabilités de ce gouvernement sont pleines et entières, pour la santé, la justice, la police, l’armée, l’éducation : tout ce qu’il a touché est devenu moribond.

Il est surtout inadmissible de les savoir à l’abri dans des tours d’ivoire, à ne jamais devoir rendre de compte, ni sur le plan politique, ni sur le plan juridique. Economies, vies, structures, infrastructures, services, ont été défaits sans que jamais les destructeurs ne soient tenus de s’expliquer. Le peuple est ainsi condamné à subir la folie de ces actions, mais aussi sommé de trouver des solutions, c’est à lui de se sacrifier pour colmater les avaries. Borne nous explique qu’elle combat les maux qu’elle a créés, avec Macron, en expliquant aux citoyens qu’ils sont à la fois responsables et coupable des conséquences désastreuses des décisions gouvernementales.

L’économie s’effondre à cause des sanctions contre les Russes, dont l’absurdité saute aux yeux, mais c’est la faute de la Russie, qui ne se soumet pas, sans doute ? Ce régime a besoin en permanence de se trouver une excuse, il n’est jamais responsable de rien, surtout il s’avère toujours incapable d’anticiper correctement, parce qu’il ne sait pas faire, ou parce qu’il ne le veut pas ? L’exaspération des citoyens ne cesse de monter, entre difficultés financières, privations, restrictions, effets secondaires vaccinaux et on se demande s’il y aura un genre de pic, entraînant un basculement après lequel les événements pourraient s’enchaîner dans une violence insoupçonnée. Pour autant, les oppositions institutionnelles n’ont pas l’air de se réveiller, alors que commencent à poindre des mouvements de grève et que faute de remplir leur rôle, les opposants parlementaires prennent le risque d’être débordés par leurs bases, plus sans doute après, qu’avant Noël. Ce président nous a apporté une forme de gouvernance tout à fait inédite, à la fois méprisante et destructrice, mais les oppositions innovent également, par leur inaction, leur incapacité à remplir leur rôle et pour tout dire, un genre de connivence tacite avec le pouvoir.