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25 mai 2024

Débat de la honte (A-B) suite, et tragédie de la courtisanerie

Maxime Tandonnet


25/5/2024 - Le baratin médiatique qui a suivi le débat de la honte est presque aussi lamentable que ce dernier. La plupart des médias se sont donnés le mot pour dire qu’Attal avait été « le vainqueur » de cette supercherie, de ce grand-guignol lamentable. Or, ce n’est pas du tout le ressenti populaire qui renvoie les deux protagonistes dos à dos.

Voyez par exemple les effets de l’esprit courtisan : le Monde, l’Opinion, Libération (le pompon), RTL, Nouvel Observateur, LCP etc. etc. Bref, dans leur immense majorité, les éditorialistes (sauf ceux du Figaro, Europe 1, Marianne et le JDD) semblent s’être passés le mot : Attal a battu Bardella, il a gagné et atteint ses objectif qui était d’apporter un soutien à la liste Renaissance en perdition.

La discussion sur la nature du débat, son caractère anti-démocratique car violant le principe d’égalité face au suffrage universel a été largement étouffée. Le vertigineux cadeau offert au RN, présenté ainsi en opposant officiel du gouvernement – et la complicité évidente entre le pouvoir macroniste et son alter ego lepéniste (voir photo ci-dessus) – ont été passés sous silence.

Or, les téléspectateurs n’ont pas vu le même débat à la télévision que les journalistes concernés. Selon un sondage paru le lendemain, les Français qui l’ont regardé ne considèrent pas du tout qu’Attal en soit sorti vainqueur. « Selon le dernier sondage Odoxa-Backbone pour Le Figaro. Sur les huit grands domaines d’action testés dans le sondage et abordés durant l’émission, le président du Rassemblement national (RN) a été jugé, en moyenne, plus convaincant par 51% des Français exposés au débat contre 46% pour le premier ministre. » Si la tonalité médiatique dominante attribue la victoire de M. Attal, il n’en est pas du tout de même des Français qui ont assisté à cette mauvaise séquence de politique-spectacle… La servilité, la courtisanerie, le conformisme et la soumission au pouvoir en place sont l’un des drames de la démocratie française.

Et d’ailleurs, quelle est la vérité, entièrement passée sous silence ? A 21h35, soit une demi-heure après le début du débat, sur la plus grande chaîne publique de télévision, les téléspectateurs n’étaient qu’1,16 million à regarder le débat. La moitié avaient décroché. L’audience était de 7,3% des téléspectateurs ce qui est absolument dérisoire pour un débat d’un Premier ministre face à un prétendu « chef de l’opposition ». Bref, pas un Français sur 60 n’y assistait. Les Français, 63 millions de Français (sur 64 et quelque) n’avaient rien à faire de cette opération de propagande, ce faux combat de coqs, cette blague odieuse et malsaine. C’est ce que tous les journaux et tous les médias, dans une démocratie libre, auraient dû avoir le courage ou la lucidité de dire plutôt que la surenchère de fayotage.