Toujours surpris de lire les réactions stéréotypées, qu'on aimerait croire volontairement idiotes, qui prolifèrent comme des champignons sous la pluie après un drame inouï comme celui que vient de vivre Israël.
D'un côté, certains s'imaginent qu'ils vont régler le problème en massacrant le plus de monde possible à Gaza (au prix de la vie complaisamment sacrifiée de plus d'une centaine d'otages innocents), et éliminer le Hamas en quelques jours de bombardements intensifs, comme s'il s'agissait d'un éphémère essaim de frelons.
Visiblement, leur détestation non seulement du Hamas mais de la cause arabe palestinienne dans son ensemble les pousse, comme les dirigeants du Shin Bet et de Tsahal semble-t-il ces derniers mois, à gravement sous-estimer leur ennemi.
L'objectif du Hamas n'est pas d'échapper aux représailles israéliennes que ses dirigeants ont sans doute parfaitement anticipées et conjurées (certains experts du renseignement prétendent qu'ils sont déjà réfugiés dans les émirats ou en Iran), mais de remettre frontalement en cause, chez les Juifs du monde entier comme en Terre Sainte, le fondement même du projet sioniste, bâti sur l'idée qu'un Juif serait toujours plus en sécurité dans un État juif qu'au sein de la diaspora.
C'est donc dans les années qui viennent qu'on verra, au gré de l'évolution de la répartition démographique entre mondes diasporiques et monde israélien, si l'organisation islamiste a atteint son but ou non, quel que soit l'état dans lequel elle ressortira de la guerre totale qu'elle a voulu déclencher.
De l'autre côté, les bonnes âmes islamo-gauchistes semblent croire qu'il suffirait de renoncer au caractère juif d'Israël ou renforcer les pouvoirs de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie pour relancer un improbable processus de paix.
Ils font penser à Jacques Soustelle et à l'aile gauche de l'OAS, qui prônaient en 1960 la pleine assimilation civique des musulmans d'Algérie comme indispensable préalable à la paix. On sait où les ont menés leurs illusions, dont un Jean-Luc Mélenchon, né au Maroc sous protectorat français, devrait quand même se souvenir.
Israël, contrairement à ce que croient les néfastes aliborons de LFI ou de EELV, n'est pas détesté par ses ennemis arabes ou musulmans parce qu'il serait un État colonial européen, mais au contraire parce que ses dirigeants, globalement assez semblables aux nôtres, n'ont jamais voulu prendre les moyens de mettre en place, y compris avec l'aide de la Jordanie et de l'Egypte, les partages territoriaux nécessaires à une séparation stricte et définitive entre Juifs israéliens et Arabes palestiniens (y compris ceux qui sont titulaires de la citoyenneté octroyée par l'État hébreu).
Dans les deux camps, en réalité, l'aveuglement idéologique demeure total, et aucune catastrophe ne semble pouvoir éclairer ceux qui par automatisme ou facilité jugent préférable de s'y abandonner.