Gabriel Nerciat
Ce serait assez drôle (enfin, je me comprends) si, alors même que le pouvoir en place et tous les réseaux médiatiques de l'euro-atlantisme - qui le soutiennent comme la corde le pendu - essaient de nous persuader à coup de propagande massive et grossière que l'heure est à une confrontation militaire, idéologique et conflictuelle cruciale avec la Russie, si donc la France à ce moment précis se retrouvait déstabilisée, avant les Jeux olympiques ou mieux pendant, par l'émergence dans les banlieues allogènes et islamisées d'une guérilla urbaine de plus grande ampleur encore que les émeutes de l'an dernier.
Même si ce n'est pas le cas, au demeurant, presque tout le monde commence à deviner que les deux risques traumatiques majeurs qui hantent les élites françaises depuis l'été 2023 ne pourront plus être évités longtemps, dans les mois ou les années qui viennent : l'effondrement de l'armée ukrainienne d'une part, l'intensification des guerres civiles de basse intensité dans les banlieues et les métropoles tiers-mondisées de France d'autre part (possiblement agrémentées de provocations ou d'attentats islamistes).
Toujours se rappeler que, pour les élites progressistes et social-libérales de l'euro-atlantisme, la russophobie pavlovienne est une sorte de stratégie schmittienne au rabais : désigner Poutine comme l'ennemi majeur et le danger principal qui nous guette, via des complots populistes divers et variés ou des projets fantasmatiques d'invasion de la Pologne, évite de nommer les véritables ennemis de la Nation ou de la souveraineté françaises (l'européisme, l'islamisme, l'atlantisme missionnaire des néo-cons, le nationalisme turc agressif en Méditerranée ou dans le Caucase, etc.).
Cela dit, Poutine, hier brillamment réélu chez lui, sera peut-être beau joueur : peut-être même qu'il consentira à nous donner un coup de main si, au lieu de partir dans le Donbass, la 7e compagnie d'infanterie de l'armée française est contrainte d'ici peu de foncer, avec les quelques chars qui lui restent, vers Trappes, Grenoble, Vénissieux ou les quartiers nord de Marseille.
Tant pis si BHL, Finkie, Bruckner, FOG, Couturier, Colosimo, Courtois, Dugain, Tenzer, Tertrais et tous nos brillants mandarins frappés par la sottise, la corruption ou la sénilité en meurent foudroyés par une apoplexie.
Certes nous ne les pleurerons pas, mais ne les oublierons pas non plus : ils étaient d'un comique d'époque si particulier...