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19 février 2024

MACRON ET L'HÉRITAGE DE LA RÉSISTANCE

Gabriel Nerciat

Cela commence à bien faire, cette histoire d'arc républicain sans flèche que la macronie ressort à l'approche de chaque consultation électorale.
Pour trois raisons.
D'abord parce que le RN est devenu depuis 2022 le premier parti d'opposition parlementaire, et qu'un chef de l'État, garant des principes constitutionnels de la République qu'il préside, ne peut pas, surtout lorsqu'il a perdu les élections législatives, décréter une fois sur deux que la principale opposition à sa coalition gouvernementale n'appartiendrait pas de façon légitime au champ républicain. À fortiori lorsqu'il prétend donner des leçons de démocratie libérale à la Russie ou à la Hongrie.
Ensuite, parce que Marine Le Pen ou Jordan Bardella sont aussi républicains qu'un banquier-technocrate maastrichien jamais élu dans la moindre circonscription ni le moindre patelin, ou que des traîtres d'opérette comme Bruno Le Maire, Rachida Dati, Gérald Darmanin, Nicole Belloubet et tutti quanti.
Enfin, parce que concernant la panthéonisation de Manouchian, il faudrait peut-être poser publiquement la question que les anathèmes du Banquier Président ou de la gauche post-marxiste appellent : à l'exception notable de Pierre Brossolette, mort héroïquement pour échapper à la Gestapo en 1944, est-ce qu'il y a eu beaucoup de libéraux de centre-gauche dans la Résistance française, entre 1940 et 1944 ?
C'est drôle : je n'ai pas de noms qui me viennent à l'esprit. Mais c'est peut-être à cause de mon inculture historique flagrante.
Par contre, des grands commis de l'État ou des patrons de banque, radicaux-socialistes ou SFIO, qui ont servi Vichy ou l'occupant, il y en a eu à la pelle (un certain Pierre Laval, par exemple, ou Jean Coutrot, le légendaire fondateur de la Synarchie).
Ce serait bien de le rappeler aux belles âmes de l'extrême-centre, la prochaine fois qu'une pulsion d'indécence les saisit. ↴