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13 juin 2024

Gilles Casanova

Intéressant tableau sur les affinités et les croisements entre les médias consommés et les votes réalisés aux élections européennes.

On voit que ce n'est pas forcément la tonalité des commentateurs politiques du média qui a le plus grande rapport avec le vote, c'est parfois simplement une correspondance sociologique.

Ce qui nous confirme que l'influence des médias sur les citoyens et sur leur vote n'est pas un produit direct, mais souvent un rapport complexe.

Le principal rôle des médias étant d'interdire certaines positions et certaines personnalités, et donc de répartir le flux sur les éléments du Spectacle qu'ils ont choisi eux, pour incarner « le jeu politique », mais il ne leur est pas aussi facile de désigner qui est le bon et qui est le mauvais dans ce jeu...

Ainsi, l'on présente les médias contrôlés par Vincent Bolloré comme des vecteurs majeurs de l'extrême droite, or vous voyez que ce sont les auditeurs de NRJ, bien plus que ceux d'Europe1, et même ceux de RMC, bien plus que ceux d'Europe1, qui votent pour le Rassemblement national.

On voit dans le cas de L'Express qu'il est le seul hebdomadaire dominé par le vote pour les amis de Macron, mais il est aussi dominé par le vote pour les amis de Mélenchon, or sa ligne éditoriale ne correspond guère à ces derniers.

Bien sûr lorsque nous avons un média qui est vraiment tout entier un média de propagande, nous avons une correspondance très directe, c'est le cas pour France-Inter, Le Monde ou France 2… mais ça signifie plutôt que la propagande étant tellement intense sur ces médias, ceux qui n'adhèrent pas à l'idéologie développée sont allés regarder, écouter, ou lire ailleurs…

Il ne faut donc pas regarder ce tableau comme un tableau des causalités mais comme un tableau qui nous montre que dans un univers limité par la capacité qu'ont les milliardaires d'interdire l'accès aux idées et aux personnes, une fluidité et une liberté de jeu des individus se déploie cependant, indépendamment de la volonté du propriétaire du média.

C'est une étude de l'IFOP pour Marianne