C'est vrai qu'elle n'était pas toujours sympathique et ne cherchait pas à feindre de l'être, mais l'admiration qu'elle suscitait pourtant chez la plupart de ceux qui l'ont approchée (j'ai eu ce privilège plusieurs fois) n'en était que plus vive.
Même quand elle se trompait - et ça n'arrivait pas souvent, car les fées l'avaient dotée d'une intelligence que je dirais panoramique - on avait envie de trouver la réalité soudain bien plus stupide ou irrationnelle que ce qu'elle aurait dû être.
Le plus cruel, c'est qu'elle a survécu aux trahisons de Chirac et, après avoir servi le dernier grand président de la Ve République, vécu assez vieille pour assister aux trois mandats consternants ou maléfiques qui se sont succédé depuis 2007, qui ont oeuvré à détruire à peu près tout ce qu'elle avait contribué à bâtir, dans l'ombre de l'immense Pierre Juillet.
Pour autant, en dépit de ses échecs ou peut-être grâce à eux, il n'est pas interdit de penser que sa vie fut bien plus réussie, et romanesque, que celle du futile époux de Bernadette Chodron de Courcel (sa bête noire) qui lui devait à peu près tout.
Enfin, disons pour finir qu'elle a plus contribué à ridiculiser le néo-féminisme que toutes les salades indigestes de Gisèle Halimi ou Denise Bombardier, toutes les chasses à l'homme avilissantes de Judith Godrèche et autres Adèle Haenel.
En ce temps de disgrâce, ce n'est pas rien non plus.