C'est assez logique : on est dans une société de la peur, donc pointer les dangers d'une technologie est devenu un automatisme vendeur. De l'autre côté, ceux qui peuvent en parler de façon positive ne sont pas les plus prolixes et se cantonnent généralement à des communications de niche dans des médias dédiés avec peu de portée publique.
Comme vous l'avez déjà lu, je suis loin de hurler avec les loups et je vais même jusqu'à affirmer qu'en fait d'intelligence artificielle, on devrait parler de stupidité artificielle, parce que ces algorithmes n'ont aucune créativité, aucune inventivité, aucune humanité, tout simplement. Ce sont des outils, avec un potentiel énorme, et il faut apprendre à vivre avec, sans basculer dans la science fiction apocalyptique. Un peu comme les mathématiciens ont dû apprendre à faire leur métier avec des calculatrices puis des ordinateurs, qui loin de les remplacer, n'ont fait que suppléer et développer leurs compétences jusqu'à des sommets insoupçonnables il y a encore ne serait-ce que 20 ou 30 ans.
L'un des gros points "noirs" sur la technologie IA actuelle est qu'elle se base sur des modèles en grand nombre pour "apprendre" et fonctionner. Les "risques" qui pèsent sur la société, ne sont en fait que des problèmes de droits intellectuels : lorsqu'une œuvre a été utilisée pour entrainer un algorithme, y-a-t-il contrefaçon, plagiat ou vol ? À mes yeux, la question est idiote, parce qu'un humain apprend par réplication. Personne n'écrit un roman sans avoir lu au préalable des dizaines, voire des milliers de textes. Personne n'apprend à dessiner ou peindre sans se baser sur des modèles. Les algorithmes ne font rien d'autre que ce que les humains font eux-mêmes.
Vous avez vu sur mon fil et probablement pas mal d'autres des images générées par l'IA, que ce soit Midjourney ou autre. La photo qui accompagne ce laïus ne fait pas exception, sauf qu'ici c'est moi-même qui l'ait "générée", via un "prompt" (un texte descriptif), avec l'un des outils de Stable Diffusion. Il y en a des tonnes, plus ou moins "bons", plus ou moins "artistiques", entrainés les uns pour des personnes, les autres pour des paysages, d'autres encore pour des véhicules ou des animaux, etc. Celui que j'ai utilisé met l'accent sur le réalisme.
Et je dois dire que le résultat est absolument bluffant, même pour moi qui ait plutôt l'habitude. Si je ne l'avais pas générée moi-même, pour être honnête, je serais totalement incapable de dire si c'est une photo retouchée sous photoshop (la peau est trop "parfaite", standard magazines), ou si c'est une fille avec un maquillage pour de la photo (comme on peut voir sur instagram ou ce genre de plateformes). Je n'aurais même pas pensé que ça pouvait être une image générée.
Sur la vingtaine d'images que j'ai généré, une petite moitié était "non conforme", il était évident que c'était généré par IA, mais le reste, c'est de ce tonneau-là. Et ça, c'est en utilisant un simple prompt à la con sur une interface web extrêmement pauvre.
L'étape suivante, c'est l'installation complète d'une interface python/Git avec les modèles ("checkpoint", ce sont des bases servant de référence pour la génération d'images), sur mon ordinateur perso, plutôt que de passer sur une interface Discord ou web. Ce type d'installation permet de faire des retouches sur les images générées, en y insérant des éléments extérieurs, en faisant modifier des éléments générés par d'autres générés eux aussi (typiquement, remplacer des vêtements ou un fond d'image). Ça permet aussi de créer soi-même ses propres "modèles" en "entraînant" l'algorithme, pour créer des choses radicalement différentes.
Il est évident à mes yeux que ces outils seront incontournables très rapidement dans les domaines artistiques visuels (probablement moins dans le domaine littéraire, même s'ils prendront quand même de l'importance), au même titre que les instruments numériques sont devenus incontournables il y a 20 ans. Plus personne ne travaille sans tablette numérique, plus personne ne travaillera sans IA.
L'IA est un outil, qu'il faut apprendre à maitriser pour s'en servir, au lieu d'en avoir peur.