Pierre Duriot
Les analyses de la violence des manifestants et des policiers, sont assez simplistes, dans les médias, qui s’appliquent à nous servir le monde manichéen dont ils ont l’habitude. Les bons Ukrainiens, les méchants Russes, le méchant virus et le bon vaccin, le gentil démocrate incompris et la méchante d’extrême droite, le bon migrant et le méchant xénophobe. Tout cela tombe avec le temps, mais sur le moment ça marche et deux semaines après, il faut « passer à autre chose », nous disent maintenant les ministres, avec les mêmes rebonds dans la voix, que quand ils serinaient, « la seule solution, c’est la vaccination ». Et les pseudos journalistes de répercuter : « c’est inadmissible dans une démocratie », devant les images de policiers molestés.
La première des violences est bien la violence d’État, qui se comporte comme un père qui bat sa femme, tout en enseignant à son garçon, qu’il ne faut pas battre sa femme. L’État bat son peuple, le brime, le ruine, le confine, le tue au travail, l’empêche de se soigner, de se nourrir, d’avoir des loisirs, lui demande d’être économe, écologique, frugal et respectueux, tout en faisant l’exact contraire de tout cela. En faisant l’exact contraire, avec en plus, un effet d’affichage, d’arrogance même : oui, mais nous, on a le droit de ne pas respecter la loi qu’on édicte. Insupportable. Mais il va plus loin, il laisse mourir les entreprises, alors qu’il pourrait sortir des tarifs européens de l’énergie, pour sauver les emplois et l’activité : il ne le fait pas et tout le monde le sait. N’est ce pas d’une grande violence ? La population est à l’image de ses gouvernants, devenue violente, de manière systémique, puisque le pouvoir ne répond plus que par la violence, de manière systémique également.
On ne peut pas s’émouvoir du policier en feu, plus que du Gilet jaune amputé. On ne peut pas condamner le jusqu’au boutisme des casseurs et accepter le jusqu’au boutisme du 49.3. On ne peut pas expliquer qu’il ne faut pas manquer de respect au président, quand le président évoque ceux qui ne sont rien. Et les solutions à cette violence systémique passent par des mesures qui ne résolvent rien. Par exemple, le président du syndicat des petits commerces explique qu’il faut penser à des indemnisations pour les commerçants qui se font fracasser leurs vitrines, parce qu’ils sont sur les itinéraires des manifestations. Ou alors, il préconise qu’on change de temps en temps les itinéraires, pour mieux répartir la casse, sans doute ? Le mieux ne serait-il pas de supprimer la casse ?
Violent toujours, le gouvernement n’écoute que si on casse et encore. Imaginez que 10 millions de personnes descendent dans la rue pour protester et que tout se passe bien, qu’il n’y ait pas le moindre heurt, pas de black-blocs, pas de casse, rien… que se passerait-il avec Macron ? Rien. Avec cet homme là, violent systémique lui aussi, on aurait droit à son traditionnel « Les Français m’ont élu », synonyme pour lui de « Je fais donc ce que je veux ». Clairement, la France a quitté le groupe des démocraties pacifiques, parce qu’elle n’est simplement plus, de fait, une démocratie dans laquelle, quand le peuple revendique, on l’écoute, on discute, on amende. Il n’y a plus rien de tout cela, on envoie les policiers à la baston, parmi lesquels, beaucoup commencent à douter du bien fondé des ordres et des missions.
Mais l’État fait pire, il sait qui sont les casseurs, il sait où ils habitent, il en laisse même venir de l’étranger, peut-être même qu’il commande leur venue et il ne les arrête pas. Il les laisse faire, casser, piller, blesser les forces de l’ordre et invoque les blessures subies par les forces de l’ordre, pour justifier encore plus de violence, non pas contre les casseurs en question, mais contre le peuple. Et cet État se situe, en ce moment, exactement juste avant l’ordre de tirer sur la foule, à balles réelles, achevant ainsi de passer officiellement dans le camp des dictatures. Et expliquer qu’on peut le faire, parce qu’on est les gentils, qu’on n’est pas l’extrême droite, ne trompera personne. Il y a une incongruité quotidienne à expliquer que le danger de l’extrême droite, c’est les autres et à se comporter comme un gouvernement d’extrême droite, qui n’écoute pas, ne discute pas, mais passe son temps à cogner, parce qu’il s’autoproclame le camp du bien.
Il serait pourtant possible de faire cesser cette folie, qui se cristallise autour de la personne du président, qui voulait qu’on aille le chercher. Il sait qu’il en est proche et se barricade, pire qu’un dirigeant de Corée du Nord, pour aller au foot. Avec une procédure de destitution, les motifs ne manquent pas, les députés arrêteraient cette violence et sauveraient également, en même temps, la peau du président dont la seule mention, la seule apparition, hérisse désormais, le poil de toute la nation. Il s’agirait, dans le respect de la constitution, d’une exfiltration symbolique et salutaire, qui apaiserait les tensions, au moins quelques temps et permettrait de lever la soupape d’une cocotte minute sociale et économique, qui n’en finit plus de monter en pression.