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16 mai 2023

La dictature ? Mais enfin, quelle idée…

Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF, chargé du suivi de la vie parlementaire

Darmanin conforte Macron dans son obsession d’interdictions tous azimuts. Bien entendu, la macronie et certains observateurs vont nous répéter que tout cela procède de la volonté de ne pas troubler l’ordre public et que nous ne sommes aucunement en dictature. La France, le seul pays à avoir interdit la plateforme Rumble, RT, à être en tête des demandes de censures sur les réseaux sociaux, tout cela pour l’ordre public et le bien-être de la population. Nous serions curieux de connaître la définition qu’il réserve à cette notion de trouble qu’il met à toutes les sauces, allant même jusqu’à user de dispositions anti-terroristes pour interdire les manifestations. On peut raisonnablement penser que le même flou entoure celle qu’il donne à l’extrême droite. Il est impressionnant de constater que toutes les mesures qu’il s’ingénie à prendre pour empêcher ce fameux désordre, produisent l’effet exactement inverse.

C’est un peu la marque de fabrique de la macronie, il suffit qu’elle attende un résultat pour obtenir son contraire. Si l’État français était un état de droit, les diverses manifestations qui ont déjà été sanctionnées par la justice auraient fait jurisprudence, or il n’en est rien. Dernière en date, celle de la marche des anciens militaires. La justice l’a pourtant autorisée, ce qui n’a pas empêché la maréchaussée de verbaliser les participants. Entre obsession et cynisme, Darmanin impose des arrêtés qu’il sait illégaux, mais qu’à cela ne tienne, il insiste. Il pratique l’autorité pour tenter de donner l’impression de maîtriser son sujet et veut protéger Macron d’une contestation qui ne disparaît pas et qui empoisonne tout le gouvernement. Bien entendu toute ressemblance avec une dictature serait foncièrement déplacée répétons-le.

Ce terme est réservé aux autres… oui mais à qui ? Quel pays industrialisé moderne, dans le monde, peut rivaliser à ce jour, avec autant d’interdictions et de répression ? Quelle nation peut soutenir une comparaison plus défavorable ? On nous parle de la Corée du Nord, même de la Chine et de son crédit social, certes mais doit-on nécessairement se reporter à la tête du classement pour se convaincre que chez nous c’est le paradis ? N’oublions pas que nous avons été épinglés comme démocratie défaillante, il y a déjà quelque temps et que le même observatoire ne saurait détecter aujourd’hui une quelconque amélioration, bien au contraire. Quand un pouvoir interdit des manifestations à priori, en fonction simplement de la composition imaginaire qu’il leur attribue, ou d’une étiquette qu’il leur accorde, sans réel fondement, on peut légitimement penser que cet État n’est plus juste et équitable mais prend des décisions purement politiques.

Ce régime est aux abois et ne parvient plus à maîtriser la colère du peuple, pas plus qu’il ne se porte garant du reste. Quand il évoque la préservation de l’ordre public, les faits divers le contredisent immédiatement. Darmanain a beau s’exténuer à lancer des arrêtés en cascade, le constat est implacable. Plus personne ne les respecte. Le Ministre est totalement dépassé. N’en déplaise au pouvoir, ses agissements sont ceux d’une république en perdition, ne pouvant plus compter que sur la répression et des lois toutes plus restrictives, pour écarter le peuple et le faire taire, aidé en cela par une police et une gendarmerie qui, malgré les interdictions juridiques répétées, persistent à verbaliser les faux contrevenants, sans risquer la moindre sanction. Dans ces conditions, le spectre d’un état devenu policier n’est plus un simple fantasme. Face à cette agitation permanente, que peut bien faire d’autre Macron ? On l’a vu, il vide les rues de ses habitants, s’entoure de centaines de policiers… est-ce un mode de gouvernance pérenne ? Certes tous les ministres voudraient que l’on passe à autre chose, ce serait tellement plus simple en effet. On oublie le passage en force, et on attend le prochain. Hélas pour eux ça ne se déroule pas comme ils le rêvent et les difficultés que l’ensemble des membres du gouvernement rencontrent, pour ne serait-ce que se déplacer, ne sont pas près de cesser. Peut-on dire aujourd’hui que nous n’avons plus qu’un semblant de gouvernement, une ombre glissante d’un pouvoir en perdition et que le navire France est devenu un bateau fantôme ? Si l’image est forte elle n’est peut-être pas si éloignée que cela de la triste réalité. Alors que faire, attendre que le naufrage nous emporte tous, ou débarquer le pseudo capitaine pour reprendre un nouveau cap ?