Vincent Verschoore
Alors que la Macronie cherche à pousser sa liste européenne en instrumentalisant les commémorations du D-Day et l'Ukraine en invitant, demain, Zelensky à s'exprimer devant l'Assemblée nationale, le fait est que la droite dite "nationale-populiste" de Bardella + Maréchal fait 39% des derniers sondages.
La liste mafieuse de Glucksmann fait 15% (il faudrait quand même que les gens regardent de près ce qu'a fait ce type en Géorgie et en Ukraine, avant de s'allier au cœur de l'establishment bourgeois bien-pensant via Salamé), celle de Macron/Attal/Hayer juste derrière. Autrement dit, l'alliance Hayez/Glucksmann fait moins que Bardella/Maréchal.
C'est dire que, même si une majorité de Français se fiche bien de l'Europe et considère que le vote européen n'est d'aucune utilité (abstention probable de l'ordre de 55% ce dimanche), l'Europe s'occupe d'eux (en leur imposant le plus souvent des règles débiles et en les soumettant à leurs dépens aux intérêts US), mais n'est pas intouchable au sens où une percée à l'échelle européenne de la droite "nationale-populiste" aurait un effet sensible sur la politique UE.
De fait, le journal The Economist faisait sa Une cette semaine avec une image des trois femmes qui allaient sans doute façonner l'UE dans les années à venir : Ursula von der Leyen, Marine le Pen et Giorgia Meloni. VDL est sur un siège éjectable, sa servilité vis-à-vis des US et sa corruption flagrante devenant lourdes à porter, mais les deux autres ont adopté une stratégie de noyautage institutionnel (fini les Frexit, Italexit et autres sorties de l'Euro) hautement efficace.
Elles mènent un ensemble plus ou moins hétéroclite de souverainistes allant du Fidez de Orban au Vox espagnol, en passant par l'AFD allemande, le PIS polonais, les Patriotes suédois et le Vlaams Block flamand, qui pourrait casser l'hégémonie centriste et docile du Parlement actuel.
Le vote, donc, a un impact potentiel. Que l'on soit plutôt pour ou contre la poussée souverainiste, on peut l'accompagner ou la contrer, mais c'est bien la première fois qu'il est possible que s'opère une forme de changement potentiellement radical au sein des institutions européennes.