Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF au suivi de la vie parlementaire
22/3/2024 - 184 députés présents hier pour adopter définitivement la loi sur les dérives sectaires et le fameux article 4, dit anti Raoult dans le milieu macroniste. 169 ont participé au vote, soit 29%… Il faut savoir, qu’avec cette loi, Irène Frachon n’aurait pas pu mettre à jour le scandale du Médiator. Voilà comment meurent les démocraties qui se prétendent exemplaires. Un hémicycle quasiment vide, pour une loi hautement liberticide dont finalement nos députés se désintéressent complètement. On voudrait que ce ne soit là que fiction mais non, c’est la triste réalité. Dupont-Aignan, seul au combat, écœuré de l’absentéisme, espère à présent qu’un groupe saisisse le Conseil constitutionnel pour tenter de censurer cet article que les députés ont laissé passer. Si jamais tel était le cas, on peut craindre le pire quant à la pugnacité qu’ils auront à introduire le recours. S’il est à l’image du comportement et de l’intérêt qu’ils ont porté à cette loi, on peut redouter que l’argumentaire de saisine soit aussi défaillant que la volonté qu’ils ont eue à le contrer quand ils le pouvaient. La future loi sur les propos privés pouvant devenir répréhensibles aura-t-elle semblable désaffection de la part de ceux qui sont censés être nos représentants ? On peut en être certain.
Le constat est hélas sans appel, ils n’ont rien à faire de nos libertés, de nos avis. Ils sont là pour eux-mêmes et leurs émoluments. Est-ce faire preuve d’antiparlementarisme primaire ? Les faits sont tenaces, nous avons des députés qui ne siègent pas, ou qui s’abstiennent, ce qui revient presque au même. Est-il nécessaire d’en entretenir encore 577 ? Une poignée suffirait, pour ce qu’ils y font. Tous s’insurgent contre Macron et sa politique, sans jamais voter contre ses lois. La comédie est toujours la même et leurs grimaces en sont devenues aussi détestables que Macron lui-même. On ne peut plus leur faire confiance et on rêverait d’un cataclysme pour balayer cette clique et la remplacer par des gens intègres. Nous sommes hélas, pris en otage par ces élus qui ne font plus leur travail. Une opposition qui ne s’oppose qu’à fleuret moucheté et qui le plus clair de son temps ne siège pas, n’a aucune chance de représenter les électeurs. Quand un peuple est soumis à semblable forfaiture de la part de ceux qui sont censés le défendre et préserver ses intérêts sans pouvoir les révoquer pour manquement grave à leur mandat, il ne faut pas s’étonner de la désaffection des urnes et du rêve de certains, de plus en plus nombreux, d’en découdre avec eux.
Peuvent-ils encore espérer la moindre compréhension? Non, l’estime se gagne et penser qu’elle s’obtient par la seule détention d’un poste, d’un titre ou d’un mandat est un leurre, une façon détournée de s’exonérer de la rigueur et de l’honnêteté attendue. Ces vertus sont devenues facultatives, alors ils en abusent, savent qu’ils ne remplissent plus aucune des exigences dévolues au contrat moral qui les lie à leurs électeurs. Ils s’en moquent, ils ne risquent rien. La coupure est totale, ne date pas d’hier. Les derniers qui les observent et votent ont la nausée en les voyant faire. Rêvons un peu, imaginons un régime où il serait fait obligation de mentionner sur les affiches pour les sortants, le pourcentage de présence dans l’hémicycle… Ou mieux la révocation définitive après trois absences injustifiées. Impossible, nous sommes dans une exemplarité à géométrie variable et on ne peut pas imposer un tel carcan à nos élus… et pour quelle raison ? L’indispensable nécessité d’être sur le terrain pardi ! Mais quand ils y vont, ils n’écoutent pas non plus leurs électeurs, la loi sur les retraites en est l’exemple frappant. D’ailleurs si cette exigence incite à fuir l’hémicycle, lieu ou les lois se votent, c’est que l’organisation de la vie parlementaire est à revoir. On ne peut pas être dans sa circonscription et au palais Bourbon. Prétendre que l’un est plus important que l’autre c’est justement contribuer à faire un choix que l’élu ne devrait pas avoir à supporter. Le temps devrait être préalablement découpé de façon à ce que la superposition des charges ne soit pas une contrainte conduisant à négliger l’un pour satisfaire l’autre. Mais peut-on réellement trouver des excuses là où il n’y en a pas forcément ? La réalité est sans doute plus triviale. Les députés n’ont que faire de nos avis, et sont là pour leur bien-être personnel. Pensez donc, pas d’obligation de résultat, pas de compte à rendre si ce n’est tous les 5 ans, aucune évaluation annuelle, pas d’objectifs, aucune sanction s’ils ne viennent pas, ou s’ils s’abstiennent. Quel salarié ne rêverait pas de semblables conditions assorties d’une rémunération confortable, sans compter les avantages en nature. Pourquoi se soucieraient-ils de nous, une fois élus ? Il n’y a rien à attendre de ceux-là, ils ne sont pas là pour nous. Toutes ces lois iniques passeront et il faudra espérer qu’un nouveau pouvoir, réellement indépendant les abolisse. Pour le moment, la réalité est que nous subissons toutes les humiliations et abandons de ces pseudo-représentants, cette clique répugnante qui préfère aller faire ses courses, ou aller se balader que de défendre nos libertés ou se positionner pour éviter la guerre. Le courage n’est décidément pas à chercher derrière les cocardes apposées sur les pare-brises.