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3 juillet 2024

UN NAVET PROPHÉTIQUE

Gabriel Nerciat

L'avantage avec la dissolution de Macron, c'est que sa soudaineté ainsi que la brièveté de la campagne législative ont rendu impossibles la réalisation et la sortie en salles avant le 7 juillet d'un nouveau film de Diastème.
Car en général, depuis dix ans, à chaque fois que le RN se retrouve en position d'être qualifié au second tour d'une consultation électorale majeure, ce vaillant et laborieux cinéaste subventionné par le régime social-libéral se voit mandaté par nos maîtres de l'heure pour écrire et mettre en scène un long métrage qu'on imagine destiné à galvaniser les castors.
Le dernier en date, il y a deux ans, bien que d'une particulière médiocrité, n'avait pas hésité à recourir à une métaphore assez grossière mais on ne peut plus évocatrice : la présidente de la République en fin de mandat qui était l'héroïne du film, version féminine de Macron, menacée d'être remplacée par le chef - forcément démagogue et vulgaire - d'un parti national-populiste en tous points semblable au RN, était atteinte d'une maladie incurable du sang qui la contraignait à être transfusée dans le plus grand secret au sein d'une chambre forte de l'Elysée.
Le symbole était donc gros mais clair : l'oligarchie social-libérale et européiste qui tient les rênes du régime depuis les années 1970-80 est entrée en agonie, par manque de vigueur ou de légitimité démocratique, et ne sait plus trop quoi faire pour le dissimuler et retarder sa chute.
Au terme du film, au moyen d'un rebondissement à la fois stupidement sentimental et éminemment crétin (je ne le dévoile pas si d'aucuns veulent découvrir ce morceau d'anthologie), la présidente anémique se résolvait à commanditer l'assassinat de son ennemi populiste afin de l'empêcher de lui succéder à l'Elysée.
J'ai repensé à ce navet ce matin en voyant les manoeuvres dignes de la IVe République par lesquelles Xavier Bertrand, Marine Tondelier et d'autres apparatchiks ultra-minoritaires de l'ex-UMPS élargie aux écologistes essaient de s'imposer à Macron comme recours à une majorité relative du RN.
Assassiner Jordan Bardella ou Marine Le Pen viendra peut-être un jour.
Mais en attendant, c'est la souveraineté du peuple et la Constitution de la Ve République qu'on juge plus commode d'abattre comme ultime expédient d'un régime aux abois.
Nous verrons à la fin de la semaine, ou au début de la semaine prochaine, si l'attentat aura ou non réussi.