Cette réforme des retraites est un grand psychodrame politique et social inachevé.
Il dresse aujourd'hui le portrait d’une démocratie abîmée et dévoyée mais aussi d’un paysage politique morcelé et éclaté ou chacun s’est empêtré sans des postures stériles qui n’ont pas pu empêcher un pouvoir autoritaire et sans majorité absolue d’aboutir sur une démarche législative qui aura été pour tous une grande leçon de machiavélisme et de cynisme.
La fébrilité d’État, la défiance, l’hostilité et la rupture se sont installées entre le pouvoir et le peuple. Elles ne vont pas s’évaporer par enchantement ni même avec "l’adresse" d’Emmanuel Macron aux Français ce lundi 17 avril à 20h00.
Bien au contraire.
Si le parcours législatif de la loi est désormais achevé, cette crise des retraites n’est pas close. Car la promulgation officielle de la Loi CETTE NUIT accentue encore la contestation. La déception, la frustration, la rage et la colère des Français ne retombent pas. Le débat juridique n’est pas clos puisque le Conseil constitutionnel reste saisi d’une seconde proposition de Référendum d’initiative partagée.
Sur le plan politique, la gauche promet de ne pas lâcher prise et d’empoisonner la suite du second quinquennat, y compris durant les JO. Marine Le Pen se contente sagement de donner rendez-vous aux électeurs en 2027. Les Républicains sans conviction se sont enfermés dans un entre deux illisible et suicidaire.
Pour les syndicats, "le combat n'est pas terminé" parce que le président n’a pas répondu à leur demande de ne pas promulguer cette Loi sur les retraites.
Emmanuel Macron, conspué, a perdu la bataille de la confiance et de l’opinion. Il n’est pas parvenu à convaincre les actifs. Le récit de l’exécutif sur cette réforme aura définitivement échappé à ses médiocres architectes.
Le Président nous dira encore une fois qu’il a tiré les leçons des trois derniers mois. Il redira aux Français sa volonté de changer de pratiques et de mode de gouvernance. Il ressortira du chapeau une option pouvant l’aider à reprendre la main et à enrayer cette crise telle que la "grande concertation sur l'impôt". Et ses courtisans assureront le service après-vente dès la fin de son « adresse aux Français » lundi soir sur les plateaux.
Dans la France déplorable, déclassée, décadente et ingouvernable d’Emmanuel Macron, tout se répète, mais rien ne change vraiment. Son quinquennat est bloqué car il a les deux tiers de la population contre lui avec une immense faille de défiance.
Posez donc la question aux Gilets jaunes. Ils vous rétorqueront que c'est tout le système qu'il faut abattre, changer et assainir. Ils attendent non pas une révolte, mais une révolution.
Dans ces conditions de rupture, l’apaisement est improbable et la paix politique est impossible.