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17 août 2024

Romain Vignest

La crise de nerf démocratique à laquelle continuent de donner lieu l’éventualité d’un nouveau gouvernement et plus largement l’avenir de la présente législature ressortit de plus en plus à un tel déni de réalité européenne qu’on ne peut s’empêcher de penser qu’elle est entretenue aussi pour donner aux Français, du moins à quelques uns d’entre eux, l’illusion d’un enjeu, l’illusion rassurante qu’existerait encore, et autrement que théâtralement, cette vie politique pour laquelle ils avaient l’habitude de se passionner.
Il ne manque le plus souvent à ces multiples et subtiles analyses et spéculations franco-françaises que l’essentiel, à savoir que les finances du pays sont officiellement placées sous tutelle de l’UE et que le «gouvernement» quel qu’il soit n’aura que la liberté d’obéir à ses oukases, voire à ceux du FMI. Et loin de ne pas assumer les conséquences d’une dissolution que d’aucuns ont la simplicité de tenir pour impulsive, le président les a selon toute vraisemblance excellemment pensées : il a fait plus que dissoudre l’Assemblée, il l’a neutralisée, mise à même de n’être que la chambre d’enregistrement qui convient à un gouvernement technique - et où LFI et le RN joueront en toute tranquillité les opposants d’opérette et l’alibi démocratique du régime, n’ayant jamais à assumer ne pas vouloir recouvrer la possibilité d’une politique : notre souveraineté.
Est-ce à dire que nous serions condamnés à subir ? Et quand bien même, vaudrait-il mieux se nourrir d’illusions et repeindre les murs de la prison faute d’en sortir ? Ne pas subir, c’est déjà, et d’abord, refuser mentalement le jeu dans lequel on veut nous enfermer. Mais outre qu’on ne se bat pas dans l’espoir du succès, rappelons qu’en 1790 personne ne savait la République imminente, qu’en 1420 le Dauphin était bien seul et bien seul le Général en 1940. Or nous n’en sommes pas là : on peut estimer à plus d’un tiers les Français prêts à sortir de l’UE, lors même que ce parti n’a pas voix au chapitre dans les médias. N’y a-t-il pas là de quoi donner du cœur au combat ?