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16 décembre 2023

MON SUICIDE, MA DIGNITÉ, MON DROIT (ne manque que la musique de Loulou Gasté)

Gabriel Nerciat

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Sur l'euthanasie, je crois que je viens d'avoir une bonne idée.
Je suis en effet partisan de sa légalisation, mais pour une durée n'excédant pas vingt-quatre heures.
La mise à mort, douce et médicalisée, des patients, malades ou non, jeunes ou vieux, lassés de persévérer dans leur être commencerait juste après minuit et s'achèverait au cœur de la nuit suivante.
Pour ce qui est de Line Renaud, on ferait comme dans le film de Bertrand Tavernier avec Romy Schneider : un caméraman déguisé en infirmier filmerait son départ tant attendu sur fond sonore de ses plus grands succès.
Ce serait émouvant, non : on serait enfin sûrs avant d'aller se coucher que plus jamais l'exaspérante étoile des neiges qui ne voulait pas fondre ou la cabane canadienne avec son écureuil plus vieux que Mathusalem ne viendraient désormais nous importuner.
Quant à la pauvre Françoise Hardy, je n'ai vraiment rien contre elle, au contraire, et je veux bien croire que les maux qu'elle endure n'ont vraiment rien de très plaisant, mais il n'en demeure pas moins qu'il y a une certaine indécence – pour ne pas dire une indécence certaine – à voir des stars d'un âge canonique exiger par voie de presse que le suicide devienne un droit subjectif inaliénable garanti par la loi et les services diligents des disciples d'Esculape qui n'ont pas été formés pour ça.
Pourquoi ? Parce que Line ou Françoise le valent bien ? Parce que c'est censé faire pleurer dans les chaumières, entre le Téléthon, les victimes supposées de Gérard Depardieu et la guerre en Ukraine ?
Ce ne serait pas quand même un peu de la récupération, comme on dit sur BFM-TV ou sur la télévision d'État concernant d'autres sujets (sur C-News aussi, d'ailleurs, si l'on en croit Pascal Praud et William Goldnadel) ?
Parce qu'il faut absolument céder à tous leurs derniers caprices, comme si endurer l'épreuve ultime de l'agonie, c'était vraiment trop demander pour ces dames qui ont vécu pendant des décennies au coeur fastueux de la Société du Spectacle, et qui n'ont visiblement pas le cran nécessaire pour tirer elles-même le rideau le moment venu ? Moi c'est l'œuvre en Pléiade de Montherlant que j'offrirais à Line Renaud, plutôt qu'une seringue de poison...
Le bourgeois progressiste moderne veut maîtriser et ordonner sa propre mort, même pas comme Caton d'Utique qui demandait à son esclave préféré de lui planter une épée dans le ventre après la victoire de César, mais tout simplement aux frais du contribuable, après avoir entamé le lugubre refrain des droits individuels indéfiniment extensibles jusqu'à l'infini (dans le domaine privé ou biologique comme dans le domaine fiscal ou législatif).
Il y a des gens, vraiment, qui ne gagnent rien à vivre trop longtemps.
Sur cela au moins, nous sommes bien d'accord.