Alexis Haupt
18/7/2024 - Beaucoup de gens dans la résistance pensent que la population est aussi apathique, soumise, paresseuse intellectuellement, idéologisée, aveugle, aliénée ou hébétée parce qu'une guerre très sophistiquée lui est menée. Une ingénierie sociale basée sur des techniques de manipulation de masse, des expériences de psychologie, des fines connaissances sur le comportement et les instincts humains, une utilisation précise et malveillante des nouvelles technologies, etc.
C'est en partie vrai, mais seulement en partie.
En effet, ce serait une grave erreur que de croire que la cause profonde de tous les maux dont nous venons de parler soit la guerre de 5ème génération, l'ingénierie sociale, la perversité de l'élite ploutocratique qui pilote l'Occident et qui fait appel à des experts en manipulation de masse. En effet, le problème est beaucoup plus profond que cela et a déjà été soulevé par Platon il y a plus de 2000 ans : les gens ne veulent pas savoir, la vérité leur brûle les yeux ; ils préfèrent ainsi l'obscurité rassurante de la Caverne. Le problème, La Boétie aussi le pointait du doigt il y a quelques siècles : c'est le peuple lui-même qui recherche la tyrannie, il sert volontairement et s'habitue à celle-ci jusqu'à la considérer comme normale. Le problème, c'est aussi celui soulevé par le psychologue Stanley Milgram il n'y a pas si longtemps : il ne faut pas voir la personne qui subit les ordres d'une autorité abusive et malveillante comme une simple victime, elle est surtout une sorte de complice.
Bref, il y plusieurs siècle déjà, il n'y avait pas de "guerre de 5ème génération" mais les peuples portaient déjà en eux cet amour pour la servitude volontaire dont nous parlait La Boétie.
Pour le dire autrement, la cause profonde des maux évoqués au début de ce texte n'est pas extérieure à l'homme mais se trouve au contraire au plus profond de lui-même. Cette cause, c'est l’immaturité psychique et intellectuelle de l'Homme : il ne veut pas savoir mais croire, il veut que l'autorité lui fabrique un récit et des dogmes auxquels il se soumettra sans poser de questions, il veut des maîtres à qui il délègue le pouvoir et qui choisiront tout pour lui.
Bref, la cause la plus profonde de tous les maux que nous traversons et que nous allons traverser encore est l'immaturité du "moi-pensant" des humains, et par extension de leur conscience. Je médite sur cette question depuis plus d'une quinzaine d'années, seul dans mon coin, et je suis arrivé à la conclusion suivante : jouissant d'un moi-pensant immature, les gens se moquent totalement de la vérité d'une part, et obéissent à leur animalité sans le savoir d'autre part. Le second point est d'une importance capitale. C'est en effet parce qu'ils obéissent à leur animalité sans le savoir, sans la connaître et sans vouloir la connaître, que les humains sont aussi manipulables que des chimpanzés observés et étudiés par des éthologues dans un enclos.
La conclusion ? À défaut de faire mûrir ce moi-pensant, à défaut d'un éveil des consciences, nous resterons ces "chimpanzés" qui se moquent de la vérité, qui ne se connaissent pas eux-mêmes, qui sont pilotés par ceux qui ont justement médité sur notre animalité et nous nous disputerons ad vitam æternam, dans notre enclos à ciel ouvert, pour des "histoires de bananes."
À nouveau, la mission première de l'Homme est de faire grandir son moi-pensant, c'est-à-dire d'atteindre un certain degré de conscience. Tout le reste n'est que détail.