D'après ce que j'entends depuis hier soir, Gérard Depardieu aurait, il y a cinq ans, en Corée du Nord, lancé publiquement à une jeune femme : "Je pèse 124 kg mais si j'étais en érection ça ferait 126" (je crois que même si j'étais une fille, ça me ferait plutôt rire, mais bon on va faire comme si ce n'était définitivement pas drôle).
Cela, plus quelques autres gauloiseries pas très fines (pas même assorties visiblement de mains baladeuses ou de gestes inadéquats), que n'apprécieraient sans doute pas dans leurs dîners en ville Line Renaud et Nadine de Rothschild (quoique : elle passait pour être plutôt leste dans sa jeunesse), mais qui apparemment mettent depuis 24 heures toute la France en émoi - et pas seulement nos péronnelles féministes professionnelles et/ou subventionnées.
La gueule ahurie du journaliste de France Télévision expert en fond de poubelles quand il commente la chose et qui m'a empêché, le bougre, de digérer correctement mon plat de poisson pané : "On est absolument abasourdi qu'il ait pu se comporter ainsi aussi souvent. Cela confine à de l'agression sexiste pure et simple."
Sans blague ?
Michel Simon ou Jean Poiret ne savaient décidément pas ce qu'ils risquaient lorsqu'ils abordaient les femmes sur les boulevards parisiens en proférant devant elles des odes tapageuses à leurs attributs virils (même si je crois qu'un jour Simon a fini en cellule de dégrisement).
Sur BFM-TV, l'imbécile à la houppe Maxime Switek plussoie : "Franchement, est-ce qu'on peut encore paraître en public après avoir dit ça"... Et toi, larbin, avec ta grotesque coupe de cheveux de la fin des années 1950, tu crois vraiment que tu peux ?
Régulièrement, je me demande ce qui a bien se passer dans le pays de Rabelais et de Pierre Louÿs pour que mes cadets, parfois même mes aînés, se comportent soudain comme même des cafards quakers de la Nouvelle-Angleterre n'oseraient pas le faire. Heureusement qu'il reste les belles, fidèles et courageuses Catherine Deneuve et Fanny Ardant, parmi les dames du temps jadis pas encore disparues.
Si j'étais un producteur de cinéma ou même plus banalement un millionnaire oisif, érudit et anticonformiste comme le fut en son temps Valéry Larbaud, c'est aujourd'hui, dans ce contexte bien morose et précis, que je proposerais à Depardieu de monter avec lui une impossible adaptation du Falstaff de Shakespeare qui, en dépit de la référence écrasante que constitue en la matière le magnifique opus d'Orson Welles, offrirait la meilleure réponse artistique et morale à cette avalanche massive de sottise navrante et prude.
Même si le film faisait un bide ou ne trouvait pas de distributeurs, il sauverait un peu le déshonneur et la lâcheté moutonnière de tous ces c.ns.
Mais cela ne se fera pas, bien sûr.
Ou alors en Russie peut-être, dont Depardieu est citoyen. Il n'y a guère plus que là qu'on sait encore à peu près vivre, et même mourir...