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22 juillet 2024

JOE'S BLUES

Gabriel Nerciat

Pourtant, il était parfait, le vieux Joe : élu en 2020 grâce à la plus fabuleuse entreprise de fraude postale de l'histoire de l'Amérique (qui en a compté plus d'une), vieillard totalement sénile, persuadé en son for intérieur que Macron était en réalité Mitterrand, Poutine Leonid Brejnev et Xi Jinping l'impératrice Turandot, père d'un escroc cocaïnomane et dépravé dont se servait libéralement le boucher de Kiev pour renflouer les trafics d'armes de son clan d'affidés et d'oligarques, corrompu jusqu'à l'os depuis son premier banquet, au début des années 1970, en compagnie des représentants officieux du KKK avant d'aller draguer quelques années plus tard les militants des Black Panthers (le plus drôle, c'est que c'est Kamala Harris elle-même qui l'avait révélé lors du débat des primaires démocrates il y a quatre ans), il démontrait surtout, en vieux forban irlandais impavide, que l'État profond washingtonien peut s'abriter aussi bien derrière une statue de cire du musée de Madame Tussaud que derrière un acteur de série B comme Ronald Reagan ou, pourquoi pas, un pornographe qui joue de la trompette comme Bill Clinton.
À la place des éditorialistes du New-York Times ou de CNN, j'aurais gardé le vieux cheval : on sait que ce sont les vieilles carnes à moitié aveugles ou aphasiques qui administrent sans qu'on s'y attende les plus sournois coups de sabot.
Mais bon : une juriste-technocrate à la peau mate d'origine jamaïcaine et de sexe féminin, ça peut le faire aussi.
Si vraiment elle ne passe pas la rampe, on pourra toujours élaborer une image de synthèse de Tina Turner et d'Angela Davis qui mettra en musique les sermons de Martin Luther King et proclamera au nom de l'affranchissement conjoint du grand capital et des minorités raciales ou sexuelles la fin de tous les empires mondiaux autres que l'américain.
A priori, vu le niveau d'exigence civique des électeurs moyens du parti d'Andrew Jackson, ça devrait pouvoir malgré tout faire l'affaire.