Maxime Tandonnet
La caractéristique des hommes et des équipes au pouvoir est la fuite devant le réel. Plutôt que de devoir affronter les déficits et la dette publique, l’inflation, le chômage, l’effondrement scolaire, la violence endémique, la hausse des prélèvements obligatoire, etc. le politique s’échappe dans les limbes, avec, il faut bien le dire, la complicité d’une partie des médias amourachés. C’est ce qu’on appelle généralement le tout communication ou le grand spectacle. Ce mode de fonctionnement repose sur un vice fondamental : l’ivresse de soi qui écrase toute notion de bien public. Alors, ils ont choisi successivement la fuite dans le mépris des gens, le faux progressisme, et puis le bureaucratisme sanitaire. Aujourd’hui la mode est passée à autre chose : la prétendue droitisation. Ils n’ont plus à la bouche que des mots qu’ils considéraient jadis comme emblématique de la droite moisie, sinon la droite extrême : ordre, souveraineté et même identité. Ils accélèrent le débauchage d’individus supposés représentatifs de la « droite ». D’aucuns y voient une preuve de génie politique. Pourtant, rien n’est plus facile que de séduire des opportunistes sans foi ni loi qui iraient n’importe où et chez n’importe qui pour un fromage. La véritable question n’est pas dans les gesticulations et la logorrhée, bref la « droitisation ». Les postures et les belles paroles sont une chose. Les actes en sont une autre. On aimerait moins de coups de menton et davantage de signaux de bonne volonté à vouloir améliorer la vie quotidienne. Les Français, dans leur majorité, savent qu’il n’existe pas de remède miracle ni de baguette magique. Se mettre au travail et au service de l’avenir du pays sans frime ni ostentation, est-ce trop demander ? Mais ce qui est le plus terrifiant, c’est que les dirigeants politiques au pouvoir, contrairement à une idée répandue, sont les propres dupes de leurs mystifications. C’est une erreur de les imaginer animés par quelque dessein mystérieux. Leur unique horizon est eux-mêmes. On ne peut même pas dire qu’ils ne savent pas où ils vont. La question d’une direction ne leur vient pas à l’esprit. Ivre d’eux-mêmes, indéfiniment malléables, ils s’admirent, s’autoéblouissent. Ils passent et repassent pour eux-mêmes leurs grimaces à la télévision. Ils s’y croient vraiment, ils se voient supérieurs, se prennent pour guides, détenteurs du bien et de la vérité, face à un troupeau obtus qu’il convient de placer dans le droit chemin. « Mon intelligence est un obstacle » : la phrase idiote par excellence. La question n’est pas celle de la droitisation. C’est celle d’une crétinisation accélérée de la classe dominante ou dirigeante.