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28 février 2023

Jonathan Sturel

L'État totalitaire a déjà réussi à transformer ses victimes en complices.
Hier, sur le fauteuil de la coiffeuse, celle-ci se plaint des gens qui gaspillent l'eau. En soi, c'est effectivement insupportable. De là, elle glisse vers une idée : comme les gens ne sont pas raisonnables, il faut interdire par la loi ! Interdire de laver sa voiture, interdire de remplir sa piscine, interdire d'arroser son potager. Et elle ne s'arrête pas là : il faut que des agents contrôlent la consommation de chaque foyer pour vérifier, je cite, « que les gens obéissent » !
Voilà toute l'horreur totalitaire dans sa démonstration : on commence par amadouer les gens avec des intentions nobles et légitimes, ici le refus du gaspillage, et aussitôt après, lorsque la greffe mentale a fonctionné, on passe aux mesures de coercition, aux policiers qui viennent contrôler ce que vous faites chez vous, aux agents publics qui vous signalent à la préfecture, aux dénonciateurs qui, pour la bonne cause évidemment, passent des appels anonymes au commissariat pour indiquer à la police que vous avez arrosé vos tomates, comme ils vous dénonçaient hier lorsque vous aviez plus de trois invités chez vous un soir de couvre-feu.
La servitude volontaire dont parlait La Boétie n'est pas un mythe : elle existe et BFM a bien travaillé pour la démocratiser. Le souffle de la liberté qui anime normalement les individus et les peuples est en train de s'éteindre petit à petit, à mesure que l'on transforme les victimes en complices de leur propre esclavage.