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10 février 2024

Denis Collin

Nous avons voulu nous libérer des contraintes sociales, religieuses autant que politiques : l’homme moderne ne va pas à la messe, ni à la réunion du parti ; il vote quand il y pense et se désintéresse du débat public. Il est libre, mais libre de subir des décisions prises ailleurs, sans lui. Nous sommes autant d’atomes isolés, sans autre rapport avec les autres que ceux que nous avons librement choisis. Nous réalisons l’idéal libertarien énoncé par Robert Nozick (voir Anarchie, État, Utopie) : « les individus mènent des existences séparées ». Mais, de ce fait, nous n’avons plus aucune force commune, aucun kratos et nous devons subir isolément la puissance de forces qui nous dépassent et qui pourtant sont des forces d’origine humaine.