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24 février 2023

Le paradoxe boursier

Maxime Tandonnet


7317 : c’était le niveau du CAC 40 ce matin, en hausse. Le 11 mars 2003, il était à 2406. Et depuis, par-delà les soubresauts, il ne cesse de monter avec un quasi triplement. Nous sommes dans un étrange paradoxe. Il est à peu près indéniable que la France réelle connaît un effondrement dans tous les domaines : explosion du déficit extérieur (record absolu avec 160 mds en 2022), signe de la désindustrialisation ; hausse de la dette publique (de 2000 à 3000 mds en dix ans) ; désastre des services publics, notamment sanitaire ; chute vertigineuse du niveau scolaire (France avant-dernière en mathématiques) ; chômage considérable (3 à 5 millions de personnes privées d’emplois) nonobstant les mensonges officiels ; montée de la pauvreté (10 millions sous le seuil de pauvreté selon l’INSEE et deux millions de RSA) ; écrasement fiscal (là aussi malgré les mensonges) à en juger par les records de prélèvements obligatoires (45% du PIB avant-dernier derrière le Danemark) ; montée de l’insécurité, avec des hausses continues chaque année des violences aux personnes ; incapacité à maîtriser les flux migratoires (320 000 premiers titres de séjour en 2022 et 150 000 demandeurs d’asile, record absolu), misère des Armées (impossibilité de disposer de plus de 200 chars). À cela s’ajoute la banalisation de la corruption en politique (non démission des mis en examen), et la crise de confiance démocratique qui atteint des sommets. Il faut beaucoup d’aveuglement pour nier cette réalité. Et pourtant, par delà ce naufrage avéré, global, la bourse pulvérise tous les records. Ces propos ne relèvent pas de l’idéologie anticapitaliste ! Mais juste du constat, d’un questionnement, une interrogation sur des faits. À la vue de ce paradoxe, il pourrait sembler que la finance prospère sur le malheur collectif et la désintégration de la nation et de la démocratie. La bourse est comme déconnectée de la réalité, elle monte quand le pays s’effondre. Ni les virus, ni les troubles sociaux, ni les menaces de guerre et d’anéantissement ne paraissent la perturber le moins du monde. Elle donne le sentiment de se gaver sur le malheur, le chaos, l’appauvrissement, la détresse et les peurs et même de profiter du déclin. À vrai dire, je n’ai pas d’explication claire et encore moins de solution. Mais une ultime question : jusqu’où cela peut-il durer ?
Publié le 24 février 2023