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29 juin 2024

À quoi ressemblera la France après le 7 juillet ?

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Changement de ton à Kiev

Vincent Verschoore

"Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré vendredi qu'il élaborait un "plan global" sur la manière dont Kiev estime que la guerre avec la Russie doit prendre fin.
"Il est très important pour nous de montrer un plan pour mettre fin à la guerre qui sera soutenu par la majorité du monde", a déclaré M. Zelensky vendredi.
"C'est la voie diplomatique sur laquelle nous travaillons", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Kiev, aux côtés de la présidente slovène Natasa Pirc Musar."
Et ce, a contrario de tout ce qu'il a dit jusqu'ici : pas de négociation avec Poutine, ni avant le retrait total des Russes du Donbass et de la Crimée.
Pas bon pour les euro-atlantistes, et je doute que le prochain SG de l'Otan, le néerlandais Marc Rutte, soit moins à la solde des seuls intérêts US que l'actuel.
Il semble que la Chine soit derrière ce retournement, elle qui avait décliné l'invitation à la pseudo conférence de paix suisse car la Russie, élément central s'il en est, n'était pas invitée.
La Chine, en effet, a aussi des vues sur l'Ukraine (comme tout le monde), et elle aimerait présider à une solution politique avant la probable prise de pouvoir de Trump. Ce dernier, ayant promis une résolution rapide du conflit (sans retrait majeur russe), pourrait en effet faire de l'ombre au parrain chinois de Poutine.
Il faut sans doute s'attendre à toutes sortes de manœuvres des euro-atlantistes pour saboter toute possibilité de paix, car il reste encore des Ukrainiens à tuer.

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28 juin 2024

Jonathan Sturel

28/6/2024 - Plus les vedettes, les sportifs, les médecins, les journalistes, signent des tribunes pour appeler à faire barrage au RN, plus le RN grimpe dans les intentions de vote.
Si le RN continue et obtient effectivement le plus grand nombre de députés, s'il obtient la majorité absolue en prime, ce n'est pas seulement pour Macron et pour la macronie que ces élections seront un camouflet mais pour tout l'appareil médiatique, pour toute la clique des donneurs de leçons du show-biz et du vedettariat subventionnée.
Ces élections pourraient devenir un immense référendum contre les grandes gueules qui prétendent nous dicter nos vies dans tous les aspects depuis des décennies. C'est tout un système de l'entre-soi bourgeois, mondain, médiatique, cultureux que nous sommes à deux doigts d'envoyer promener avec simplement deux petits bulletins de vote.
Nous pensons beaucoup à la dimension politique de ce scrutin mais n'oublions pas qu'un train peut en cacher un autre, et qu'en matière métapolitique nous avons une fenêtre pour lancer un tir nucléaire contre les signataires professionnels, contre les belles âmes germanopratines, contre les sermonneurs planqués, contre les pétitionnaires de la fausse charité, contre les Jean-Paul Rouve et contre tous les chasseurs de Sans-Dents.
Le moment que nous vivons couve un potentiel révolutionnaire dont on ne mesure pas encore la portée.

Momentum

Anne-Sophie Chazaud

Mes amis,
Ma parole s'est faite rare, vous le savez, alors j'espère qu'elle aura, dans les circonstances très exceptionnelles que nous connaissons et sur lesquelles il n'est pas possible que je reste totalement silencieuse, un peu de poids.
Nous sommes à la veille d'entrer dans le fameux jour de trêve politique, la véritable trêve olympique d'un peuple français dont je n'ai pas peur de dire qu'il a été pendant des années martyrisé, supplicié, humilié, spolié, rabaissé, et j'en ai eu ma part à l'époque, comme tant d'entre vous, braves et courageux, résilients.
Concernant ces élections miraculeuses, tout d'abord, ceux d'entre vous qui me font l'honneur de m'avoir suivie tout au long de ces années de combat, savent ce que j'ai souvent dit : que les psychopathes finissent toujours par commettre l'erreur de trop, le coup de trop, la chose narcissique irrépressible et fatale qui permet finalement de les coincer. La dissolution au lendemain des élections européennes est cette fameuse pichenette (que je n'osais plus espérer pour ce pays-ci) d'une gouvernance caractérisée par sa nature psychopathique et perverse, qui se croit au-dessus de tout ("qu'ils viennent me chercher"), et qui finit par se perdre au miroir de son insuffisante suffisance.
Contrairement à ce que disent, naturellement, la myriade de tous ceux qui collaboraient jusqu'à présent avec le pouvoir de nullités malfaisantes que la France supporte depuis des années, ces élections ne sont pas une catastrophe, elles sont une bénédiction, une pichenette du destin facilitée par l'hubris de celui qui a maltraité ce pays comme jamais auparavant (et pourtant, avant lui, la barre était déjà haute).
Ce que je veux vous dire, principalement, mes bien chers amis, en cette avant-veille historique pour TOUT le peuple français, c'est : ne vous laissez pas voler cette élection, qui que vous soyez.
Ne vous laissez pas voler votre volonté. Ne vous laissez plus voler votre joie. Ne vous laissez plus voler votre grandeur, votre noblesse de peuple fier et généreux. Ne vous laissez plus humilier. Ne vous laissez plus intimider. N'ayez plus peur. Relevez la tête.
Ne vous laissez pas faire par leurs combines et leurs bourrages de crâne, leur faux théâtre d'une résistance qui était aux abonnés absents lorsque tant de nos compatriotes tombaient sous les coups conjugués d'un pouvoir corrompu, matériellement et moralement, et d'une pègre associée complaisamment à ce pouvoir hideux.
Lorsque vous irez voter, pensez à Lola, pensez à Thomas, pensez à Marin, pensez à Arnaud Beltrame, pensez à Samuel Paty, et aussi à toute la chaîne de corruption morale institutionnelle, cette véritable "banalité du mal" (pour reprendre la fameuse expression d'Hannah Arendt), ce véritable mal collabo qui, dans son administration vérolée, a permis que sa tête suppliciée roule sur notre sol trempé de larmes. Trop de larmes. Pensez à Ilan Halimi, à Sarah Halimi, à Mireille Knoll, pensez aux victimes de Mohamed Merah, pensez au Bataclan, pensez à la Promenade des Anglais, pensez au Père Hamel, impossible d'être exhaustive avec ce véritable Massacre de nos Saints Innocents, pensez aux innombrables victimes de cet esprit de lâcheté, de collaboration avec l'ennemi et de corruption qui a dominé la France depuis tant d'années.
Pensez à Notre-Dame de Paris en flammes, pensez à toutes nos églises qui, lorsqu'elles ne sont pas détruites doivent être protégées les jours de messes festives.
Pensez aux suppliciés de la guerre sociale absolue livrée aux Gilets jaunes, à leurs visages martyrisés, à leurs yeux énucléés, en même temps que nos espoirs d'alors, leurs mains arrachées, leurs gueules cassées, tout ça pour avoir juste voulu dire haut et fort qu'ils existaient, qu'ils n'étaient pas "des gens qui ne sont rien". Pensez aux Gaulois réfractaires moqués, humiliés, livrés aux quatre vents d'une mondialisation sans conscience par de jeunes banquiers pas même talentueux, pas même intelligents, tout juste nimbés d'une culture générale de façade étalée en surface longue comme une confiture de mauvaise facture et que des larbins propagandistes ont vendue au peuple français comme de la présidence philosophique.
Pensez à toute la somme de leur haine au moment de la crise sanitaire, à l'essence fascisante qu'ils ont alors révélée, qui était là, sous nos yeux, bien visible, bien répugnante.
Pensez aussi à tous nos aïeux qui sont morts pour que nous soyons la France et dont, depuis tant d'années, la mémoire est souillée et usurpée par des pouvoirs abjects au point que nous avons mal les jours de commémorations car nous nous sentons, à juste titre, éjectés de notre propre héritage, comme squattés par des nuisibles, sortes de punaises de lit politiques qui ont infesté notre patrimoine et notre avenir.
Pensez à ce qu'ils ont fait de nos fleurons, industriels, technologiques, pensez à vos factures énergétiques, pensez aux faillites d’entreprises, pensez à nos centrales sabotées par des irresponsables, pensez à ce que sont devenus les grands services publics qui faisaient notre fierté dans le monde entier -je pense notamment à notre service public de la santé -, pensez à la désinstruction méthodique à laquelle ils ont livré nos enfants. Pensez aux enseignants recrutés sur le Bon Coin.
Pensez à la somme de leurs magouilles, celles qui ont permis la vente du pays à la découpe, aux copains, aux intérêts étrangers, à l'esprit général de prédation et de corruption qui règne depuis tant d'années.
Pensez à tout cela mes amis, au moment où vous irez voter, car il faut impérativement aller voter et que pas une voix ne manque.
Il existe, vous le savez, selon Descartes, une preuve de l'existence de Dieu, et c'est en l'occurrence le fameux cogito, je pense donc je suis. Pour moi, il en existe désormais une seconde, et c'est cette élection véritablement providentielle :-)))
Elle permet de relever la tête, de revoir de l'espoir là où tout n'était plus que cloaque, ensauvagement, tiers-mondisation, magouilles et renoncements. Et, qui n’était plus, pour ce qui me concerne, que silence résigné.
Alors voilà, Dimanche et le dimanche suivant, mes amis, soyez une foule sentimentale en raison de tout le mal qu'on peut vous faire, comme dit la chanson, parce que tout ceci est tellement beau, mais soyez aussi une foule rationnelle et logique qui tire ENFIN les enseignements de toutes ces années d'errance qui sont autant d'années perdues pour notre si beau pays. Ne vous laissez pas bourrer le crâne par les dépressifs des internets et d’ailleurs qui geignent à longueur de temps que voter ne sert à rien simplement parce que cela alimente leur petit commerce nihiliste. Ne vous laissez pas intimider par le chantage au chaos, à la guerre civile, ceux-là mêmes qui, il y a encore quelques jours, voulaient la guerre mondiale et se disaient, dans une répugnante légèreté, prêts à envoyer mourir nos enfants Dieu sait où alors même que notre propre pays s'effondrait sous nos yeux de par leur volonté et avec l'appui des émeutes de la pègre sur laquelle ils comptent en toutes circonstances : il y en aura, oui, des émeutes, et soyez bien certains que le pouvoir compte une ultime fois là-dessus, mais cela n'a aucune importance, car cette fois-ci, le peuple aura compris que c'est SA bataille. Cet odieux chantage et le syndrome de Stockholm qu'il induit chez certains ne sont plus de mise : nous passerons outre les menaces, la terreur, la violence et la haine anti-démocratique à l'œuvre depuis trop longtemps.
Le peuple français va désormais passer outre : passer outre les injonctions, les procès moraux, les théâtres de vertu (ils s'y sont tous collés, la grande internationale des multimillionnaires ultraprotégés qui demandent au peuple français de ne bénéficier, quant à lui, d'aucune protection, du footeux mononeuronal à la vieille gauchiste édentée en passant par les geeks no life évoluant dans le monde simple et binaire du numérique constitué de 0 et de 1 (méchants/gentils) et qui combattent dans un Star Wars imaginaire avec des épées en plastique pendant que les nôtres meurent sous les coups de vrais couteaux. Ils ont tout essayé. Ils n'ont plus de cartouches.
Prouvez-leur qu'ils avaient raison de dire qu'il y a ceux qui sont quelque chose et ceux qui ne sont rien : ils sont le RIEN, ils l'incarnent, tandis que nous, c'est-à-dire le peuple souverain (et qui le redeviendra de plus en plus, il faut bien commencer par quelque part), nous sommes TOUT. Renvoyez-les à leur néant et rebâtissons tous ensemble ce beau pays.
Sachez que le monde entier nous regarde et attend beaucoup de nous.
Je vous souhaite donc un excellent week-end.
PS : ce message ne s’autodétruira pas.
Catherine Gaillard

Eh toi, le happy few, le bienveillant à direction unique, viens vivre seulement un mois dans mon quartier, viens voir ce qu’il est devenu alors qu'il était si agréable à vivre, viens voir les trafics, la violence qui y règnent en maître depuis deux décennies maintenant (trois meurtres l’été dernier dont un en plein après-midi), les coups de feu la nuit sans que la police intervienne, viens voir mon hall d’immeuble, le local poussettes et vélos confisqués. Viens pendant un mois, tourner ta clef dans la serrure en regardant si un des types qui fait son trafic en bas ne t’a pas suivie dans l’escalier, et ensuite laisse-moi voir ton bulletin de vote. Les photos d’incendie sont prises de ma fenêtre. Mes seules consolations : mes filles devenues adultes, ont heureusement pu s’extraire du quartier du « vivre-ensemble ». Et "on" a obtenu une magnifique mosquée de 6 millions d'euros (bail emphytéotique avec la mairie) pendant que les services publics, dont l'hôpital, s'effondrent. Tu as bien lu : 6 millions de prêts pour la nouvelle mosquée. Je te laisse imaginer l’environnement du vendredi...










UNE SEMAINE GRISANTE

Gabriel Nerciat

Je dois reconnaître que je vis depuis une semaine des moments assez doux et discrètement euphorisants, en voyant autour de moi presque tous les jours la panique et le désarroi absolus qui commencent à s'emparer de collègues ou d'amis de la bonne bourgeoisie parisienne, dont la voix, le visage et l'attitude se décomposent à la publication de chaque nouveau sondage annonçant la victoire en rase campagne du RN le 7 juillet prochain.
J'étais trop jeune en 1981 pour bien me souvenir de l'attitude des droitards rupins et des modérés d'alors.
Je me rappelle seulement d'un de mes grands-oncles par alliance, qui avait hérité quelques biens substantiels de son père ancien taulier d'une maison close à Tanger, conseillant à mon grand-père maternel lors d'un repas de famille : "Si vous avez des bijoux ou des tableaux de valeur, je peux les faire passer en Suisse avant que Mitterrand n'ait soviétisé la totalité du pays".
Des décennies plus tard, on en riait encore. D'autant plus que l'ère Mitterrand fut l'époque de la plus grande prospérité boursière pour le grand-oncle en question.
Mais là, aujourd'hui, c'est autre chose.
Je crois que je suis en train de vivre, à un très modeste niveau, l'atmosphère intellectuelle et morale qui saisit un peuple à la veille d'une révolution ou d'un changement de régime, quand on constate soudain que ceux (élites ou non) qui étaient investis depuis toujours de l'autorité de la raison, du savoir et du pouvoir de prescription au sein d'une nation l'ont intégralement perdue, sans retour ni remords.
Ni le chantage à la guerre civile, ni les menaces de banqueroute ou de crise économique, ni l'intimidation des clercs et des hauts fonctionnaires, ni les états d'âme des foutboleurs et des acteurs de cinéma, n'embraient plus sur rien.
Au contraire : comme Macron, plus ils parlent ou s'agitent, et plus le RN monte.
C'est le secret de la longévité des démocraties : pas besoin d'incendier le Palais-Royal, de pendre Fabius ou Minc en place publique, de brûler les sièges du Monde ou de Mediapart, de plastiquer les locaux de SOS Racisme ou de la LDH, d'attaquer les bastions de l'Etat et du progressisme culturel, de menacer Matignon ou l'Elysée pour dissoudre un régime semi-oligarchique qui enserrait et étouffait la nation depuis plus de trente ans.
Le Banquier Président s'en est chargé pour nous ; il n'y a plus qu'à se rendre aux urnes deux dimanches de suite.
Même si la partie ne fera que commencer, elle sera bel et bien enclenchée, et elle ira jusqu'à son terme. La "majorité morale" ne sera plus désormais qu'une minorité aux abois, de plus en plus contrainte, discréditée et apeurée.
Mes collègues et connaissances macroniens ou socialistes pour la plupart le savent bien.
D'où leur décomposition vengeresse ou hagarde qui ne cesse d'augmenter mon bonheur, surtout lorsqu'ils en viennent presque à souhaiter un soulèvement des banlieues pour confirmer leurs craintes (tout en expliquant que Mélenchon est pire que Lénine).
"Je vis dans un cauchemar qui est plus réel que tous les éléments quotidiens de la réalité", me disait l'un d'eux avant-hier. Si Bardella entre à Matignon, je vais devenir un émigré de l'intérieur et je ne m'y étais jamais préparé."
Pour être tout à fait honnête, je n'ai pas cru bon ni opportun de le rassurer.

27 juin 2024

Mediapart

[EN ACCÈS LIBRE]

Les dangers des extrêmes droites. Informez-vous avec notre dossier spécial en accès libre : à partager largement !

Après des élections européennes remportées haut la main, et la dissolution surprise de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, le Rassemblement national, emmené par Marine Le Pen et Jordan Bardella, est à une marche du pouvoir. Mediapart a donc décidé, exceptionnellement, de permettre la lecture en accès libre d’une sélection d’articles qui racontent les menaces que l’extrême droite fait peser sur la France.

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L’explosion de la droite classique

Maxime Tandonnet

Voici la droite classique – je déteste cette formule mais n’en connais pas d’autre, quand on dit « les modérés » (Poincaré, Tardieu) comme sous la IIIe on se reçoit une volée de bois vert tant la modération n’est plus à la mode, comme le réalisme et le bon sens d’ailleurs, voici, l’ancienne droite classique déchirée en 4 ou 5 factions :

1) les félons de 2017, 2022 et 2023 ayant rejoint la macronie en plusieurs vagues ; à l’intérieur du camp des félons, deux sous-ensembles, ceux qui ont pris leurs distances depuis quelque temps et ceux qui ont léché jusqu’au bout.

2) les semi-opposants qui se prétendent opposants mais qui se sont compromis avec la macronie dans les moments les plus graves, le mépris des Gilets jaunes, le soutien à l’Absurdistan liberticide et le choix de la macronie contre le peuple lors de la grotesque et inutile réforme des retraites (refus de voter la motion de censure) ; ils voudraient le faire oublier mais les électeurs se souviennent…

3) les traitres et opportunistes qui au pire moment ont quitté le navire pour se soumettre la tête baissée au lepénisme triomphant (et ne valent pas mieux que les premières vagues de trahison inverse) ;

4) les derniers gaulliens en tout petit nombre qui ont voulu rester fidèles à eux-mêmes mais qui commencent à leur tour à chercher le salut ailleurs (comme Aurélien Pradié).

L’effondrement de cette droite classique n’est pas pour l’essentiel, lié à son bilan 2002-2012 en matière de sécurité, d’immigration, de chômage, de pauvreté, éducation qui était certes loin d’être satisfaisant mais quand même infiniment meilleur que celui des 12 années suivantes marquées par une aggravation spectaculaire du chaos. D’ailleurs, en 2017, l’électorat Fillon, malgré le scandale ébouriffant, atteignait quand même 21%, une base solide, soit 3 fois plus qu’aujourd’hui…

L’explosion commence ou s’accélère en 2017, par la seule faute des traitres, les Ganelon qui pourrissent l’image de leur camp, partis pour un fromage chez Jupiter, puis elle se prolonge avec l’effarante stupidité des autres leaders de cette formation dans leur mépris affiché du mouvement des GJ, leur ralliement à l’Aburdistan liberticide et l’autocratique et stupide réforme des retraites et enfin l’agenouillement de M. Cioti devant le lepénisme, celui-là même qui d’ailleurs, juste avant sa volte-face, était le plus fervent soutien à l’Absurdistan sanitaire et à la réforme des retraites de la macronie ! Qui a trahi trahira.

Aujourd’hui, RN a pris la place de la droite classique comme force d’alternance, tel est le produit du cynisme, de l’opportunisme et pire que tout, de la bêtise. La différence, c’est que RN, obnubilé par ses obsessions emblématiques d’inspiration maurrassienne (double nationalité, droit du sol, exclusions) et sa démagogie purulente, n’apporte pas une once de réponse aux tragédies de la France, la maîtrise des frontières et des flux migratoires, l’intégration des populations issues de l’immigration, la lutte contre l’immigration irrégulière et les filières esclavagistes, la crise sécuritaire, la dette publique et la paupérisation du pays, l'effondrement scolaire.

C’est même le contraire, encore pire, le caractère emblématique du lepénisme, clivant, déchirant, annonce une entrée en rébellion d’une partie du pays, de l’appareil d’Etat et de la justice qui ne peut qu’amplifier dans des proportions inimaginables le chaos national et la violence. La cause de tout cela : un vertigineux délire autocratique, naufrage dans le narcissisme destructeur de la macronie associée à la flambée de trahison, de courtisanerie et de bêtise qui a frappé la droite classique comme la foudre de Jupiter.

Il ne faut pas en douter un instant, quel que soit le verdict des législatives, majorité absolue pour le RN ou absence de majorité et Chambre ingouvernable, nous allons vers trois années apocalyptiques pour la France. Il faut juste ouvrir les yeux pour le comprendre. Et si l’on veut essayer de rebâtir quelque chose pour offrir une espérance aux Français en 2027, à la faveur de la disparition programmée du macronisme et celle du lepénisme quand beaucoup de Français vont ouvrir les yeux, cela devra se faire sans les médiocres qui ont conduit à la situation actuelle, en se fondant sur le débat d’idées et non l’idolâtrie imbécile, et sans espérer refaire un parti structuré mais plutôt une alliance des bonnes volontés au seul service de la France.

https://maximetandonnet.wordpress.com/2024/06/27/lexplosion-de-la-droite-classique/
Marc Amblard


CONSTITUTION, VOUS AVEZ DIT CONSTITUTION ?

Gabriel Nerciat

Marre d'entendre à longueur de journée des ignorants et des hypocrites raconter n'importe quoi.
Il serait quand même temps de rappeler à tous ces parasites faisant assaut de légalisme républicain que la cohabitation n'était absolument pas prévue par le général de Gaulle et les pères de la Constitution en 1958 (Michel Debré et Jean Foyer en ont témoigné à plusieurs reprises, et c'est de toute façon évident).
Charles de Gaulle, lors des législatives serrées de 1967, avait pu vaguement prévoir de nommer à Matignon en cas de défaite du parti gaulliste Valéry Giscard d'Estaing, venu du CNIP, ou bien un député issu du Centre démocrate (l'ancien MRP), Jean Lecanuet ou Joseph Fontanet, mais certainement pas ses adversaires François Mitterrand, Pierre Mendès-France ou Gaston Defferre.
Dans la Ve République, à partir du moment où un président en cours de mandat est massivement et par deux fois désavoué dans les urnes, surtout lorsqu'il demande lui-même aux Français de lui procurer une majorité parlementaire par l'intermédiaire d'une dissolution de l'Assemblée nationale, ce dernier doit soit démissionner après le constat de sa défaite soit accepter de devenir l'équivalent français du roi d'Angleterre (ce fut le cas de Jacques Chirac entre 1997 et 2002, ainsi que Marine Le Pen l'a rappelé hier dans un tweet cinglant).
En réalité, comme Raymond Barre l'avait très bien exposé à l'époque, jamais Chirac n'aurait dû, sur les conseils d'Edouard Balladur, accepter d'aller à Matignon en 1986.
Encore le RPR ne disposait-il pas d'une majorité absolue du fait de l'instauration de la proportionnelle, et Mitterrand, résolu à briguer un second mandat, n'était-il pas contesté dans son propre camp (même par les rocardiens).
L'inexistence de l'UE et un accord minimal sur les grandes questions de politique étrangère entre les trois grands partis du Parlement rendaient aussi la situation beaucoup plus facile.
Rien à voir, donc, avec la configuration actuelle, où Macron, empêché de se représenter et désavoué par ses propres troupes que la dissolution va décimer dans quelques jours, ne peut de toute évidence cohabiter pendant un an ou plus avec un parti et un potentiel Premier ministre beaucoup plus majoritaires que lui, avec lesquels ils n'a rigoureusement aucun point d'entente sur rien - surtout pas dans le domaine de la défense et de la politique étrangère.
Dès lors, on en revient toujours à la fameuse citation de Gambetta à propos de Mac Mahon et de la première dissolution parlementaire (ratée) de l'histoire de la République : se soumettre ou se démettre.
Si le RN obtient une majorité absolue des sièges dimanche 7 juillet, il est évident que tôt ou tard, Macron devra quitter l'Elysée bien avant la fin légale de son mandat, sans doute dans les semaines ou les mois qui suivront le scrutin.
Car si jamais il prétend se maintenir et empêcher, avec ou sans l'aide des juges du Palais-Royal, Bardella de gouverner comme il l'entend, ce dernier, à l'image de Jacques Chirac en 1976, n'aura aucun mal à lui remettre séance tenante une démission qui acculera le président à l'imiter, dans l'impossibilité qui sera la sienne de dissoudre à nouveau l'Assemblée avant l'été 2025.
Reste l'hypothèse du roi d'Angleterre, réfugié dans sa piscine de Brégançon.
C'est cette hypothèse que, fort opportunément, Marine Le Pen a évoquée hier, en rappelant à propos de l'Ukraine que Macron ne serait plus en mesure de faire quoi que ce soit sans l'aval de son Premier ministre.
Dès lors, que ceux qui ont des oreilles (et un cerveau) entendent, et cessent de nous importuner avec de fausses questions de principes.
Macron il y a quinze jours a tenté un coup de poker foireux qui ne lui laissera pas la possibilité de se refaire.
Ceux qui font croire le contraire ne cherchent pas à défendre la République, mais au contraire à la précipiter dans le chaos institutionnalisé.


26 juin 2024

Elisabeth Spitz

Songeuse en ces temps incertains.
Envie que l’on s’aime
Plutôt que d’entendre des idées extrêmes.
Envie de lumière
Pour contrer l’obscurantisme primaire.
Envie de partages et d’unions
Alors que tout se transforme en divisions.
Envie de voir des cerisiers en fleurs
À la place d’un avenir qui fait peur.
Envie d’un regard humain comme une évidence, une urgence, une exigence.
S’élever vers des attentions partagées
Et aller contre la défiance organisée.

Georges Kuzmanovic

Julian Assange est libre !
Mais il a dû "plaider coupable" après
- 1901 jours de prison.
- Dans une prison de haute sécurité (pour criminel dangereux et terroristes donc).
- A l'isolement 23h par jour.
- Et avant cela, réfugié 7 années dans l'ambassade d'Équateur à Londres.
- Et encore avant, 2 années de "liberté surveillée".
Mais "coupable" de quoi au juste #JulianAssange ?
D'avoir informé les citoyens du monde, d'avoir été un bon journaliste ou plutôt un lanceur d'alerte.
Coupable d'avoir montré au monde ce que beaucoup savaient, mais avec des preuves, à savoir que les Etats-Unis mènent des coups d'Etat partout sur cette terre, des crimes de guerre en Irak et en Afghanistan, des assassinats, des campagnes de corruption, etc.
Julian Assange n'était coupable de rien si ce n'est de révéler la vérité.
Pourtant, il a dû subir une "procédure d’extradition demandée par les États-Unis" après avoir été inculpé pour "espionnage" - il était menacé d'être condamné à 175 années de prison.
Magnifique pour le pays soi-disant phare de la liberté dans le monde.
Honte à tous ceux qui se sont tus pendant ces 14 années alors qu'ils dénoncent à grand cris la moindre entorse aux droits de l'homme quand c'est hors d'Occident (allô Raphaël Glucksmann).
Ci-dessous la Une du Monde qui faisait d'Assange l'homme de l'année en 2010 avec les révélation de WikiLeaks (Le Monde a bien vite oublié cette audace non atlantiste).
Pour sortir de cette situation, Julian Assange et ses avocats ont conclu un accord de "plaider coupable" avec la justice américaine.
Il devra comparaître devant un tribunal fédéral des îles Mariannes le 26 juin, où il devrait être condamné à 62 mois de prison (déjà purgés en détention provisoire à Londres).
Assange peut donc renter libre en Australie, son pays.
Libre mais amputé de 14 ans de sa vie, traité comme un terroriste, plusieurs fois moralement brisé.
Les USA ont réussi !
La leçon est bien comprise par tous les éventuels lanceurs d'alerte. Ils sont en mesure de pourrir la vie des lanceurs d'alerte, y compris en s'asseyant sur les droits de l'homme, y compris en imposant leur volonté sur les législations des pays d'Europe sans que les gouvernements n'osent rien faire.
C'est ça la vassalisation.

25 juin 2024

Denis Collin

La mélonisation accélérée du RN confirme les analyses que je défends depuis longtemps. Le RN n'est pas un parti fasciste, à aucun titre, il est un parti du système et se prépare à être un parti de rechange qui sera très obéissant devant la Commission et exécutera les consignes. En plus, comme c'est un parti aussi gazeux que LFI, sa prise de contrôle du pays sera des plus périlleuses, si d'aventure il a la majorité absolue. Il est candidat à jouer à droite le rôle de Syriza en Grèce.
Il est plus que temps de mettre en chantier la construction d'une nouvelle force populaire, garante de la souveraineté du peuple, garante de la démocratie et des droits sociaux, une vraie social-démocratie. Quelles forces relèveront ce défi ?

DSK, LE RETOUR

Gabriel Nerciat


Tous les jours ou presque qui, depuis l'annonce de la dissolution, nous rapprochent du verdict des urnes ont quelque chose de féérique et d'irréel.
Après François Hollande, c'est un autre spectre socialiste des défuntes années 2000-2010 qui refait surface, comme un cétacé avarié surgi à l'improviste du fond d'un océan de merde, de capotes usagées et d'algues vertes : DSK en personne.
L'ex-directeur du FMI brandit soudain la vertu civique de l'antifascisme avec la même désinvolture, la même absence de vergogne que lorsqu'il sortait sa queue devant la femme de ménage guinéenne du Sofitel de New-York qui provoqua sa chute.
Son consternant pensum vaut la peine d'être lu : ce baiseur hâtif et compulsif étreint la réalité encore plus vulgairement que les croupes de dix prostituées de luxe dans une partouze surveillée par le FBI et organisée par un mouchard sarkoziste de la DGSE.
Car il ne faut pas croire : c'est un homme à principes, Dominique.
"Quel que soit le vainqueur (des législatives), nous dit-il, le nouveau gouvernement devra présenter une stratégie de moyen terme compatible avec le nouveau pacte de stabilité et de croissance européen."
Ce n'est pas trop compliqué, en fait, l'économie, chez les grandes huiles de la social-démocratie mondialisée : il suffit de dresser un bilan-comptable, avec ce qu'il faut d'augmentation d'impôts, de réforme des retraites et de réduction des salaires ou du temps de travail, pour que ça rentre dans le plan concocté par les bureaucraties supranationales de Bruxelles ou de New-York.
Et après, roule cocotte.
Même Pierre Arditi ou Virginie Efira, en s'appliquant, pourraient le faire.
Du reste, eux aussi appellent à voter contre le RN, c'est dire.
Peut-être que si DSK baisait autant, d'ailleurs, c'est parce qu'il n'avait pas grand chose à foutre (sans jeu de mot) et s'ennuyait ferme dans son grand bureau climatisé de la Côte Est.
Aujourd'hui, il est inquiet, retour des années 1930 oblige : le passage où il explique qu'il vaut mieux voter pour un antisémite de gauche ou d'extrême-gauche que pour un nationaliste indifférent à la question juive est à tout point de vue admirable, digne du gendre de Monsieur Poirier.
En gros, l'antisémite mélenchoniste ou islamo-gauchiste n'est antisémite que par frivolité ou passade circonstancielle : c'est peut-être un sale con, mais on peut s'entendre avec lui ou du moins essayer de le manipuler.
Tandis que le nationaliste-souverainiste, lui, n'est pas un type fréquentable, même s'il a abjuré ou oublié l'antijudaïsme de Drumont et de Maurras : il se méfie des étrangers, et serait capable d'empêcher les p.tains marocaines, ukrainiennes et peules (des filles très bien bâties et endurantes, les Peules) de venir jusqu'à nous.
Si l'on était un peu taquin, on pourrait demander à DSK et à ses amis pourquoi et au nom de quoi la République se devrait d'être particulièrement xénophile : aucune de nos nombreuses Constitutions ne mentionne l'obligation catégorique pour la France démocratique d'accueillir sur son sol et/ou de nationaliser la Terre entière.
Mais DSK s'en moque : sa devise est que là où il y a de la gêne, il n'y a pas de plaisir.
J'espère qu'un jour il invitera David Guiraud ou Thomas Portes à ses soirées galantes : l'arrivée à l'aube de quelques sicaires du Hamas donnerait à ces dernières la touche de folie spectrale qui leur fait encore sûrement défaut.

La gauche annonce déjà qu’elle refusera le verdict des urnes

Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF au suivi de la vie parlementaire


25/6/2024 - La situation est-elle seulement grave ou déjà désespérée ? Il est maintenant admis, si l’on en doutait, que la gauche refusera le résultat des élections au soir du 7 juillet, sauf à ce qu’elle gagne. L’invective s’est renforcée, on l’a vu en la personne d’Aubry, qui apparaît sur une vidéo, dansant comme une possédée en insultant le RN, et ses électeurs. Le seul argument, repris aussi par la macronie, c’est d’affirmer qu’avec le RN ce sera... et de déballer le bilan de 7 ans de pouvoir macroniste, à savoir : faillites records, prix de l’énergie qui explose, dette pharaonique, insécurité galopante et de prétendre que ce sera là le résultat de l’alliance de droite RN/LR, si d’aventure elle gouvernait. (...). Dans le même temps, nous avons tous ces artistes, personnalités, qui y vont de leur soutien face à la menace de cette extrême droite qui devrait, selon leurs prévisions, faire pire que ce que nous vivons en ce moment. Et de nous gratifier de cette litanie de poncifs sur les dangers présumés et toutes ces reculades sociales, ces lois liberticides, que nous ne manquerions pas de connaître. Que ne se sont-ils pas manifestés lorsque RT et Rumble ont été interdits de diffusion en France et uniquement en France, c’était là l’occasion pour ces défenseurs de la pluralité, de se faire entendre. Ils sont restés muets.

Mais quand il s’agit d’insulter les électeurs RN, là on en trouve beaucoup plus. Dernière en date, Marianne James, qui n’a pas hésité à les qualifier d’imbéciles, de bas de plafond, injuriant donc une partie de ce public qui lui permet de vivre confortablement. Les artistes n’avaient pas hésité déjà, à traiter d’assassins tous ceux qui ne voulaient pas se faire vacciner. Si on comprend bien, à part penser et agir comme ils l’autorisent, tout le reste est interdit. Comme représentants de la tolérance et de la liberté on a trouvé mieux. Seul Fabrice Lucchini a eu l’élégance et le bon sens de dire que « les artistes doivent respecter un droit de réserve et de non-obscénité, parce qu’ils ne vivent pas les problèmes des gens ». Se servir de sa notoriété pour influencer un vote peut souvent s’avérer périlleux, on se souvient de Faudel, disparu pour avoir soutenu Sarkozy. Afficher un soutien à un homme politique pourquoi pas, mais insulter des électeurs... Et tous ces donneurs de leçons de s’appuyer sur l’histoire pour se donner du poids et de dire, « l’extrême droite on a déjà essayé avec Pétain ! ». Faux, les ministres de cette période étaient tous de gauche ! Mais bien entendu c’est l’extrême droite qui est désignée comme coupable de la collaboration, alors que c’est Laval l’instigateur et il était socialiste. Étrange amnésie, qui souligne soit la méconnaissance historique, soit la pure malhonnêteté. (...).

Que dire de la patronne de la CGT qui annonce déjà qu’elle souhaite voir les fonctionnaires désobéir si le RN vient au pouvoir et de parler encore de Vichy. C’est pratique, cette période, pour y trouver des excuses à ce qui n’est rien d’autre pour le moment, qu’un mouvement séditieux. D’abord tous ne sont certainement pas de son obédience, et surtout le devoir de désobéissance existe bien, mais dans un cadre bien précis, à savoir que l’ordre soit manifestement illégal, non qu’il ne convienne pas aux désirs de cette gauche bien-pensante. Il y a une nuance tout de même. Dans un cas le fonctionnaire est protégé par la loi, dans celui désiré par la CGT, il ne le sera pas. D’ailleurs, qu’a fait ce syndicat pour défendre les soignants suspendus et les rétablir dans leurs droits et leur dignité ? Rien. Tout est en place pour affirmer que les urnes peuvent bien démocratiquement s’exprimer, la gauche ne voudra pas en entendre parler. C’est tout de même extraordinaire pour des défenseurs de la démocratie, pour ceux qui disent que la république est menacée, d’être les premiers à nous faire comprendre que puisqu’il y a menace, selon eux, ils ne reconnaîtront pas le résultat de l’élection. C’est sans doute ce que souhaite Macron pour utiliser l’article 16. Que fera-t-elle cette gauche si soucieuse d’organiser le désordre pour récupérer le pouvoir, selon une forme de coup d’État ? Osera-t-elle, dans pareil cas, appeler à désobéir les forces de l’ordre qu’elle dénigre pendant la campagne ? Macron s’est piégé tout seul, il espérait un éclatement de la gauche et un isolement du RN. Il a exactement l’inverse, quant à déclencher les pleins pouvoirs, on se demande quelle sera sa légitimité pour user d’un tel stratagème, si sa coalition a tout juste 100 députés. Il y aura bien là un cas de conscience et une crise de régime, dont l’issue ne pourra être que sa démission ou sa destitution. (...).


24 juin 2024

LA DISSOLUTION DE MACRON EST DÉJÀ UN QUASI-COUP D'ÉTAT ! (vidéo)

Emmanuel Todd

Emmanuel Todd est anthropologue, démographe et historien. Il revient à nouveau sur Élucid pour proposer son analyse inédite des récents événements : pourquoi Emmanuel Macron a-t-il pris cette décision de dissoudre l'Assemblée ? Sommes-nous face à un Machiavel ou un Néron ? En réalité, le nihilisme des élites (dont Macron est une forme d'incarnation) se poursuit, et conduit le pays vers un chaos dont personne ne peut anticiper la nature...

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Sommaire :

00:00:00 - Zapping
00:01:41 - La dissolution de Macron
00:07:15 - La crise de la démocratie
00:22:13 - L'état de la France
00:32:51 - Les causes économiques de la crise
00:40:56 - Le rôle de la religion
00:54:00 - La réalité du vote RN
01:09:34 - Le Macronisme et la stratégie présidentielle
01:18:43 - Le macro-lepenisme
01:23:35 - Le Nouveau Front Populaire
01:27:15 - L'instrumentalisation de l'antisémitisme
01:38:10 - Programmes économiques et Union Européenne
01:44:05 - Les hypothèses pour l'avenir
01:54:06 - Question finale

UNE CRISE TRINITAIRE

Gabriel Nerciat

Dans tout ce qu'on écrit à propos de la dissolution et de la crise politique qu'elle révèle et engendre à la fois, il me semble qu'on rate le plus évident.
Pour qu'une démocratie parlementaire fonctionne, a fortiori dans la Ve République où le choix du Premier ministre relève autant de la décision du président de la République que du vote des parlementaires, il faut que le champ politique national soit rigoureusement divisé en deux, afin que puissent se constituer de façon claire au lendemain de chaque consultation électorale une majorité qui appuie le gouvernement et une opposition qui le combat.
Une démocratie parlementaire structurée à partir de trois blocs indépendants et concurrents ne peut pas fonctionner durablement, et à vrai dire dans ce contexte les qualités ou les défauts du chef de l'Etat ne jouent qu'à la marge (rejeter toute la responsabilité de la crise sur Macron est une erreur : battu aux législatives de 2022, ce dernier était contraint de dissoudre tôt ou tard, et il a seulement tenté de transformer une contrainte structurelle en opportunité tactique).
Il est probable que les Français sont en train de s'en rendre compte, et c'est pourquoi le Banquier Président dans une semaine va perdre son pari : ils ont intégré la nature anarchique de la période politique qui s'est ouverte en 2017 (en réalité, dès la ratification du traité de Maastricht en 1992 aggravée par l'adoption du quinquennat en 2000) et ils s'évertuent à jouer avec elle plutôt que de chercher à en sortir au bénéfice du bloc central technocratico-maastrichien.
Pour autant, il faudra bien tôt ou tard que l'un des trois blocs s'affaisse ou disparaisse au profit des deux autres, sans qu'on puisse pour autant revenir au traditionnel clivage droite-gauche du siècle précédent tué par l'effondrement de l'URSS et la mondialisation (ce fut l'erreur commise par Eric Zemmour et renouvelée par le tandem Ruffin-Glucksmann, qu'ils payent ou vont bientôt payer au prix fort, alors que Marine Le Pen et Bardella en recueillent au contraire les dividendes électoraux).
La vraie question est donc : est-ce que la transmutation finale du trois en deux se fera par l'épreuve de la rue ou bien par l'athanor des urnes, et au profit de qui exactement ?
Réponse bientôt.

23 juin 2024

Macron, le début de la fin ! (vidéo)

Jacques Cotta

Après le rejet exprimé aux élections européennes, Macron devrait s'en aller. Démocratiquement, il n'est pas légitime. L'immense majorité du peuple n'en veut plus. Il ne se maintient que par les institutions de la Vème République... La crise politique annonce une véritable crise de régime. 21/6/2024

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Maxime Tandonnet

le phénoménal succès du lepénisme aux Européennes et dans les sondages des législatives désormais aux portes de Matignon, procède d’une formidable colère populaire envers le pouvoir macroniste. D’ailleurs, il en est de même, à gauche, côté NFP. Ces législatives n’ont qu’un véritable sens : au-delà de la sanction, une authentique vengeance populaire après sept années d’arrogance, de morgue, de mépris et d’autocratie narcissique impuissante. Un mouvement de révolte dans les urnes, une gifle démocratique.

PORTRAIT DE MÉLENCHON EN DUC D'OTRANTE

Gabriel Nerciat


22/6/2024 - Je crois que je commence à comprendre vraiment le rôle que Mélenchon, dans sa stratégie de domination du bloc de gauche parlementaire entamée en 2017, assigne aujourd'hui à l'antijudaïsme obsessionnel et à l'islamo-gauchisme décolonial.
Il ne s'agit pas seulement de mobiliser l'électorat musulman et allogène des banlieues proches des grandes métropoles du Nord et du Sud de la France en faveur de ses candidats et de son parti.
Même s'il s'agit évidemment là de l'aspect le plus visible et le plus directement utilitaire de l'opération, qu'on a cent fois commenté.
Car son attitude des dernières semaines, accentuée par la soudaineté de la dissolution, révèle, il me semble, un autre dessein - qui n'est évidemment pas contradictoire avec le premier.
Je le résumerais ainsi : se servir de la question juive (ou sioniste, comme on voudra), jadis fédératrice de toutes les gauches au moins depuis l'Affaire Dreyfus, pour rendre impossible une tactique de désistement réciproque au second tour des législatives entre ses concurrents du Nouveau Front Populaire, à lui imposé par son rival François Ruffin avec la complicité indirecte de François Hollande, et ce qui restera des candidats macroniens encore en mesure de se maintenir au soir du premier tour.
Car Mélenchon a peut-être tous les défauts du monde, mais il faut lui reconnaître au moins deux atouts incontestables : c'est un tacticien assez brillant pour tout ce qui regarde la science des combinaisons politiciennes (tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir comme initiateurs politiques Pierre Lambert et François Mitterrand), et c'est aussi l'un des derniers hommes politiques français détenteurs d'une réelle érudition historique.
Il sait très bien que la référence au Front populaire de 1936 n'est pas seulement nostalgique ou incantatoire : elle élabore un imaginaire politique qui fait signe dans le sens d'une alliance électorale entre des partis révolutionnaires, sociaux-démocrates et bourgeois au nom de la résistance au fascisme et à l'antisémitisme (raison pour laquelle il n'a pas hésité à profaner la mémoire de Léon Blum dans un tweet apparemment grotesque le comparant défavorablement à ses propres lieutenants parlementaires, mais qui dans son esprit n'a rien de ridicule ou de provocateur car il sert surtout à envoyer à ses rivaux, Ruffin et Sandrine Rousseau au premier chef, un message extrêmement précis).
Le sous-texte est le suivant : si vous cherchez, pour me déstabiliser ou m'abattre, à ressusciter le front républicain de 1936 en accord avec le bloc déliquescent de l'extrême-centre bourgeois et mes vieux ennemis sociaux-démocrates de toujours, je n'hésiterai pas à mobiliser explicitement l'antisémitisme et l'antisionisme des banlieues et des facs gauchistes pour le désactiver ou le neutraliser radicalement entre les deux tours.
Même si l'opération n'est pas très ragoûtante et utilise assez cyniquement la peur des meurtres ou des agressions dont des Juifs en France peuvent désormais être victimes à peu près n'importe où, il faut reconnaître que c'est assez bien conçu.
En quelques jours, il a déjà humilié et tué Glucksmann, Corbière et Garrido ; je gage qu'il va en faire autant, dès le 30 juin au soir, avec Ruffin, Clémentine Autain, Sandrine Rousseau et François Hollande.
Finalement, c'est peut-être moins à Robespierre ou à Doriot qu'il ressemble qu'à Fouché, celui de Thermidor comme celui du souper de Brisville.
Le titre de duc d'Otrante d'ailleurs lui irait assez bien.

21 juin 2024

Gilles Casanova


Ça y est ! Le « Nouveau Front populaire », décidé à perdre, vient de lancer son appel à voter Macron au second tour.
Tout ça pour ça…

20 juin 2024

"Projet pour la nouvelle salle de l'Assemblée nationale : un paratonnerre spécial protégera l'orateur pendant les orages parlementaires."

Marc Amblard

Alexis Haupt

Au vu de ce qu’il s’est passé durant la « période covid », je considère que l’un des sujets les plus importants, peut-être même le plus important de tous est celui du consentement médical. Eh oui, des millions de gens s’étant fait vacciner dans l’angoisse et le doute durant cette période qualifiée d’état d’urgence par un seul homme, la moindre des choses serait maintenant de mener des investigations pour savoir si parmi ces millions de personnes, certaines l’auraient fait à contrecœur. Ce qu’il s’est passé est extrêmement grave mais ne pas investiguer sérieusement sur les circonstances l’est tout autant. Non seulement les médias n’abordent pas le sujet du consentement, mais pire, ils continuent de parler d’« antivax » pour désigner les professionnels suspendus ayant refusé l’injection. Je dénonce là une réelle entreprise de tromperie car la plupart des gens qui n’ont pas voulu se vacciner contre la covid-19 n’étaient pas contre la vaccination en général mais prônaient la liberté vaccinale et/ou la pharmacovigilance. De plus, cette tactique est d’autant plus malhonnête qu’elle laisse sous-entendre que tous ceux qui se sont fait vacciner l’ont fait par conviction. J’ai voulu savoir si tel a été le cas, s’il n’y a eu que des sujets volontaires parmi tous ceux s’étant fait vacciner. Pour ce faire, j’ai posé la question sur mon compte Twitter. J’ai demandé dans quelles circonstances les gens s’étaient fait injecter : par contrainte ou par conviction ? À ma grande surprise, j’ai reçu plus de 1400 réponses en une journée. À l’évidence, j’ai constaté le nombre élevé de gens affirmant n’avoir jamais voulu de cette injection. Tout porte à croire qu’il y a parmi les vaccinés, plus d’« antivax » que ne laissent entendre les médias. Il m’a paru important de recueillir ces messages pour qu’ils servent de trace écrite, pour que l’on n’oublie pas que, contrairement au récit diffusé par les médias, le consentement n’a pas eu lieu pour tout le monde ! Un devoir de mémoire s’impose. Et l’objectif de ce livre est d’être une petite pierre à cet édifice.

Avez-vous accepté le vaccin par conviction ou par contrainte ? : Recueil de témoignages sur le consentement au sujet du vaccin covid.

17 juin 2024

Emmanuel Tellier - Marianne
14/6/2024


Enfin, une grande voix du monde de la culture, une autorité morale, se permet d'écrire ce que beaucoup d'observateurs ont constaté depuis des années : en se bouchant le nez face à ses « salauds » d'électeurs sensibles aux idées du Rassemblement National, les beaux esprits du monde des lettres, des planches et des plateaux de cinéma ont (pour reprendre les mots de Mnouchkine) « lâché le peuple ».

Cher monde de la culture – dans toute votre diversité, dans vos milliers de parcours, vos milliers de visages, figures en pleine lumière comme silhouettes œuvrant dans l’ombre –, quelqu’un s’adresse à vous dans une tribune publiée par le quotidien Libération. Une prise de parole essentielle, sur un ton inédit et précieux. Pas n’importe qui : Ariane Mnouchkine. L’une des vôtres. Une figure tutélaire. Une autorité morale.

Et voici, en substance, ce que cette grande dame du théâtre français, le cœur solidement ancré à gauche, vous dit, comme une aînée s’adresse à ses cadets : la très grave crise politique que traverse la France est aussi la vôtre, et vous n’êtes en rien exemptés du nécessaire travail d’introspection et d’autocritique auxquels tous les corps de la société doivent se prêter de bonne foi. Et urgemment.

« MACRON LE PETIT »

« Qu’est-ce qu’on n’a pas fait ? Ou fait que nous n’aurions pas dû faire ? », interroge d’abord la fondatrice du Théâtre du Soleil, aujourd’hui âgée de 85 ans (et toujours très active au sein de ce lieu magnifiquement atypique et humaniste qu’elle a créé en 1964, mais dont elle a beaucoup de mal, soit dit en passant, à transmettre les clés et l’héritage).

Dans les premières lignes de son texte, Ariane Mnouchkine fustige l’attitude d’Emmanuel Macron, et sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale dans l’urgence. Un « geste d’adolescent gâté, plein de fureur, de frustration et d’hubris ». Le chef de l’État « déverse un bidon d’essence sur le feu qui, déjà, couvait. Il met le feu à notre maison, à notre pays, à la France », écrit-elle… Avant d’ajouter : « Macron est bien trop petit pour porter, à lui seul, la totalité du désastre ».

Le point essentiel de sa prise de parole arrive alors. « Je nous pense, en partie, responsables, nous, gens de gauche, nous, gens de culture. On a lâché le peuple, on n’a pas voulu écouter les peurs, les angoisses. Quand les gens disaient ce qu’ils voyaient, on leur disait qu’ils se trompaient, qu’ils ne voyaient pas ce qu’ils voyaient. Ce n’était qu’un sentiment trompeur, leur disait-on. Puis, comme ils insistaient, on leur a dit qu’ils étaient des imbéciles, puis, comme ils insistaient de plus belle, on les a traités de salauds ».


Pour tout journaliste s’étant choisi comme spécialité d’écrire sur les disciplines culturelles et les créations qui en émanent (de la littérature au théâtre, du cinéma à la musique), le caractère cinglant des mots d’Ariane Mnouchkine n’a rien d’une surprise. Notre seul étonnement : que personne d’autre (ou presque) n’ait osé s’exprimer publiquement avec une telle franchise auparavant.

On écrit publiquement, car de manière moins formelle, on est certain d’avoir déjà entendu ces mots-là, de manière quasiment aussi crue, dans la bouche de personnalités comme Charles Berling, Agnès Jaoui, Vincent Lindon, Bruno Dumont, Miossec ou encore du regretté Jean-Louis Murat (les premiers noms qui nous viennent à l’esprit, mais évidemment il y en a d’autres…) Dans les faits, depuis des dizaines d'années, des figures du monde culturel ont alerté, et tenu un discours de vérité.

Par ailleurs, personne ne peut ignorer que dans un grand nombre d'institutions (musées, théâtres, festivals…), des milliers de « responsables des publics » ont tenté, vaillamment, de ne laisser aucun spectateur au bord de la route. Mais dans ces mêmes instances, n'a-t-on pas passé trop de temps à débattre des mérites et de la nécessité supposés de l'écriture inclusive, ou du besoin de privilégier les fameuses « mobilités douces » pour accueillir « le public », au lieu de se concentrer sur l'essentiel : les programmations, leur sens, leur vocation ?

« NOTRE NARCISSISME, NOTRE SECTARISME… »

À travers cette tribune, Ariane Mnouchkine, ne se contentant plus d'alerter, se fait largement plus « transgressive » lorsqu’elle se permet (là encore avec une lucidité qui force le respect) d’interroger le sens des mobilisations qui s’annoncent. Que faire dans les courtes semaines qui nous séparent des deux tours de vote aux législatives ? Continuer à se boucher le nez face aux « salauds » qui votent RN ? Se « contenter » de descendre dans la rue pour faire des marches de gauche, la main sur le cœur ? Comme avant ? Comme en 2002 ?

La dramaturge a clairement un avis radical sur la question, même si ses mots sont mesurés, précisant qu’elle n’est « pas certaine qu’une prise de parole collective des artistes soit utile ou productive », car « une partie de nos concitoyens en ont marre de nous : marre de notre impuissance, de nos peurs, de notre narcissisme, de notre sectarisme, de nos dénis ».

En vérité, écrit un peu plus tôt Ariane Mnouchkine, c’est l’ensemble du monde culturel qui se voit aujourd’hui projeté, contre son gré et sans s’y être assez suffisamment préparé, dans un grave état de « crise morale ». Et les dilemmes, les cas de conscience, vont être nombreux. « Oui, nous allons nous trouver très vite, immédiatement peut-être, devant un dilemme moral : que ferons-nous lorsque nous aurons un ministère de la Culture RN, un ministère de l’Éducation nationale RN, un ministère de la Santé RN ? Un ministère de l’Intérieur RN ? ».


Et de poursuivre : « Je parle du moment où nous risquons de devenir des collaborateurs (…) Oui, à quel moment doit-on cesser de faire du théâtre sous un gouvernement RN ? » (…) « Concrètement (…), que fait-on à la première loi qui passe et qui restreint arbitrairement les libertés ? À quel moment j’arrête ? Quand décide-t-on de fermer le (Théâtre, N.D.L.R.) Soleil ? Ou, au contraire, va-t-on se raconter qu’on résiste de l’intérieur ? », demande-t-elle encore.

UN COUP DE POING QUI NE VOUS VEUT QUE DU BIEN

Une idée pour démarrer, même modestement : faire circuler la tribune d'Ariane Mnouchkine dans tous les lieux de culture. L'imprimer, l'afficher sur les murs, la mettre en discussion. Dans les théâtres, petits et grands, les lieux de musique, les musées, publics ou privés, les productions de films de cinéma, les écoles d'art et d'architecture. Mais aussi dans les couloirs du ministère de la Culture, comme au sein de toutes les commissions spécialisées qui accordent des bourses et des subventions (qu'il s'agisse de soutenir des romanciers, des musiciens ou des troupes de comédiens, au CNC, au CNL, etc.).

Lire cette tribune, donc, et accepter de la recevoir comme un coup de poing qui ne vous veut que du bien. En débattre au sein de tous ces lieux, toutes ces instances. Oser admettre que quelque chose a dysfonctionné. Que l'entre-soi, trop souvent, a aveuglé les artistes, les créateurs. Oser parler du mépris social, du dédain qui a trop longtemps servi de pare-feu. Oser, enfin, se dire que le peuple français est libre, sanguin, indocile, fragile et éruptif – et parfois tout cela à la fois –, et qu'il serait grand temps que la majorité des artistes de ce pays regardent cette réalité droit dans les yeux, avec décence, avec humilité.

https://www.marianne.net/culture/les-gens-en-ont-marre-de-nous-artistes-pourquoi-vous-devez-tous-lire-la-tribune-d-ariane-mnouchkine?

Sur les manifestations « anti extrême droite » de samedi

Maxime Tandonnet

(pour Atlantico avec M. Aurélien Marq)
17/6/2024


Des mobilisations en opposition à l’extrême droite se sont déroulées dans toute la France ce samedi, à l’appel de syndicats, d’associations et du Nouveau Front Populaire, l’union des partis de gauche. Quelles étaient les revendications précises des manifestants ?

Il n’y avait pas de revendication précise, en dehors de slogans en faveur des Palestiniens et de Gaza. L’objectif était de manifester contre l’arrivée possible du RN au pouvoir. L’idée était de refaire le mouvement qui avait eu lieu en mai 2002, entre le premier et le second tour des élections présidentielles, quand Jean-Marie le Pen, leader du Front national, s’était qualifié contre Jacques Chirac. Des manifestations s’étaient déroulées dans toute la France sur le thème « F comme fasciste, N comme nazi » ! Les manifestations de samedi étaient considérablement moins suivies qu’en 2002. Néanmoins, on peut parler d’une sorte d’avertissement lancé à l’électorat et destiné à faire pression sur lui : si vous portez le RN au pouvoir, nous allons mettre le feu au pays. Ce genre de chantage est à double tranchant. Il peut certes faire peur, mais surtout, il peut aboutir au résultat inverse. 250 000 manifestants sur un corps électoral de 50 millions de personnes cela fait à peine un sur 200. Ce mouvement donne le sentiment d’une infime minorité qui prétend imposer sa règle au suffrage universel. On est là dans une logique qui n’a rien de démocratique.

Que dire du déroulement de la manifestation, particulièrement dans le contexte actuel, où les rassemblements peuvent parfois devenir le théâtre de violences ?

Quelques débordements et dégradations ont été constatés par endroit mais on ne peut pas parler d’émeutes insurrectionnelles comparables aux événements de la réforme des retraites, en tout cas pour l’instant. En effet, les manifestants savent très bien que la poussée du RN est avant tout une réaction contre le chaos, la violence et la criminalité qui frappent le pays, la révolte des banlieues de l’an dernier, la répétition des meurtres ou viols commis par des personnes en situation irrégulière en France (« sous OQTF ») ressentis comme insupportables par l’opinion car ils dénotent l’impuissance de l’Etat à faire respecter la loi. Alors, les manifestants savent que des scènes de pillages, d’incendie, d’agressions contre la police ne peuvent que renforcer le vote RN. C’est sans doute la raison pour laquelle sauf exceptions, le mouvement d’hier ne semble pas, globalement, avoir dégénéré en termes de violences et destructions.

Dans quelle mesure les déclarations de certains membres du Front Populaire valident l’utilisation de la violence à des fins politiques comme mode d’action légitime ? Y a-t-il une forme de consensus à ce sujet chez certains individus ? On a notamment aperçu une pancarte indiquant « Un flic qui meurt = un vote RN en moins »…

Le thème du racisme et du fascisme du RN est toujours au centre du discours du nouveau front populaire (NFP), à l’image de la déclaration de M. Ruffin selon lequel « Bardella, c’est Macron plus le racisme ». A ce titre, le RN serait illégitime même en cas de victoire électorale car les valeurs antiracistes, selon l’alliance de gauche, prévalent sur la loi du suffrage universel. On a eu cette pancarte appelant au meurtre de « flics » que vous mentionnez et aussi des scènes, largement médiatisées, de discours antisionistes ou anti-Israël d’une extrême virulence. Au fond, les manifestations, en tout cas les plus importantes, notamment celle de Paris, oscillaient entre protestations contre l’arrivée au pouvoir du RN et condamnation virulente d’Israël. La parole anticoloniale et anticapitaliste était au centre des slogans. Il est certain que le ton idéologique et l’extrémisme virulent qui s’est exprimé par endroit lors de ces manifestations ne peut que relativiser celui qui est généralement prêté au RN. Et tout cela fait plutôt ses affaires…

– Au vu du contexte actuel et de l’éventuelle victoire du Rassemblement national lors des élections législatives, dans quelle mesure faut-il craindre une dégradation du contexte sécuritaire en France, notamment à l’approche des Jeux Olympiques ?

D’abord, il faut savoir quelle serait l’ampleur de la victoire du RN. En effet, s’il gagne avec une majorité absolue, il sera forcément chargé de former le gouvernement, et l’humiliation du chef de l’Etat, ayant fait de la lutte contre la « peste nationaliste » le centre de son combat, atteindra son paroxysme.

En revanche, selon le scénario beaucoup plus probable d’une majorité relative, on peut imaginer un arrangement à l’Assemblée nationale entre les survivants de Renaissance et les élus du NFP pour désigner un gouvernement à tonalité « progressiste », donc marqué nettement plus à gauche que les derniers depuis 2022. Les prémices de ce rapprochement sont déjà dans l’air. De cela, un président venu du parti socialiste, peut fort bien s’accommoder sur le plan de l’hubris, malgré le risque d’instabilité chronique et de paralysie.

Dans la première hypothèse, celle d’une majorité absolue et d’un gouvernement RN, faut-il craindre une flambée de violence qui pourrait perturber les JO ? Difficile à dire… Cette victoire agira comme un coup de massue. La gauche idéologique sera comme assommée par le choc. Ce sera le temps des commentaires… Comment en sommes-nous arrivés là… Et puis les vacances… En outre, il n’est pas évident de contester dans la rue, aussitôt après une élection, le verdict des urnes. Le chaos absolu viendra plus tard, à partir de septembre et ensuite, face aux premières mesures d’un éventuel gouvernement RN.

https://maximetandonnet.wordpress.com/2024/06/17/sur-les-manifestations-anti-extreme-droite-de-samedi-pour-atlantico-avec-m-aurelien-marq/