Gabriel Nerciat
C’est fou comme on s’amuse. Après la constitutionnalisation du droit à l’avortement, l’introduction du consentement dans le texte de la loi pénale réprimant le viol.
C’est vrai que c’est important, le consentement, et pas seulement pour les très jeunes filles qui ont eu droit, dans les années 1970-90, aux avances de Gabriel Matzneff.
Déjà, lorsque j’étais à l’école primaire, la jolie petite Marie-Cécile, que j’appelais Marinette, une adorable fillette d’origine alsacienne aux beaux cheveux châtains et aux yeux verts comme des émeraudes, m’avait prévenu, un jour que je la suivais d’un peu trop près au sortir de la classe : « Si tu veux m’embrasser, tu dois me demander la permission d’abord. »
Avant d’ajouter, d’un air averti : « Parce que, tu comprends, tu n’es pas mon fiancé ».
Avertissement dont j’avais surtout retenu qu’on pouvait donc l’embrasser sans pour autant lui avoir demandé la main.
Mais il est probable que tout le monde n’a pas eu une Marinette, dans sa vie, pour être affranchi.
Visiblement, si j’en crois les néo-féministes, il y aurait en nombre des malotrus et des voyous qui se glissent dans le lit des filles sans y être formellement invités. Ou bien sans qu’elles aient clairement compris ce qu’ils venaient faire là.
Elles sont sûrement si naïves et si distraites, les pauvres. Ou bien placées sous hypnose, comme sur le divan de Gérard Miller.
Je sais hélas qu’un certain nombre de butors entreprennent parfois de griser, par l’usage immodéré de l’alcool ou d’autres substances plus ou moins licites, des femmes de rencontres afin de forcer leurs faveurs, mais je n’ose croire que ces minables soient devenus les plus représentatifs de l’ancien sexe fort déchu.
Donc, oui, sûrement, légaliser le terme de consentement, c’est important, mais sans doute que ça ne suffit pas.
L’idéal serait de contracter avant tout coït un engagement écrit simple et net, par exemple devant un clerc de notaire. Mais on me dira que c’est compliqué à organiser, et bien plus long parfois que certaines étreintes furtives destinées à demeurer sans lendemain.
Pour lever toute ambiguïté, le plus pratique ou le plus poétique serait de disposer d’une petite entrée en matière versifiée, facile à retenir et d’un usage tout terrain.
On aborderait sans détour la femme ou la jeune fille convoitée, et on lui dirait :
Sans ingérer aucune ecstasy,
Voulez-vous accueillir mon zizi ?
Ou bien, pour nos cadets trop affairés :
Levons le pied en fonçant ;
Je te prends si tu consens.
Ainsi les femmes ne seraient plus prises en traître et, dûment informées des intentions viriles, n’auraient plus qu’à répondre par oui ou par non.
Elles pourraient même, parfois, se montrer charitables. Comme Marinette qui finalement m’avait dit, peut-être instruite par son possible fiancé : « Si tu ne sais pas comment on fait, je t’aiderai. »