24/9/2023 - À travers son recueil de témoignages intitulé « Avez-vous accepté le vaccin par conviction ou par contrainte ? », Alexis explore le délicat équilibre entre la liberté individuelle et la "nécessité collective" en matière de santé publique. Son travail permet de comprendre ce qu’il s’est passé. Car il ne faut pas oublier : des masses entières de la population ont été forcées d’accepter une injection de produit encore à l’essai sous peine de ne pas vivre normalement ou de perdre leur travail.
Alexis Haupt est un penseur engagé qui s’efforce de déconstruire les complexités morales, éthiques et sociétales qui entourent la vaccination par ses analyses nuancées et ses réflexions sur les dilemmes éthiques posés par la pandémie de COVID-19. Dans cette entrevue, nous aurons l’occasion de plonger dans les idées fascinantes d’Alexis Haupt, d’explorer les thèmes centraux de ses livres et de comprendre les implications profondes de cette vaccination dans notre société contemporaine.
« Nombre de politiques savent qu’ils ont menti. Quant aux médias, nombre d’entre eux savent qu’ils ont couvert les mensonges des premiers. Des mensonges extrêmement graves. »
Le Média en 4-4-2 : Bonjour Alexis, et bienvenue sur Le Média en 4-4-2. Nous vous recevons afin d’évoquer votre livre témoignage intitulé « Avez-vous accepté le vaccin par conviction ou par contrainte ? ». Vous écrivez que l’idée et l’envie de sortir ce livre vous sont venues car vous avez remarqué « qu’on désire tourner la page un peu trop rapidement ». Le « on » étant « les politiques et les médias, voire bon nombre de médecins, de fonctionnaires et de citoyens ». Pourquoi selon vous veulent-ils se débarrasser au plus vite de cette période complètement folle pour passer à autre chose ?
Alexis Haupt : Bonjour, la réponse à cette question est pluridimensionnelle. En effet, le désir de tourner la page au plus vite sans analyser à tête reposée ce qu’il s’est passé, s’explique en grande partie par une émotion primaire qui demeure au plus profond de l’âme de tout être vivant, la peur. La peur que ressentent toutes les personnes ayant eu des responsabilités durant la période que nous avons vécue. Nombre de politiques savent qu’ils ont menti. Quant aux médias, nombre d’entre eux savent qu’ils ont couvert les mensonges des premiers. Des mensonges extrêmement graves. Partant de là, il est facile de comprendre pourquoi tourner la page est pour ces personnes le meilleur moyen de ne pas aborder leurs responsabilités. Elles ont peur.
Puis, il y a de nombreuses personnes, médecins ou fonctionnaires qui, conscientes elles aussi que la période a été totalement démente et sachant qu’elles ont défendu le narratif officiel de cette période ou obéi aveuglément aux protocoles liberticides, préfèrent tourner la page rapidement. En effet, elles savent, consciemment ou parfois même inconsciemment pour celles qui sont plongées dans un profond déni, qu’elles ont été d’une façon ou d’une autre les complices du totalitarisme sous prétexte sanitaire. Tourner la page les arrange, les apaise, les rassure.
Enfin, je pense que beaucoup de gens, peut-être même la majorité de la population, sont eux aussi désireux de tourner la page pour la simple raison qu’ils ont pris conscience de s’être fait manipuler, ou pire, parce qu’ils ont pris conscience que leur paresse intellectuelle les avait rendus complices à leur insu du totalitarisme. Ces gens ont eux aussi envie de tourner la page au plus vite pour se conforter dans leur propre monde factice, un monde où le totalitarisme n’a pas eu lieu. Ils étaient dans un « déni de tyrannie » durant le pic des mesures totalitaires et ils adoptent désormais l’attitude typique des périodes post totalitaires : leur cerveau sait qu’ils n’ont pas dénoncé les folies quand elles étaient là, alors ils font ce que le cerveau humain sait faire de mieux, ils se protègent et ne veulent plus entendre parler de ce qui leur déplaît, de cette trouble période. Bref, ils veulent passer à autre chose et se contentent d’un « à l’époque, on ne savait pas » quand on leur reparle de toutes les incohérences et folies de la récente période. Il faut bien comprendre que l’être humain est sujet à ce que j’ai nommé dans un essai écrit justement pendant cette période : la soumission intellectuelle. Dans le Discours de la servitude intellectuelle, je développe ce concept de soumission intellectuelle et explique qu’il s’agit du fait de se soumettre au récit de l’autorité et de le prendre aveuglément pour argent comptant. Je soutiens que cette soumission intellectuelle engendre un « déni de tyrannie », c’est-à-dire l’incapacité de soutenir du regard des abus de pouvoir, un régime autoritaire ou une tyrannie naissante. Si tous les humains sont plus ou moins sujets à ce phénomène de soumission intellectuelle, les périodes autoritaires l’accentuent grandement. Partant de là, nous pouvons dire qu’en période totalitaire, les personnes souveraines intellectuellement, c’est-à-dire celles capables d’analyser le récit officiel, de douter et d’investiguer, sont l’opposition véritable.
Je conclurai en rappelant que dans l’introduction de mon livre-témoignage, je fais surtout référence aux politiques et aux journalistes quand je parle des personnes désireuses de tourner la page. Ces derniers ont été les pièces centrales du totalitarisme que nous avons subi, les scandales sanitaires sont en train de jaillir de partout dans le monde, partant de là, il va de soi que ceux qui ont joué les rôles les plus importants dans cette affaire veulent vite tourner la page et parler d’autre chose. Ils sont pertinemment conscients que reparler de cette période revient à aborder leur responsabilité dans une histoire d’une extrême gravité.
« Ce livre a donc pour objectif de contrer un éventuel narratif mensonger. Il est important de prendre de l’avance dans une guerre du récit, de penser sur le long terme. »
Le Média en 4-4-2 : Vous écrivez que « Le totalitarisme, c’est un incendie qui brûle la liberté et la dignité des hommes. On ne vient pas avec des seaux d’eau pour éteindre un feu de forêt, quelques semaines, quelques mois ou quelques années après que les flammes ont tout ravagé et qu’il ne reste plus que des cendres ! ». Ce livre a-t-il aussi pour objectif de faire prendre conscience à nos concitoyens de la dangereuse dérive du pouvoir ? Analyser avec le recul nécessaire cette obligation vaccinale déguisée permet-il de prendre conscience du totalitarisme qui prend de plus en plus sa place ?
Alexis Haupt : Ce livre peut en effet aider les gens à comprendre ce que nous disait déjà Montesquieu, à savoir que « tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser », d’où l’extrême importance des contre-pouvoirs. Il est important de rappeler que durant la période dont nous parlons, les contre-pouvoirs étaient totalement inexistants. En effet, en proclamant l’état d’urgence sanitaire, le président s’est octroyé les pleins pouvoirs. La proclamation de l’état d’urgence, et ce quelle qu’en soit la raison, peut être le début du totalitarisme, la période l’a démontré.
Néanmoins, le but de ce livre n’est pas tant de dénoncer les abus de pouvoir ni de tenter de convaincre les gens de l’importance qu’il y a à adopter une attitude de vigilance quant aux pouvoirs. L’objectif principal du livre est de réaliser un devoir de mémoire. En effet, le risque que dans le futur, le récit officiel relatant cette période soit faux, existe. Je veux dire qu’il est tout à fait possible que dans les temps à venir, le narratif officiel explique que toutes les personnes vaccinées l’ont fait par conviction, pire, que seule une minorité d’« antivax », sous entendant « anti-science », a refusé l’injection. Ce livre a donc pour objectif de contrer un éventuel narratif mensonger. Il est important de prendre de l’avance dans une guerre du récit, de penser sur le long terme. Je soutiens qu’écrire sa propre histoire, qu’écrire ce que l’on a vécu, est un devoir citoyen. Ce travail est non seulement un devoir de mémoire mais c’est aussi un acte de résistance au sein d’une guerre médiatique qui ne prend jamais de pause. Je répète, quand le pouvoir abuse et devient totalitaire, écrire son histoire personnelle est un acte révolutionnaire. Et puis, si les gens ne le font pas, les « spécialistes » de la réécriture de l’histoire le feront à leur place. Là est la raison principale qui m’a poussé à publier ce livre.
Enfin, donner la parole à de nombreux Français en recueillant leurs témoignages dans un livre est ma façon de faire ma part, de servir la cause de la liberté. Je ne vois en effet pas beaucoup de choses plus liberticides que de contraindre des humains à s’injecter un produit dans le corps. Sans même parler du vaccin-covid, je ne sais pas si les gens réalisent la gravité qu’il y a à forcer des êtres humains, directement ou indirectement, à s’injecter un produit. En effet, comme je dis dans un essai, « si la pseudo-démocratie représentative a privé les peuples de leur droit de disposer d’eux-mêmes, la société pharmaco-punitive a fait pire, elle a privé le citoyen du droit de disposer de son corps ! ». Si ce livre peut servir, ne serait-ce que de façon minime, à éviter qu’une telle folie liberticide réapparaisse un jour ou l’autre, je serai heureux d’avoir modestement contribué à une cause juste.
« J’ai pris conscience de l’importance de libérer la parole, mieux, de la graver dans le marbre. »
Le Média en 4-4-2 : Justement, comment avez-vous recueilli puis sélectionné tous les témoignages présents dans votre livre ?
Alexis Haupt : L’idée de ce livre ne m’est pas venue spontanément. Tout a commencé quand je me suis adressé aux personnes vaccinées sur Twitter afin de leur demander si elles estimaient avoir reçu le vaccin par contrainte ou par conviction. En très peu de temps, beaucoup de personnes ont répondu à cette question. Plus de mille réponses dans la journée. Ces réponses, très parlantes, montraient bien que le consentement avait été extorqué à nombre de gens. En lisant tous les commentaires et en constatant que la propagande médiatique continuait à battre son plein sur ce sujet, j’ai pris conscience de l’importance de libérer la parole, mieux, de la graver dans le marbre. J’ai donc recopié tous les messages. Puis je les ai lus et en ai retenu un certain nombre. Enfin, je les ai publiés anonymement. Ils sont tous retrouvables sur mon compte Twitter puisqu’il s’agit de commentaires publics. Étant nombreux, les messages n’ont pas tous été publiés. J’ai fait une sélection en tentant de prendre des cas dont nous avons tous entendu parler dans notre entourage : obligation de se faire vacciner pour le travail, pour voir un proche à l’hôpital, pour voyager, pour suivre une formation professionnelle etc.
« Des gens se sont vus retirer leurs droits fondamentaux pour avoir refusé un produit expérimental. »
Le Média en 4-4-2 : En « libérant la parole », avez-vous eu des retours de vos témoins ? Était-ce un soulagement pour eux de pouvoir exprimer leur colère ? Vu la propagande médiatique, on image aussi que ce n’est pas aisé d’en parler, encore moins de dire qu’on a été forcé…
Alexis Haupt : Des personnes m’ont remercié d’avoir réalisé ce livre. Je ne sais pas si cela a été pour elles un soulagement d’avoir évoqué ce qu’elles ont vécu. Je pense que la plupart des gens qui ont témoigné étaient prêts à parler de ce qu’il s’est passé et n’ont pas attendu ma question pour le faire. En revanche, je suis certain que le fait de savoir qu’il existe un recueil retraçant ce qu’ils ont vécu leur fait du bien. Je pense en effet que le plus important à leurs yeux est que l’on n’oublie pas ce qu’il s’est vraiment passé pendant cette période, c’est-à-dire que des gens se sont vus retirer leurs droits fondamentaux pour avoir refusé un produit expérimental.
« Les effets indésirables dont sont victimes beaucoup de personnes sont avant tout dus à une société totalitaire dans laquelle nous avons baigné et que je nomme société pharmaco-punitive. »
Le Média en 4-4-2 : Ce « devoir de mémoire », nous le faisons régulièrement sur le site du Média en 4-4-2. En quoi est-ce important de ne pas oublier ce qu’il s’est passé selon vous ? Cela nous prépare-t-il à leur prochaine « pandémie » ?
Alexis Haupt : Le fait de reparler de cette obligation vaccinale dissimulée, c’est-à-dire de cette extorsion de consentement, est d’une importance capitale. Et ce pour plusieurs raisons. Cela permet aux personnes de ne pas oublier ce qu’il s’est passé. En effet, l’oubli est dangereux : c’est à cause de lui que les mauvaises histoires se répètent. Cela permet aussi à ceux qui n’avaient pas les ressources intérieures pour regarder la réalité en face au moment des événements, de l’accepter après-coup. Le psychologue Stanley Milgram nous a démontré que nous n’étions pas tous égaux face aux ordres d’une autorité malveillante, et, dans mon Discours de la servitude intellectuelle, j’ai tenté de démontrer que nous n’étions pas tous égaux non plus quand il s’agissait de regarder en face la nature autoritaire d’un régime. Partant de là, nous comprenons que certains ont besoin de plus de temps que d’autres pour accepter l’idée qu’ils ont vécu une période totalitaire extrêmement grave.
Il est également important de reparler de cette période pour les victimes d’effets indésirables. Car ces dernières ont besoin des mots justes pour dénoncer la cause profonde de ce dont elles souffrent aujourd’hui. Elles souffrent à cause d’un produit qu’elles ont laissé pénétrer dans le sang, certes, mais surtout à cause du harcèlement d’un gouvernement prêt à tout pour extorquer leur consentement, ou bien encore à cause d’une colossale manipulation gouvernementale et des médias de masse. En d’autres termes, il faut bien comprendre que les effets indésirables dont sont victimes beaucoup de personnes sont avant tout dus à une société totalitaire dans laquelle nous avons baigné et que je nomme société pharmaco-punitive. Je lance d’ailleurs l’hypothèse que cette société est un sas d’entrée dans une société de contrôle des masses par le numérique, mais c’est un autre sujet.
Enfin, je crois en effet qu’il est important de se remémorer cette période d’extorsion afin de forger l’esprit des gens et de les préparer aux éventuelles prochaines tentatives de totalitarisme sanitaire ou à d’autres formes de totalitarisme. Ce dernier point est très important. Il est en effet crucial de comprendre que le totalitarisme évolue, qu’il mute avec son temps. La plupart des gens n’ont pas vu venir l’extorsion de consentement et la société « QR code » qui est un embryon de crédit social à la chinoise, parce qu’il leur était inconcevable qu’une telle forme de totalitarisme pût exister. Désormais, on peut dire sans mauvais jeu de mots que beaucoup de personnes sont « vaccinées » contre le covidisme.
« Il ne faut pas oublier que l’histoire a rarement été changée par des masses entières. Au contraire, la majorité est et a toujours été la meilleure alliée de tout type de système. »
Le Média en 4-4-2 : Justement, parlons-en : comment voyez-vous notre avenir plus ou moins proche ? Vous évoquez le contrôle des masses par le numérique et le crédit social à la chinoise ; quelles sont les autres menaces qui pèsent sur nous ? Une « prise de conscience » générale et suffisante est-elle encore possible pour nous éviter le pire ?
Alexis Haupt : Il est très difficile de prévoir l’avenir. Tout ce que l’on peut faire est étudier le présent, faire des liens entres les évènements, et ce, afin de tenter de voir ce qui est possible d’advenir. Dans mon essai intitulé « De la société pharmaco-punitive au crédit social », j’aborde le concept de société pharmaco-punitive en soumettant l’hypothèse que ce que nous avons vécu, la société du pass sanitaire, est un sas d’entrée à la société de contrôle par le numérique. Dans ce petit essai, j’explique que les prétextes servant de sas d’entrée à la société de contrôle des masses peuvent se décliner à l’infini : écologie, sécurité, santé etc., non sans évoquer le risque de vivre dans une société écolo-restrictive. Toujours dans cet essai, je parle de ce que je nomme la « répression tacite » laquelle englobe toutes formes de répression non violente physiquement. Le fait d’interdire à des personnes non vaccinées d’accéder à des lieux ou à des services est certes d’une grande violence, néanmoins, il ne s’agit pas de peines d’emprisonnement, de regroupement dans des camps, d’exécutions extrajudiciaires etc. Cette répression policière brutale et physique a existé et existe encore dans d’autres régions du monde. Eh bien, dans mon essai, je développe le concept de « société de tacite répression », c’est-à-dire de société autoritaire n’utilisant jamais la force ou la violence physique pour opprimer, contrôler, dresser ou réprimer le peuple. Je crois tout à fait possible que ce qui nous attend est une société de ce type-là. Le système de crédit social ou la monnaie numérique exclusive, en pouvant faire de certaines personnes des citoyens de seconde zone, pourrait tout à fait incarner mon concept de société de tacite répression. Je peux me tromper en misant sur l’avènement d’un tel type de société. À vrai dire, je souhaite me tromper ! Cependant, au vu de la gravité de mon propos, il est de mon devoir de citoyen et d’ être pensant d’inciter mes semblables à se pencher sur une telle hypothèse.
Au sujet des prises de conscience collectives, elles sont toujours les bienvenues, évidemment. Toutefois, il ne faut pas oublier que l’histoire a rarement été changée par des masses entières. Au contraire, la majorité est et a toujours été la meilleure alliée de tout type de système. Même quand il s’agit d’une tyrannie. La Boétie l’explique très bien. Le système qui s’appelle crédit social, s’il devait advenir un jour chez nous, ne dérogera pas à la règle. Il sera porté par le peuple qui aura vite fait de s’y habituer. Il n’empêche que les abus et les dérives d’un tel système doivent être dénoncés, les opposants doivent en faire leur mission. Quand bien même minoritaires, nous serons là pour dénoncer ces dérives, comme nous l’avons fait durant la société du pass sanitaire. Qui « nous » ? Eh bien vous, moi et les gens qui sont en train de nous lire.
« Le seul remède pour contrer tout type d’ingénierie sociale est de faire grandir notre moi-pensant : ce moi intérieur capable justement d’observer nos instincts en pleine conscience et de faire connaissance avec ces derniers. »
Le Média en 4-4-2 : Les luttes actuelles se jouent aussi et surtout sur le terrain de l’information, et de la désinformation. À ce propos, vous avez mis en avant le concept de « complosophisme » ; pouvez-vous nous l’expliquer ?
Alexis Haupt : À vrai dire, j’ai créé ce concept il y a de nombreuses années. J’avais un peu plus de vingt ans et je constatais souvent que dans les médias, nombre de journalistes utilisaient de façon abusive l’étiquette de complotiste pour faire taire sans avoir à débattre les interlocuteurs qui dérangeaient. Je me suis dit qu’il fallait donner un nom à cette sournoise tactique, devenue une forme de censure qui ne disait pas son nom. Je la considère comme sournoise parce qu’elle est invisible. Invisible en cela qu’elle consiste à inviter des gens pour feindre d’avoir envie de les écouter et de débattre avec eux et au final à les empêcher d’argumenter et les faire ressortir avec l’étiquette d’esprit délirant sur le front. Dans une guerre du récit, il est primordial de se saisir des mots pour se défendre. Les puissants le savent très bien, c’est la raison pour laquelle ils ont diffusé massivement le terme « complotiste ». Il faut s’inspirer de ces maîtres en propagande et en manipulation, et contre-attaquer avec les mêmes armes : les mots, les concepts. Et s’ils manquent : utilisons notre moi-pensant pour les inventer ! C’est un exercice auquel j’accorde beaucoup d’importance. Je soutiens que c’est par le concept, entre autres, que l’on pourra contrer la propagande. La conceptualisation favorise la pensée et la conscientisation. Dès lors que le terme complosophisme apparaît, l’idée qu’il renvoie est conscientisé dans l’esprit des gens et cela change tout. D’une part, la maîtrise du concept rend l’individu plus difficile à manipuler, d’autre part ceux qui abusent de cette sournoise censure perdent de leur superbe sous la crainte de se voir étiquetés à leur tour de complosophistes, c’est-à-dire de censeurs. Juste rééquilibrage des choses.
Il faut bien comprendre que le complosophisme n’est pas seulement une censure. C’est aussi et peut-être même avant tout, une méthode de manipulation de masse qui vise à pousser les gens à l’autocensure. Le but est d’effrayer les masses, de faire naître dans l’individu la peur d’être marginalisé. Le tout subrepticement. Les gens ont alors peur de remettre en question la version des médias, ils ont peur d’être prudents et sages, bref d’analyser le récit médiatique avec esprit critique. Ils craignent d’exprimer leur opinion, penser devient un délit. C’est très sournois car c’est une façon de jouer avec les profonds instincts humains, lesquels englobent la peur de l’exclusion, la mise à l’écart du groupe. Il faut bien comprendre que nous sommes des mammifères sociaux et que l’exclusion signifie la mort selon nos instincts de Grand singe. En effet, à l’état de nature, un homme sans le groupe ne fait pas long feu. Nous sommes les descendants des homo sapiens qui ont survécu, c’est-à-dire des humains qui sont restés soudés de peur d’être exclus. Nos instincts n’ont pas changé de ce point de vue là : ils croient encore que nous sommes dans la Nature. Notre conscience interprète donc la mort sociale comme la mort tout court. Là est la raison pour laquelle la peur du collage d’étiquettes péjoratives a toujours fonctionné sur la masse. Je pousse mon analyse loin mais il est important de comprendre que nous avons affaire à de la pure ingénierie sociale. Le seul remède pour contrer tout type d’ingénierie sociale est de faire grandir notre moi-pensant : ce moi intérieur capable justement d’observer nos instincts en pleine conscience et de faire connaissance avec ces derniers. L’homme au moi-pensant mature n’obéit plus aveuglément à ses instincts et court moins le risque d’être le jouet de ceux qui auront médité dessus. En d’autres termes, faire mûrir ce moi intérieur capable d’introspection et qui nous permet de nous connaître nous-mêmes est selon moi la clef pour s’affranchir de toute entreprise de manipulation de masse, dont le complosophisme.
Pour conclure sur ce sujet, je dirais que nous avions presque tous, consciemment ou inconsciemment, remarqué que cette censure invisible existait. Ce que j’ai fait n’est autre que lui donner un nom. Ce concept n’est utile que si on l’utilise. C’est la raison pour laquelle j’ai tenu à le diffuser sur les réseaux sociaux. Montesquieu disait que tout homme qui a du pouvoir était porté à en abuser, qu’il « va jusqu’à ce qu’il trouve des limites », eh bien de la même façon, je pense que toute forme de censure ira jusqu’à ce qu’elle trouve des limites. Ainsi, voici une dizaine d’années que le nom de cette censure m’est venu car je pressentais déjà qu’elle pouvait prendre de l’ampleur. Nous sommes en plein dedans : rappelons-nous qu’il n’y a pas si longtemps, on nous parlait d’assises du complotisme, qu’un ministre se permettait sans vergogne de coller cette étiquette sur un journaliste qui lui faisait remarquer que la gestion de la crise sanitaire avait été scandaleuse, que les personnes qui prônaient, à juste titre, la pharmacovigilance étaient taxées de complotistes etc. Quand j’ai baptisé le complosophisme, ce n’était « que » de la censure, mais le risque qu’il devienne un jour une répression politique existe ! Faire apparaître ce concept ou un concept similaire, dans le débat public est le meilleur moyen d’en finir avec lui. Tant que les choses n’ont pas de nom, elles n’existent pas dans le conscient des gens. Il ne faut pas attendre des médias de masse qu’ils parlent d’un tel concept, ils ne le feront pas. Pour que le complosophisme disparaisse, il suffit de le faire apparaître dans la conscience citoyenne, donc de le nommer.
« Nous vivons une drôle d’époque où l’on nous fait croire que douter relève du complotisme. C’est justement le contraire qui est vrai. Tous les récits qui parviennent à nos oreilles doivent passer par un sas d’entrée. Ce sas, c’est le « doute méthodique. »
Le Média en 4-4-2 : Merci Alexis pour le temps que vous nous avez consacré, ainsi que pour toutes vos explications et réflexions qui ne manqueront pas de passionner nombre de nos lecteurs ! Nous vous laissons le mot de la fin.
Alexis Haupt : Durant cet entretien, j’ai parlé de moi-pensant. Je nomme moi-pensant ce moi intérieur capable de poser des questions, de douter des réponses à celles-ci, bref, ce moi intérieur chercheur de vérité. Ce moi qui pense est aussi le moi qui doute. Et c’est précisément sur cela qu’il me tient à cœur de conclure : le doute. Je voudrais rappeler à nos lecteurs l’importance du doute. Nous vivons une drôle d’époque où l’on nous fait croire que douter relève du complotisme. C’est justement le contraire qui est vrai. Aristote a dit que le « doute est le commencement de la sagesse » et il a parfaitement raison. Mais encore faut-il savoir ce que douter signifie. Contrairement à ce que beaucoup s’imaginent, douter ne veut pas dire nier ; douter d’un récit ne veut pas dire croire qu’il est faux. Douter, c’est prendre conscience de son incertitude, de son ignorance et les accepter. Partant de là, tout l’art du doute consiste à ne pas précipiter son jugement devant un récit, c’est-à-dire être capable d’intérioriser l’idée « ce qu’on me dit est peut-être vrai, peut-être pas, je vais la creuser avant de croire ou réfuter ». Ce que j’évoque ici, la suspension du jugement, est une véritable discipline. Hélas, je crains que l’école ne prépare pas les élèves à celle-ci. Ceci expliquant, en partie, la crise de l’esprit critique des adultes ainsi que la forte tendance qu’ils ont à se réfugier aveuglément dans le récit de l’autorité. Tous les récits qui parviennent à nos oreilles doivent passer par un sas d’entrée. Ce sas, c’est le « doute méthodique ». Si vous ne devez retenir qu’une chose de notre entretien, c’est celle-ci : doutez de tout discours, y compris du mien. Quand un récit pénètre votre esprit, il ne faut ni le rejeter ni le croire d’emblée mais le passer sous le filtre de votre esprit critique : c’est-à-dire en chercher les éventuelles failles. Et même lorsque vous êtes parvenus à une conclusion personnelle, bref, même lorsque vous avez fait votre devoir d’être pensant, gardez toujours dans un coin de votre esprit que vous n’êtes pas omniscient et que la conclusion à laquelle vous êtes parvenu est peut être vraie, peut-être fausse, peut-être imparfaite. Tenez-vous prêts à la remettre en question à tout instant. Ainsi, vous aurez une façon d’être au monde qui vous permettra de progresser dans la quête de la vérité, vous serez ouverts au débat, et, conscients de votre non omniscience : vous tendrez vers la sagesse.
Vous pouvez vous procurer le livre « Avez-vous accepté le vaccin par conviction ou par contrainte ? » d’Alexis Haupt sur sa page Contre Propagande.
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