Translate

5 février 2024

Vincent Verschoore

La probabilité croissante d'un Trump 2.0 en novembre inquiète les "élites" européennes, et l'une des raisons est le discours de Trump au sujet de l'Otan. Entre le retrait pur et dur de l'Amérique et un "réexamen" de la chose, l'incertitude plane, sauf sur le fait que Trump n'aime pas l'Otan. Il estime que cela coûte bien trop cher au contribuable américain, pour pas grand chose.
Si l'Otan, que Macron décrivait à juste titre comme "cérébralement mort" voilà encore pas si longtemps, avait une utilité objective, il serait assez facile d'en défendre l'existence, mais ce n'est pas le cas et cela oblige les Européens à en faire des tonnes sur "la grande Amérique protectrice de la démocratie" et, surtout, de faire acte d'allégeance en achetant pour des fortunes de matériel militaire US. C'est ce que font les Polonais, massivement, mais aussi les Grecs (qui viennent de commander des F-35) et la plupart des pays concernés.
Pour ces pays, l'Otan c'est le parapluie défensif pas trop cher. Pour les USA, l'Otan est ce qui leur permet de piloter la géopolitique européenne selon leurs intérêts, comme on le voit dans le cadre de la guerre en Ukraine. Mais c'est aussi un vaste marché captif pour le complexe militaro-industriel US (qui fait vivre directement ou indirectement quelque 10 millions de personnes aux USA).
L'Otan a besoin de guerres pour justifier son existence, et fera donc tout pour maintenir un état de tension avec les Russes, comme avec la Chine via son alliance avec le Japon. Mais autant la situation lors de la Guerre Froide pouvait justifier d'un tel organisme face à l'URSS, ce n'est plus du tout le cas : la Russie est un pays autoritaire et traditionaliste, grand producteur agricole, minier et pétrolier, doté d'une population minuscule par rapport à sa taille, mais aussi d'une industrie de l'armement associée à une profonde culture défensive qui ne tolère pas les provocations de l'Otan, d'où la guerre actuelle.
Les euro-atlantistes nous promettent une invasion russe si l'Otan disparaissait. Pour y faire quoi, hors y trouver un tas d'ennuis, on se le demande. d'autant que les 500 millions d'Européens, s'il le fallait vraiment, auraient de quoi tenir tête à 140 millions de Russes.
La disparition de l'Otan serait une excellente chose pour l'Europe. Elle pourrait alors s'organiser selon ses propres intérêts plutôt qu'en fonction des intérêts US et de leurs agents locaux genre Stoltenberg, von der Leyen & Cie. Mais ce n'est pas ce que vous diront les médias aux ordres, of course.