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11/10/2024 - Le 27 septembre dernier, un véritable déluge s’abattait sur plusieurs comtés de Caroline du Nord et du Tennessee aux États-Unis : Helene, ouragan alors passé en tempête tropicale, déversait des trombes d’eau sur les Appalaches entraînant la formation de fleuves de boue massifs qui ont tout emporté. Et comme nous sommes aux États-Unis, le chaos se transforme rapidement en spectaculaire.
Il faut admettre que l’ouragan Helene n’y est pas allé avec le dos de la cuillère et la comparaison avec Katrina, l’ouragan qui avait dévasté la Nouvelle-Orlean en 2005, permet de bien se rendre compte de l’ampleur de la catastrophe ; en effet, cette dernière tempête, qui était passée en catégorie 3 une fois parvenue sur les côtes de Louisiane, avait enregistré des vents à 200 km/h et disposait d’un diamètre conséquent de 345 km.
Helene quant à lui est arrivé encore en catégorie 4 sur les côte de Floride avec des vents de 225 km/h et un diamètre de 670 km, ce qui lui a permis d’atteindre l’intérieur des terres et déverser des torrents de pluie sur les Appalaches. Même à plus de 2h de route des côtes, la tempête était encore en catégorie 2 avec des vents à 150 km/h ce qui y est rare. Les habitants, peu habitués à cette violence et ces pluies diluviennes, ont été surpris par son ampleur.
Les zones dévastées sont importantes et l’intensité pluvieuse a battu des records.
Sans grande surprise, les médias ont fait assaut de répétitions oiseuses pour faire comprendre que ce phénomène pouvait être directement lié à l’activité humaine, au méchant carbone rejeté par les 4×4 polluants de vilains Américains et aux bornés qui ne comprennent pas pourquoi il faut encourager la déforestation massive pour planter des panneaux solaires. Pas de doute, il y aurait augmentation de ces phénomènes et apparemment, les événements météos sont aussi des événements climatiques quand ils vont dans le sens de la doxa officielle.
Hélas, les statistiques sérieuses, cependant, montrent une absence têtue de tendance haussière et, si on se contente vraiment d’observer les données, indiquent plutôt une décrue de ces événements exceptionnels :
Et pendant que la presse de grand chemin fait ses choux gras de l’influence des pets de vache sur la force des ouragans, les témoignages de victimes ou de personnes sur place s’accumulent : l’ampleur de la catastrophe est très supérieure à ce que les médias semblent vouloir en dire. Les premiers décomptes macabres (qui s’établissent officiellement autour de 250 morts au moment où ces lignes sont écrites) paraissent bien faibles face aux rapports de ces témoins qui évoquent des morgues débordées.
Ce nombre de victime, malheureusement appelé à évoluer à la hausse, n’a pas défrisé la presse qui n’a pas du tout offert la même couverture à cet ouragan que, jadis, pour Katrina. Ainsi, la différence de traitement saute aux yeux pour peu qu’on se donne la peine de comparer un même organe, comme ci-dessous avec le New-York Times (cliquez pour agrandir) :
Se pourrait-il que les médias, très majoritairement démocrates, soient quelque peu biaisés dans le traitement de cette catastrophe qui intervient sous une administration démocrate et alors que Kamala Harris patauge de plus en plus fort dans une campagne désastreuse, au contraire de Katrina qui embarrassait alors l’administration Bush, républicaine ?
Hypothèse pas si ambitieuse lorsqu’on regarde de ce côté-ci de l’Atlantique et qu’on se rend compte que la presse francophone est particulièrement évasive sur la façon dont cette administration gère la catastrophe.
Tant ici qu’aux États-Unis, la presse semble extrêmement mesurée à rapporter les difficultés des habitants de Caroline du Nord et du Tennessee à retrouver un lien avec la civilisation, à être secourus autrement que par leurs propres efforts notamment.
Il apparaît en effet que si les autorités locales font souvent preuve d’autonomie et le maximum pour aider leurs concitoyens, il en va franchement différemment des organismes fédéraux et de l’administration Biden en général qui montrent une capacité assez stupéfiante à surtout mettre des bâtons dans les roues de ceux qui se sauvent sans leur “aide”.
Les témoignages abondent de l’inanité de la FEMA qui, dans le meilleur des cas, paraît complètement empotée, et dans le pire, semble faire assaut d’inventivité pour gêner les sauveteurs locaux, prétextant notamment n’avoir plus un rond de côté et être entièrement mobilisée à la frontière mexicaine, à tel point que la Représentante Nancy Mace a récemment introduit une proposition de loi pour que l’ensemble des fonds disponibles de cette agence ne soient plus utilisés pour les immigrants mais pour aider les rescapés d’Helene.
Il serait presque comique (si la situation n’était pas si désastreuse et des vies en jeux) d’observer d’ailleurs les chicanes entre les médias officiels, qui essayent de prouver que non, les fonds de la FEMA n’ont pas été dilapidés pour loger les immigrants illégaux, alors même que Karine Jean-Pierre, la porte-parole de la Maison Blanche, affirmait sensiblement le contraire en septembre 2022 avec un aplomb que les événements récents rendent grotesque.
Ces chicanes prennent d’ailleurs une tournure consternante lorsqu’Elon Musk a pris le parti d’aider les victimes, notamment en leur fournissant des boîtiers Starlink permettant une connectivité à internet par satellite, et en essayant d’obtenir que la FEMA cesse de multiplier les paperasseries bureaucratiques afin de clouer les vols d’hélicoptères entrepris par les pilotes locaux, volontaires pour aider leurs concitoyens coincés dans les Appalaches.
L’échange assez agacé qu’il a publié sur son réseau social X.com aura poussé Buttigieg, un incompétent notoire Secrétaire des transports, à s’agiter un peu afin d’assouplir la bureaucratie paralysante que l’agence semblait décidée à imposer, sans que ce dernier n’ait pu s’empêcher de nier les témoignages de personnes sur place.
Bien évidemment, ni la presse américaine, ni le reste de la presse occidentale ne font beaucoup de cas de ces dysfonctionnements pourtant graves dans l’administration Biden-Harris. Du reste, le fait que le président Biden ait pris plus de 6 jours pour déployer 1000 soldats de la Garde nationale (le 2 octobre) et ait attendu encore quatre jours supplémentaires pour y adjoindre 500 nouveaux soldats montre une assez stupéfiante mollesse.
Le temps de réaction de Kamala Harris – dont on rappelle qu’elle est en campagne électorale et devrait donc être au taquet sur ces aspects – a laissé perplexe jusqu’aux rédactions européennes, pourtant peu suspectes de rouler pour le candidat adverse.
Le fait est qu’au moment où le président américain envoyait quelques troupes aider les victimes d’Helene, Harris trouvait électoralement malin de médiatiser les 157 millions de dollars envoyés au Liban (qui n’est pas un village en Caroline du Nord)…
De façon particulièrement saillante, les critiques acides, les témoignages directs qui viennent frontalement contredire l’administration, qui exposent les jeux troubles auxquels jouent politiciens et agents fédéraux dans certains lieux de pouvoirs, et les vagues assez vocales de réprimandes du public américain ne sont pas du tout du goût ni des politiciens ni des médias de l’establishment.
C’est d’ailleurs si irritant pour ces derniers qu’ils envisagent ouvertement, une fois réélus dans un prochain mandat Harris-Walz, une remise à plat du Premier amendement américain (autorisant la plus grande des libertés d’expression). Hillary Clinton a ainsi publiquement expliqué que laisser les réseaux sociaux sans modération revenait à perdre le contrôle et qu’une révision de la liberté d’expression devenait de plus en plus indispensable dans le pays…
Au-delà du bilan humain qui va probablement s’alourdir et qui rappelle que la nature a encore le dernier mot, le fait est que ces événements ont pris très rapidement une dimension politique à un mois des élections américaines les plus tendues de l’histoire des États-Unis.
Le pays est véritablement scindé en deux parties distinctes, qu’il devient de plus en plus difficile de réconcilier avec d’un côté les médias, les politiciens installés (Démocrates et ceux qui se prétendent encore Républicains mais adulent les politiques démocrates) et une partie de plus en plus minoritaire de la population, et de l’autre le peuple dont une part croissante se rend compte qu’elle est baratinée sans arrêt par les premiers pour accepter le système actuel sans broncher.
Dans ce contexte, les catastrophes naturelles jouent (et joueront) ici un rôle de catalyseur de ces différences, et on comprend qu’il y a fort peu de chances que le scrutin du 5 novembre prochain se déroule dans des conditions idoines de pondération et de sérénité.
En somme, attendez-vous à tout. Rien ne devrait se dérouler comme prévu.