Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF, chargé du suivi de la vie parlementaire
Les députés de Renaissance qui ne voteront pas la réforme des retraites seront exclus et perdront leur place en commission. C’est l’information qui est passée sur BFMTV. On ne saurait être plus clair, or « Tout mandat impératif est nul », affirme l’article 27 de la Constitution de 1958 : cela signifie que les députés se déterminent librement dans l’exercice de leur mandat. Ils ne sauraient être prisonniers d’intérêts locaux ou catégoriels. Aucune injonction à agir dans tel ou tel sens ne peut leur être adressée.
Il y a lieu pour les oppositions de saisir le Conseil Constitutionnel pour destituer l’ensemble de ce groupe, le dissoudre, et demander l’annulation du futur vote, entaché par cette consigne.
C’est sans doute là l’erreur qui pourrait nous sauver de la catastrophe à venir, et remettre la démocratie au cœur de notre république.
On savait la Macronie peu encline à respecter les règles mais on l’espérait plus fine. Il est vrai qu’en matière de délicatesse et d’habilité d’esprit, il y a longtemps qu’elle ne trompait plus personne. Sa vantardise la perdra, il ne fallait pas officialiser cet oukase qui aurait dû rester secret.
Qui aura assez de cran pour se dresser contre cet ordre, qui osera affronter ce pouvoir ? Le chantage aura-t-il raison de la liberté de penser, d’agir des députés ? Où sont-ils d’ores et déjà totalement phagocytés par le gourou, incapables de porter leurs convictions jusque dans l’hémicycle, tout juste bon à courber l’échine et à obéir ?
Que le Conseil Constitutionnel ne vienne pas nous sortir une excuse bidon. La déclaration a été publique, suffisamment précise et détaillée pour que le futur vote soit entaché de cette irrégularité, qui ne peut souffrir d’une quelconque once de proportionnalité. À partir du moment où il y a pression et menace, le vote n’est plus libre et éclairé, il est donc nul. C’est bien le cas, d’autant que cette communication a été faite suite à une réunion de groupe à l’Assemblée nationale. On ne saurait nous opposer qu’il s’agissait d’un entretien informel privé, dont les décisions n’avaient pas un caractère impératif. C’est exactement l’inverse. Même ceux qui étaient convaincus du bien-fondé de cette réforme ne sont plus crédibles, on ne pourrait, sans faire preuve d’une mauvaise foi avérée, faire le tri entre les votants. Seuls ceux qui auront voté contre pourront se prévaloir d’une liberté totale de leur choix, les autres non. Dans ce cas le vote est nul et le groupe doit être sanctionné. Nul ne doit s’exprimer sous la menace d’une sanction, ou d’une contrainte, c’est la définition contraire de la liberté et dans ce cas précis de l’exercice d’un mandat électif.
Il appartient donc aux députés de l’opposition de se saisir de cette affaire pour faire tomber ce gouvernement, ou du moins nous débarrasser de cette loi une fois qu’elle aura été votée, si tel est le cas, par cette macronie placée de fait, dans l’illégalité la plus totale. Mais vont-ils le faire ? Avec eux, tous les renoncements étant possibles, rien n’est moins certain. Si nous savons que c’est envisageable, eux dont c’est le métier aussi. Nous les observons, qu’ils ne se trompent pas. Quant aux députés de Renaissance, nous ne pouvons que les engager à faire preuve d’un sursaut d’orgueil et de dignité. Que représenteront-ils aux yeux de leurs électeurs après s’être pitoyablement couchés pour une place en commission ? Dormiront-ils paisiblement, la conscience tranquille, sans penser qu’ils se sont compromis et humiliés jusqu’à abandonner leur libre pensée ? Il y a eu un moment où ceux qui n’ont plus suivi Robespierre ont eu un destin plus agréable que les autres…