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20 février 2023

Quand le méchant capitalisme enrichit les salariés

H16

Décidément, il ne fait pas bon en France être salarié de grandes entreprises capitalistes : comme tous les syndicalistes, les collectivistes et les fines épées de la NUPES le répètent, ces groupes ne sont que les repaires de patrons exploiteurs et y travailler revient à s’asservir à des cadences infernales pour des salaires de misère. L’horreur, quasiment la lutte des classes !

Et puis dans le monde réel, on apprend que certaines entreprises distribuent des primes exceptionnelles à leurs salariés : c’est en tout cas ce que va faire Hermès, l’entreprise de luxe française, qui accorde ainsi – toute honte bue – une prime de 4000 euros à tous ses salariés suite à une année 2022 particulièrement bonne.


Ici, on doit clairement soupçonner une manœuvre particulièrement méchante du patronat pour faire croire qu’une entreprise qui engrange des bénéfices pourrait en distribuer une partie à ses salariés, ce qui est évidemment un mensonge antimarxiste éhonté et qui doit donc être combattu avec la plus grande fermeté. Nous attendrons donc que les fact-checkers fassent leur travail de débusquage de l’évidente combine louche que cache cette distribution d’argent qui ne peut être honnête puisqu’elle ne vient pas de l’État, enfin voyons !

Cependant, il y a pire : et comme dans ce monde il n’y a pas de coïncidences mais seulement des complots ourdis de mains de maître, on doit immédiatement considérer que le cartel des Capitalistes à Haut de Forme Mangeurs d’Enfants Communistes a encore frappé puisqu’on apprend aussi, éberlué, que les salariés de la Redoute vont eux aussi encaisser un très solide chèque cette année.

Pas de doute, ces salauds de capitalistes veulent semer la richesse et la confusion dans les rangs du salariat ! C’est immonde !


En effet, en 2014 et alors que l’entreprise de distribution montrait de grandes difficultés à surmonter la crise qui s’emparait alors de ce secteur, un millier de ses salariés avaient accepté d’investir dans la relance de leur entreprise, au moment de la vente par son propriétaire d’alors, Kering, à deux de ses dirigeants (Éric Courteille et Nathalie Balla). L’investissement minimum de l’époque était de l’ordre d’une centaine d’euros, mais avec le capital ainsi levé auprès des salariés, l’entreprise a pu se redresser au point que sa valeur actuelle dépasse maintenant le milliard d’euros : à présent rachetée par les Galeries Lafayette en décembre dernier, c’est une jolie culbute financière qui attend ceux qui ont participé à la première levée de fonds puisqu’ils vont se partager 100 millions d’euros, soit autour de 100.000 euros chacun en moyenne en fonction de la mise de départ.

Pour une mise modeste, voilà qui est réjouissant un enrichissement scandaleux d’actionnaire sur le dos des salariés et qui mérite immédiatement une nouvelle loi ou, au moins, une furieuse taxe pour calmer tout ce petit monde de capitalistes débridés, ne trouvez-vous pas ?


En pratique, ces deux petites nouvelles réconfortantes montrent plusieurs choses.

D’une part, lorsque les individus sont directement confrontés à des choix d’investissement dans des domaines où ils participent directement, leurs choix ne sont pas forcément les moins éclairés : eh oui, si, de façon évidente, tout le monde ne peut pas s’improviser gestionnaire de fonds, tout le monde peut, de temps en temps, mettre une petite somme d’argent (ici, on parle de 100€) dans l’une ou l’autre entreprise dont on connaît les performances, la structure, les perspectives et les produits.

On s’étonne que ce qui semble assez pratique et simple dans ce cas-là soit refusé, poings fermés, par une grande partie des salariés lorsqu’il s’agit de se constituer un patrimoine de retraite et ce malgré les évidences déjà rappelées dans ces colonnes : la capitalisation bat systématiquement la répartition et permet de partir en retraite ou plus tôt, ou avec une meilleure pension, ou les deux que ce que permet un système par répartition à bout de souffle et sujet au petit théâtre pathétique parlementaire, à toutes les bidouilles gouvernementales et à tous les jeux de pouvoirs malsains auxquels on assiste actuellement.

Ceci montre aussi l’absolue nécessité de la création de richesse, qu’elle soit au travers de chaînes de distribution comme la Redoute ou par le luxe comme Hermès, et dans tant d’autres domaines : cette richesse aboutit effectivement à de la redistribution quantifiable au niveau des salariés, c’est-à-dire tout l’inverse de la redistribution étatique faite de coupons, de tickets et autres chèques-bidules et aides-machins dont l’aspect symbolique n’échappe plus qu’aux élites complètement coupées de la réalité. L’État, incapable de créer de la richesse, ne redistribue jamais que l’argent pillé à droite ou à gauche, ce qui se traduit surtout par une égale répartition de la misère.


Plus à propos, cela montre surtout que sans cette création de richesse, il n’y a tout simplement rien à redistribuer ensuite. C’est bête d’évidence mais l’écrire et le répéter semble nécessaire tant les gouvernements qui se succèdent ne distribuent essentiellement que de la dette, accumulée maintenant à hauteur de 3000 milliards d’euros, un chiffre tellement énorme qu’il n’a plus aucune signification pour un individu lambda autre que l’assurance maintenant inévitable d’une ruine future de tout ce système.

Malgré ces constats, l’État s’acharne pourtant à piller les entreprises, au travers de taxes et de lois toujours plus stupides votées par des parlementaires à l’idéologie calcifiée depuis plus d’un siècle sur des notions dépassées et inopérantes.

Ces deux exemples sont pratiques car saillants mais il en existe des paquets d’autres, dans ces milliers de PME qui reproduisent les mêmes mécanismes, à leur échelle et plus discrètement, en dépit des monceaux de barrières et de lois toxiques que l’État s’emploie à pondre à rythme toujours plus soutenu.

Heureusement, aucun de ces exemples, saillants ou non, ne sera utilisé par un parlementaire afin d’améliorer le sort des entreprises et des salariés français, au contraire même.

C’est d’ailleurs pour cela que ce pays est foutu.