Il y a dans l'Éducation nationale des gens qui sont en dessous de tout, et il faut le dire.
L'affaire du l'adolescent qui s'est suicidé après avoir été harcelé et dont les parents ont reçu un courrier ignoble de la part du rectorat de Versailles est un cas d'école.
Beaucoup mettent en cause l'ex-rectrice mais les choses ne sont pas aussi simples, ce n'est évidemment pas elle qui a écrit ce courrier. Le problème est plus profond, et pour cette raison plus grave.
Quand vous avez des représentants syndicaux (sauf nous, à Action & Démocratie/CFE-CGC), qui réclament "plus de formation" [sic] après tel et tel drame (attentat, décapitation d'un collègue, harcèlement), vous vous dites que ces gens-là font partie du problème, voire qu'ils sont le problème.
On agite le mot "harcèlement", comme s'il s'agissait de quelque chose de nouveau. Non, il y a seulement des méchants qui pourrissent la vie de braves gens. Mais il y a aussi des spectateurs qui ne font rien parce qu'ils ont peur, n'ont pas de consignes ou sont insensibles à la souffrance.
Je le dis avec tristesse et gravité : les enseignants, CPE, chefs d'établissement qui refusent d'écouter les victimes ou prétendent qu'elles exagèrent sont les vrais responsables du "harcèlement".
J'ai dû retirer mon fils du collège pour de telles raisons : persécuté par des gamins méchants, mais avec la complicité d'adultes, notamment un CPE tordu. Mon fils avait passé une journée avec la jambe cassée en se plaignant et les adultes "responsables" de l'établissement, surveillants et CPE en tête, l'accusaient de faire du cinéma, lui disant que ce n'était pas si grave. Jusqu'à ce qu'on apprenne aux urgences qu'il avait bien une fracture ! Bien entendu, il n'a plus remis les pieds dans ce collège et s'en est ensuite porté très bien.
Depuis, je pense aux milliers, aux dizaines de milliers, aux centaines de milliers de jeunes gens dans des situations semblables ou analogues.
Il faut en finir.
La personne du rectorat de Versailles qui a écrit cette lettre ignoble, même si elle doit évidemment être sanctionnée, ne doit pas pour autant servir de bouc émissaire et permettre que les responsabilités de tous, y compris de tel enseignant, tel chef d'établissement et jusqu'à tel chef de service, tel recteur, ne soient pas recherchées.
Il est grand temps que tous ceux qui collaborent à l'état lamentable dans lequel se trouve désormais l'éducation nationale se relèvent enfin et demandent pardon.
Ceux qui mentent aux élèves sur leur niveau ; ceux qui regardent ailleurs quand certains se font persécuter ; ceux qui font de la merde en profitant de la démagogie et du laxisme ambiant au lieu d'instruire leurs élèves ; ceux qui ont osé mettre des heures de colle à des élèves qui ne portaient pas bien le masque au lieu de se comporter en adulte raisonnable et responsable. Tous.
J'attends aussi du ministre une réaction à la hauteur. Ses mots sont justes, voyons maintenant ses actes.