Une brève d'un dimanche pluvieux...
Le baron de la Barre-Niaise, après les salons de la Première Lucarne Magique, choisit la Gazette du Jour du Saigneur, propriété du baron de la Bolhorrhée, pour s'y exprimer abondamment. On avait fait faire un carottage express de cervelle auprès d'un échantillon de Riens (les Riennes ne comptaient plus comme citoyennes puisqu'on ne les citait plus). Il en ressortait que plus de la moitié d'entre eux se déclaraient satisfaits de l'action du nouveau Premier Grand Chambellan. Il n'avait cependant point encore commencé d'œuvrer.
La ChatelHaine de Montretout et son factotum le jeune baron de Bartoidella firent savoir que le Premier Grand Chambellan était à leur merci. On l'observait et on attendait de lui qu'il s'emparât sans coup férir des "sujets" chers à leur Faction.
Monsieur de la Barre-Niaise, qui ne cessait de se réclamer du peuple "d'en bas" n'avait en vérité jamais fait partie des laborieux. Il était né dans une famille qui possédait quelques biens. Il avait étudié à la haute eschole du Négoce puis il avait rejoint la caste des politiciens de métier. Il était doncques tout désigné pour venir donner des leçons aux gueux et aux gueuses, tout particulièrement à la jeunesse qui avait la veille battu le pavé, bravant ici la pluie, là la chaleur, afin de se faire entendre du Roy, lequel n'en avait désormais cure. C'était monseigneur le cardinal du Kholair qui traitait avec le nouveau Premier Chambellan. On lui nomma comme chef de cabinet monsieur du Fournil, sur qui les Gazettes de la Cour répandirent moult louanges. Aucun, aucune parmi ces larbins ne s'avisa que ce grand laquais, ce conseiller de l'ombre, avait œuvré de concert avec le duc du Dard-Malin afin d'éviter aux Princes du Quatre-Quart - lesquels possédaient chez nous le Club de balle au pied de Lutèce Saint Germain - de s'acquitter d'un impôt dans l'affaire de monsieur Naimarre, un des jouteurs de ce club, qu'on s'en était allé acquérir à prix d'or chez nos voisins catalans.