Hubert Reeves est décédé aujourd'hui. Je ne parle pas souvent de ce genre de non-événement, mais ce décès a pour moi un caractère particulier.
J'ai eu l'immense chance de pouvoir le rencontrer lorsque j'étais en terminale, au lycée Saint-Louis à Saumur. Il était généreusement venu passer deux heures avec nous, pour nous parler des étoiles, bien sûr, mais finalement pas seulement. Il nous a parlé de paix. Son discours, à l'époque, m'était un peu passé au-dessus, mais est toujours resté dans ma mémoire, et a influencé ma trajectoire professionnelle et personnelle. C'est en partie grâce à lui qu'aujourd'hui, je partage des analyses que je veux les plus neutres possibles sur les grands événements de notre monde.
Je me remémore forcément un morceau de ce dont il nous a parlé, aujourd'hui, et que je vous partage maintenant.
Hubert Reeves avait rencontré Yasser Arafat, alors à la tête de ce qui tenait lieu d'autorité palestinienne. C'était une délégation française "pour la paix", très politisée, dont rien n'était ressorti, mais les deux hommes avaient pu s'entretenir un peu hors cadre, hors caméra. Et le discours d'Arafat était radicalement différent : lui-même n'aspirait qu'à la paix avec Israël, et rêvait d'un jour où "enfants palestiniens et israéliens pourraient jouer ensemble au foot dans la rue".
A l'époque comme aujourd'hui, d'ailleurs, je me disais qu'Hubert Reeves avait été "endormi" par un beau discours.
Et pourtant, combien les choses auraient été différentes aujourd'hui, si ce "beau discours" avait été entendu pour ce qu'il était : un message de paix et de fraternité.
On ne peut pas toujours vivre dans la haine.
Hubert Reeves était un rêveur, un idéaliste, un artisan de la paix, à son échelle. Nous manquons de personnalités à son image, de vraies personnes sincères, et non motivées par une idéologie politique.
J'espère qu'il ne sera pas oublié.