Ah décidément, la propagande occidentale a bien du mal à passer au-delà des médias de grand chemin. Petit-à-petit, s’effrite un peu partout le récit romantique d’un effondrement prochain de la Russie, les certitudes affirmées sur l’inévitable victoire de l’Ukraine et l’histoire fabuleuse de cette guerre qui serait celle d’une démocratie naissante contre une dictature veule…
Ainsi et pour l’économie russe, même si ces colonnes expliquaient, dès mars 2022, que les sanctions seraient largement contre-productives, il aura fallu attendre ces dernières semaines seulement pour que les choses soient rendues officielles à coup de petits articles piteux dans lesquels on se rend compte, penaud, que la croissance économique russe sera meilleure cette année que l’européenne, au point qu’on en vienne même à admettre que la Russie n’avait finalement aucune difficulté à contourner ces sanctions parfaitement grotesques.
Ceux qui raillaient alors le poutinisme gluant des réalistes (dans ces colonnes ou ailleurs, il y a un peu plus d’un an) en seront pour leur frais et peut-être feront-ils l’effort d’arrêter enfin de croire les organes de presse gouvernementaux ?
On peut en douter, tout comme on peut encore douter qu’ils puissent admettre que l’actuel conflit en Ukraine tourne au carnage en défaveur des Ukrainiens. Il semble qu’il va falloir encore un peu de temps avant que le déni de réalité s’évanouisse d’autant que, si les médias français de grand chemin peinent franchement à relayer la moindre information correcte, on en retrouve de plus en plus dans les médias anglo-saxons et le moins qu’on puisse dire est que les nouvelles fraîches sont raides.
Le pompon est cependant atteint lorsqu’on évoque la tendance du pouvoir ukrainien à n’être pas tout à fait démocratique voire, pour les plus audacieux (et donc poutinistes gluants, il va de soi), à expliquer que ce pays est gangrené par la corruption et une forme de fascisme qui nous rappelle effectivement les heures les plus sombres de l’Histoire européenne, svastika incluse.
C’est en cela que la récente mésaventure au parlement canadien de Justin Trudeau, l’actuel premier ministre du Canada, est en train de réveiller certains nigauds de façon retentissante : profitant de la visite de Zelensky au Canada, Trudeau a jugé utile de proposer une ovation de l’ensemble des députés canadiens pour un certain Yaroslav Hunka, vétéran ukrainien de 98 ans installé au Canada après la seconde guerre mondiale. Seul hic qui a bientôt fait surface : le vétéran était un nazi ayant officié dans les troupes de sécurité ukrainienne employées par la Waffen-SS pendant la guerre.
L’information connue, les quelques jours qui ont suivi ont été un peu agités au parlement et au gouvernement canadien : le président du parlement, conscient d’avoir ovationné un personnage pas tout à fait recommandable, a promptement démissionné. La presse canadienne, pourtant particulièrement enamourée de Trudeau, n’a pu s’affranchir de revenir sur l’affaire et de constater que tout ceci faisait un peu désordre, voire que l’ensemble de la classe jacassante canadienne n’était pas tout à fait irréprochable dans son comportement vis-à-vis des nazis…
Pourtant, ce n’est pas exactement comme si le vétéran n’avait pas été reçu préalablement par Trudeau et Zelensky, en aparté, ce qui aurait peut-être pu donner le temps aux deux politiciens de comprendre l’énormité de ce qu’ils allaient commettre un peu plus tard…
Ce n’est pas non plus comme si le gouvernement ukrainien n’était pas habitué des positions qu’on qualifiera pudiquement d’ambigüe concernant les franges les plus extrêmes de ses partisans ; ainsi, l’année dernière (qui n’est pas si lointaine, finalement), l’ambassadeur ukrainien en Allemagne choquait la Pologne en niant l’implication pourtant avérée de Stepan Bandera dans le massacres de juifs et de Polonais sur le sol ukrainien pendant la Seconde guerre mondiale.
Ainsi, personne n’a semblé s’émouvoir d’apprendre, toujours en 2022 et du jour au lendemain, que Facebook et Instagram ne considéraient plus le régiment Azov comme une organisation dangereuse ou émettrice de discours de haine, et ce en dépit d’un historique pourtant assez peu sujet à débat.
En pratique, il n’y a pas besoin d’aller fouiller très loin pour retrouver des articles, datant d’avant 2022, dans lesquels les accointances de certains mouvements ukrainiens avec le nazisme ne font aucun doute.
C’est aussi probablement pour cela que l’alliance des autorités polonaises avec les autorités ukrainienne bat clairement de l’aile : apprenant la présence de l’ancien nazi sur le sol canadien, ovationné qui plus est par le parlement et par Zelensky, l’un des ministres polonais a expliqué regarder de très près la possibilité d’une extradition du vétéran pour un jugement en Pologne, ce qui aurait des répercutions diplomatiques certaines. Après le refus par le premier ministre polonais de continuer à fournir des armes à l’Ukraine, on sent que les choses ne sont plus aussi simples entre Kiev et Varsovie.
Il apparaît donc de tout ceci que les fariboles médiatiques ne résistent guère aux faits. Non seulement, l’Ukraine a bien compté dans ses rangs des nazis, mais en plus l’actuel pouvoir en place a dû composer avec leurs résurgences ultranationalistes, clairement racistes et antisémites, et ce dès 2014. Malgré la multiplication récente d’article de la presse subventionnée et dans les grands médias de révérence qui expliquent à qui veut le lire ou l’entendre que ces notions ne sont que pure fable poutinesque, les dérapages des uns et des autres ne laissent guère de doute.
Et si on peut aisément accepter que ces mêmes médias ne voulaient pas laisser le champ libre à la rhétorique du Kremlin qui parlait de dénazification, on aura en revanche plus de mal à accepter leur efforts systématiques pour édulcorer complètement la situation ukrainienne en passant sous silence de façon grotesque l’état pourtant avancé de corruption politique, économique et surtout morale du pouvoir en place.
Enfin, on fera mine de s’étonner de l’attitude générale de ces mêmes médias, politiciens et activistes qui, à coups de cris hystériques, dénichent toujours plus de néonazis et autres fascistes chez ceux émettant la moindre critique à l’égard des politiques menées actuellement en Occident, et qui sont d’une pondération et d’un calme olympiens lorsque d’authentiques nazis ou de vrais fascistes sont subitement découverts dans leurs rangs.
Chaque semaine qui passe, chaque propagande éventée ajoute un clou dans le cercueil de ces organes de propagande.