J'ai passé mon enfance en Normandie et en Bretagne, puis j'ai goûté aux délices de la vie parisienne, avant de découvrir, avec ravissement, les beautés et le climat si agréable du sud de la France, en Provence, au pays basque et finalement en Catalogne nord.
Dès l'adolescence, je me suis passionné pour les spiritualités orientales, qui ont forgé ma vision du monde : d'abord le bouddhisme tibétain, puis le bouddhisme zen japonais, le vedanta indien, le soufisme moyen-oriental, avec une prédilection personnelle pour le taoïsme chinois.
J'ai ensuite découvert, avant qu'il ne dégénère, le New Age étatsunisen, qui m'a beaucoup influencé.
Quelle est donc mon identité ?
Suis-je normand, breton, parisien, provençal, basque, catalan, asiatique ou bien étatsunien ?
Un peu tout cela évidemment, un mix, un amalgame, une personnalité composite, comme la plupart d'entre nous.
Voilà pourquoi je ne pourrai jamais me déclarer patriote ou nationaliste, ces appellations me semblant réductrices et, au final, inexactes, car ne décrivant pas et ne recouvrant pas la réalité, la complexité et la diversité de mes goûts, inclinations, attirances et centres d'intérêt.
Car nous ne sommes plus, comme il y a quelques siècles ou même décennies, au temps où nous restions, la vie durant, sur le même territoire, ne connaissant du monde qu'une portion extrêmement limitée.
La mondialisation culturelle et les voyages sont passés par là, nous ayant fait connaître tant d'autres cultures et traditions.
Et c'est là chose heureuse et bénéfique, qui nous a ouvert l'esprit et conduits à une vision planétaire de l'existence humaine, de ses enjeux, de son sens et de ses multiples et infinies possibilités d'épanouissement, d'enrichissement et d'accomplissement.
Si j'aime la France et suis fier d'être français, mon identité ne pourrait donc se restreindre à ce seul pays.
Ceci d'autant plus qu'au cours de mon adolescence, j'ai ressenti une profonde déception et un désaccord radical envers la civilisation occidentale, destructrice et arrogante, ignorant et méprisant superbement tant d'autres cultures, ayant cependant tant à lui apporter.
Je me souviens encore de la consternation que j'ai éprouvée, à l'université, en devant m'infliger la lecture de Kant et Hegel, ce qui m'a conduit à m'éloigner, pendant des décennies, de la philosophie occidentale.
Et c'est après un long voyage aux États-Unis, où j'ai découvert le sinistre envers du décor du rêve américain, que j'ai réalisé et compris la beauté, la subtilité, la finesse et la justesse de la culture et de l'esprit de mon pays d'origine.
Au final, c'est au terme d'une longue réflexion que j'ai enfin réalisé et compris le véritable sens, la véritable finalité de la civilisation occidentale, qui ne consiste pas à ressasser éternellement le culte de ses splendeur passées, mais à intégrer l'ensemble des autres cultures, et à en effectuer et élaborer une synthèse nouvelle, hardie, audacieuse, fertile et créative.
Beaucoup se déclarent aujourd'hui patriotes ou du camp national, voulant marquer, par là, leur refus de la mondialisation capitaliste et néolibérale et, plus encore, du totalitarisme et du transhumanisme, qui se profilent sinistrement à l'horizon. (...).
Mon opinion sur la question est que le critère pertinent, celui qui pourrait rassembler tous les êtres de bonne volonté, est la distinction entre société authentiquement démocratique et société totalitaire, de manière plus ou moins insidieuse et masquée.
Aussi, plutôt que de se déclarer nationaliste ou patriote, ce qui aujourd'hui n'a plus vraiment de sens ou de réalité, il me semblerait plus juste de se déclarer partisan d'un monde, où la volonté et la souveraineté du peuple serait réellement respectée et prise en compte.
Un tout autre monde donc, alternatif et écologique, authentiquement respectueux du vivant, comme de la liberté et de la diversité humaines, à imaginer et édifier ensemble !