Intégré dans un groupe à l’idéologie commune et prenant aveuglément pour argent comptant le récit de l’autorité, l’individu soumis intellectuellement délègue son esprit critique à ladite autorité. Il n’existe plus en tant que sujet pensant mais en tant que cellule d’un corps qui le dépasse. Il ne pense plus, ne doute plus, n’ose plus savoir, il est emporté par une force supérieure, il suit le mouvement du corps. Ce transfert d’identité intellectuelle à l’autorité le rassure. D’abord parce qu’il se sent appartenir à un groupe, ensuite parce qu’il se met dans le camp de l’autorité, et enfin parce qu’il ne se sent pas responsable de la mauvaise gestion de l’autorité : il n’est qu’un rouage bien huilé au sein de la machine.