Pendant cette période de trêve des confiseurs, je regarde peu la télévision, mais à chaque fois que je suis amené à le faire, je tombe sur la gueule d'une bonne femme porte-parole d'une association féministe subventionnée ou avocate spécialisée en affaires de viols et violences sexuelles, qui demandent toutes la mise au ban immédiate non seulement de Gérard Depardieu, mais de tous les comédiens, écrivains ou metteurs en scène qui ont signé dans Le Figaro la pétition en sa faveur.
Même le Banquier Président est publiquement désigné par ces effrayantes viragos comme le complice institutionnel d'un violeur (sic).
Je n'ai pas compté, mais en moins d'une semaine j'ai dû apercevoir au moins sept ou huit filles de cet acabit, toutes rigoureusement inconnues, toutes plus ou moins hystériques ou incultes et stupides (plus une avocate bègue, il faut quand même le faire), toutes affichant le mépris le plus assumé des institutions démocratiques ou judiciaires et des principes républicains les plus basiques (liberté d'expression, présomption d'innocence, jusques et y compris le fameux sacro-saint "état de droit", d'habitude si cher aux libéraux lorsqu'ils parlent de la Russie, de la Hongrie, de Trump ou de la Chine), toutes considérant que Depardieu ou Weinstein, et pourquoi pas Depardieu ou Fourniret, c'est à peu près la même chose.
Même des journalistes en général assez courageux ou non impressionnables comme le pauvre Périco Légasse face à elles doivent mettre genou à terre, et dire plus ou moins le contraire exact de ce qu'ils pensent.
Cela fait longtemps que j'estime - et la séquence me le confirme de façon aussi évidente que massive - que les ONG et autres associations de promotion des droits des minorités (toutes plus ou moins subventionnées par l'Etat et son complice de violeur en chef) sont devenues dans nos sociétés libérales post-démocratiques exactement l'équivalent fonctionnel de ce qu'étaient les assemblées de Soviets en URSS après l'élimination par Lénine et Trotski des marins de Kronstadt : des trucs totalement bidons, mais qui sont censés donner à l'insaisissable société civile chère aux disciples de Locke et de Tocqueville la même visibilité symbolique qu'aux représentants du monde ouvrier dans l'ancien système communiste ; du moins lorsque ces derniers furent définitivement phagocytés par les dirigeants du Parti unique.
Raison pour laquelle ces filles aussi quelconques et fanatiques qu'intellectuellement médiocres inspirent à leurs contradicteurs supposés et aux journalistes qui leur déroulent le tapis rouge la même crainte implicite qu'un membre du Comité central du Parti communiste dans la Russie des années 1950.
Au moins ces derniers connaissaient-ils en général un certain roulement, en fonction des purges. Ce qui est rarement le cas chez nous aujourd'hui.
Bref, je crois que l'an prochain je vais me réorienter dans ma carrière professionnelle.
Je vais fonder une ONG (il doit bien y avoir une minorité ethnique ou sexuelle quelconque qui n'a pas encore pignon sur rue ; si vous avez une idée n'hésitez pas à m'en faire part) et demander du fric à Xavier Niel ou à Marc Ladreit de Lacharrière pour aller faire sa pub sur BFM-TV et France Télévision.
Non seulement je pourrai impunément injurier Macron devant des millions de personnes, mais je serai payé pour ça !
Le pied, vraiment.
Comment n'y ai-je pas pensé plus tôt, au lieu de bosser comme un croquant dans des entreprises qui ne se soucient pas de la justice dans le monde ni de la dignité de toutes les personnes discriminées et harcelées par des porcs.
J'avoue que j'ai un peu honte de moi, rétrospectivement.